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200 * 270
30/03/2012
17+
Je suis un enfant de la Deuxième Génération de la Shoah.
Il m’a fallu trente ans et quelques pour le comprendre et essayer d’y voir clair.
Une enfance alourdie par le non-dit de parents traumatisés qui ne parlaient pas, ou se parlaient en yiddish quand ils voulaient que les enfants ne comprennent pas.
Une maison où rodaient les fantômes de mes grands-parents et de mes tantes, que mon père portait avec lui partout, tout en essayant de faire bonne figure dans une société qui voulait tourner la page et construire l’avenir.
Et puis, un beau jour, en plein deuil de mon petit frère qui venait de mettre fin à ses jours, mon père a commencé à raconter. C’est sorti comme un barrage qui lâche en une fois et provoque une inondation incroyable.
Moi, je n’ai pas pu écouter. C’était trop tard. Il m’a fallu des années pour être capable de le faire, puis pour accepter de lire son livre.
Dans ce double traumatisme, le sien et le mien, entre les cauchemars et l’angoisse, il y a aussi des moments drôles, des actes de délivrance presque thérapeutiques.
Deuxième Génération n’est pas un règlement de comptes avec mon père ni avec l’Histoire.
C’est une tentative d’expliquer la Deuxième Génération par le biais d’anecdotes et de souvenirs précis. C’est essayer d’expliquer la vie devenue survie.