Fidèle lecteur du Journal « Tintin », le petit Gilles Chaillet dévorait les aventures du « Chevalier Blanc » et de « Blake et Mortimer ». C’est à cette époque que deux grandes passions s’imposent à lui, la bande dessinée et l’Histoire. On ne sera donc pas surpris de le retrouver, quelques années plus tard, aux côtés de Jacques Martin, qui lui confie la reprise de « Guy Lefranc ». Mais, aussi à l’aise soit-il dans le réalisme contemporain, Gilles Chaillet caresse une autre ambition, celle de faire découvrir aux lecteurs la fin du Moyen Âge, époque aussi peu traitée que fascinante. En 1980, il concrétise cette envie dans les premières planches de « Vasco ». Et pendant plus de 30 ans, jusqu’à l’aube de son départ en 2011, il se consacre à cette fresque magistrale qui ressuscite pour notre plus grand plaisir des pages méconnues de notre passé. Chez Gilles Chaillet, la rigueur de l’histoire n’entrave en rien la verve et le rythme de la narration, l’intrigue est vive et rend le récit formidablement vivant. Parallèlement à cela, il se consacrait à un projet de fond : redessiner la carte de la Rome des Césars au plus près de la réalité historique, alors même qu’on ne possède que peu de traces de ladite réalité. Un travail de titan, qu’il a commencé à l’âge de 8 ans, ne cessant depuis d’élargir et d’affiner le modèle, jusqu’à devenir « Dans la Rome des Césars », un document iconographique qui fait aujourd’hui autorité jusque dans les cours d’Histoire. Succès mérité pour un homme dont l’oeuvre reflète parfaitement cette ambition première du journal Tintin qui était « d’instruire en amusant ».
Photo © E. Charneux