Sur fond de fiction, un témoignage des événements qui ont secoué l’Asie du Sud-est au début des années 1990. En 1993 se sont déroulées les premières élections démocratiques au Cambodge, sous l’égide de l’ONU. Basé à New York, Jacques est envoyé à Ratanakiri, province du nord-est cambodgien. Proche du Vietnam, cette région est tristement célèbre pour être le berceau des Khmers rouges, coupables de l’assassinat de millions de leurs compatriotes. Les nostalgiques de ces génocides tiennent les Vietnamiens pour responsables du renversement de leur régime et ils leur vouent une haine tenace. Cette animosité est partiellement partagée par beaucoup de Cambodgiens, qui reprochent à leur voisin d’avoir annexé une partie de leur territoire dans les siècles passés.C’est dans ce contexte explosif que Jacques doit cacher sa véritable identité : il est Français par son père et Vietnamien par sa mère. Sa mission consiste à organiser ces élections avec toutes les tensions que cela représente, notamment lorsqu’il doit, chaque mois, assurer la réception d’une valise contenant 200 000 $, destinés au paiement des employés ! Un simple fonctionnaire de l’administration touchant l’équivalent de 20 à 30 $ par mois…Un jour, Jacques tombe sur un bout de journal vietnamien et reconnaît, sur une photo, une femme médecin légiste vietnamienne d’une certaine renommée. C’est Nga, un amour d’adolescence du lycée de Danang qu’il a perdu de vue depuis 25 ans. Profitant d’une excursion organisée par l’ONU, il lui rend une visite impromptue. Dans l’ombre, Sey, un ex-Khmer rouge ami de Tien, le collaborateur local de Jacques, prend des photos de ce dernier en compagnie de son ancienne amie, et les communique, après trucage, au mari de Nga. À la suite d’un voyage vers la frontière, celui-ci est gravement blessé. Nga retrouve son mari laissé pour mort avec la photo d’elle et de Jacques dans sa poche… Alors qu’elle parvient à le ranimer, le couple est retenu prisonnier par une bande d’ex-Khmers rouges. Ces derniers obligent Nga à faire appel à Jacques pour obtenir des médicaments.Le piège se referme sur Jacques. Il est sommé de revenir le lendemain, jour de paie, avec la fameuse valise, afin d’obtenir la libération du couple et l’abandon du chantage qui pèse sur sa femme restée aux USA. Jacques reçoit l’aide de la femme de Tien. Celle-ci lui révèle un secret de famille : elle est moitié vietnamienne par sa mère, laquelle avait su cacher toute sa vie sa véritable identité, sans pour autant échapper au massacre par les Khmers rouges, 15 ans auparavant. À deux, ils réussissent à libérer Nga et son mari, à sauver in extremis leur peau, mais pas la valise…Les élections se déroulent, la comédie démocratique est jouée, et Jacques est transféré dans une autre province du Cambodge pour terminer son mandat.Cet ouvrage pose une question géopolitique dans l’Asie du Sud-est : comment deux peuples, de part et d’autres frontières politiques, culturelles et économiques pourront vivre ensemble, en paix ?