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227 * 318
19/03/2010
17+
Un siècle après la mort de Nietzsche, notre époque n’a toujours pas examiné en quoi sa philosophie était porteuse d’immenses révolutions. Entre lui et nous, en effet, s’intercalent plusieurs types de parasitages : une soeur qui dénatura son héritage, deux guerres et des idéologies qui brandirent son nom pour servir des causes qu’il aurait, à coup sûr, récusées, et, plus gravement, une impressionnante série de lectures de mauvaise foi et d’interprètes mal intentionnés. Tout ceci contribue à produire de Nietzsche une image fausse, floue, dangereuse, qu’il était urgent, à tous égards, de rectifier. La biographie philosophique ne se substitue pas à la lecture de l’oeuvre du philosophe, mais elle offre une voie d’accès inédite au contenu doctrinal d’une pensée. Elle montre qu’une pensée ne tombe pas du ciel des idées, comme une étoile morte et froide, mais qu’elle monte de la terre, à la manière d’une lave incandescente, et, plus particulièrement, qu’elle surgit d’un corps, au coeur d’une chair incarnée dans une vie, une époque, un milieu. Cette incandescence suppose une histoire, un contexte, un monde, avec des parents, une famille, des rencontres, des souffrances et des joies, des désirs et des plaisirs, des affects, des passions, des tristesses, des aspirations, enfin tout ce qui habituellement définit le vivant dans la vie.Le mise en image de la vie philosophique d’un penseur pourrait être propédeutique à deux choses : la lecture de l’oeuvre, dans un premier temps, à savoir la méditation, la rumination, la réflexion du texte même; puis, dans un second temps, le passage à l’acte pour soi-même qui consiste à envisager une construction de soi dans une perspective philosophique. Friedrich Nietzsche propose de nouvelles possibilités d’existence. Dont acte. Mais qu’on n’aille pas faire de son costume notre habit – car on se couvrirait tout de suite de ridicule. Qu’on prenne bien plutôt des leçons sur l’art théorique de se tailler un vêtement afin de se coudre pratiquement un habit philosophique sur mesure, pour soi, seul. Nous proposons ici un portrait, une esquisse pour un portrait. Quelques traits de crayon pour signifier une énergie. Un Nietzsche poète, un penseur qui tient la juste et bonne distance entre les idées et les métaphores, les concepts et les images, un fleuve, un volcan, un orage qui pense et écrit. Un Nietzsche voyageur, solitaire, libre-penseur, fuyant le grégaire et les morales d’institutions, les dogmes religieux et leurs faux paradis… Un Nietzsche ‘ dynamite’, comme il se décrivait lui même. Ce récit, en deux tomes de 62 pages couleurs, est écrit par le philosophe Michel Onfray ( auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, notamment du ‘ Traité d’athéologie’ ) et mis en dessin par Maximilien Le Roy ( Cmax, aux éditions XXI, Futuropolis, Paquet, La boîte à bulles ). Michel Onfray est auteur de plusieurs livres sur Nietzsche ( L’innocence du devenir, La sagesse tragique … ) et, pour restituer au mieux des lieux évoqués dans l’album, Maximilien Le Roy s’est rendu en Europe, sur les traces du philosophe ( Allemagne, Italie, Suisse ).Les auteurs ont également pour projet de proposer une collection de vies philosophiques en bd, toutes illustrant cette sentence nietzschéenne : ‘ Se créer liberté’. Le second opus serait sur Henry David Thoreau, écrivain anarcho-libertaire du XIXe