Mon vrai nom est Song Wei, mais j’ai choisi de m’appeler Mai Zi, qui signifie « blé » en chinois. Je me déplace souvent en train pour aller de ville en ville. En traversant de grands champs de blé dont les épis blonds ondulaient sous les rayons du soleil couchant, j’ai eu envie de prendre le nom qui évoquait pour moi ces océans dorés.
Mon attrait pour le dessin s’est révélé le jour où des collègues de mon père peignaient des planches de bois. L’ensemble formait une composition colorée, riche de variations, que j’ai trouvée très jolie. Depuis lors, j’ai souvent dessiné pour occuper mon temps libre de jeune enfant. À l’instigation de ma famille, après avoir gagné quelques petits prix, je suis entré dans un conservatoire de musique pour devenir instrumentiste. Malheureusement, je me suis fracturé la main la veille de l’examen et, après des années d’efforts et d’études, j’ai dû abandonner le projet de devenir musicien professionnel. C’est peut-être ce que je désirais inconsciemment, car j’ai repris le dessin.
Au lycée, j’ai commencé à dessiner des manhuas, art qui combine la peinture, le design, la littérature et le cinéma. Ce moyen d’expression, en dépit d’une certaine difficulté qui le rendait encore plus attrayant, me permettait d’être heureux et libre.
À la fac, j’ai fait beaucoup de petits jobs et de stages. Le manhua me permettait de m’évader et d’exprimer mes émotions. Je gardais toujours dans ma poche un petit cahier que je sortais dès que j’avais une idée ou une envie de dessiner.
Après mes études universitaires, j’ai travaillé pour des sociétés nationales et internationales de jeux vidéo. J’y ai occupé des fonctions plutôt valorisantes et j’ai participé à plusieurs projets de création de qualité. Dans la journée, il s’agissait d’un travail d’équipe où chacun oeuvrait pour le projet collectif. Le soir, en revanche, j’écrivais mes propres histoires, ce qui nécessitait des connaissances diverses dans de nombreux domaines et représentait pour moi un véritable défi. J’avançais ainsi en menant mes deux activités en parallèle.
La difficulté de concilier mes obligations professionnelles et mes projets personnels était comme un seau d’eau posé sur ma tête. Mais si, par malheur, je l’avais renversé, il n’aurait pas pour autant éteint ma passion pour les manhuas. Je continuais donc à dessiner. Et voilà comment je suis arrivé là où je suis.
Le chemin de la vie est parsemé d’innombrables petits points. Chacun d’entre eux correspond à une personne qui, telle un miroir, nous permet de nous éclairer mutuellement et de partager nos expériences.
Dans une longue vie, avançons en chantant.