Vachement copines

Vicky la mordante et Jenny la bébête s’en donnent à coeur joie dans cet album de gags pétillants où une vacherie n’attend pas l’autre. Karine s’en prend plein la gueule… ou alors, est-ce vraiment le cas ? Parfois, celles qui se payent la tête des autres sont celles dont on peut le plus se moquer. Cet album à l’humour 100% vache vous fera meuhhhhhhrir de rire !


Le Génie Saligaud

Entre les montagnes, dans une vallée perdue que la civilisation n’a pas encore pu trop atteindre, tous les quinze ans, une grande migration d’oiseaux gigantesques ravage tout sur son passage, et surtout le petit village en bordure de la vallée. C’est dans ce village qu’Aubépine se voit contrainte de suivre ses parents, afin que sa mère, une éminente scientifique, puisse endiguer la nouvelle migration.

Seulement voilà, Aubépine est une citadine, et le changement brutal d’environnement ne lui plaît guère. Elle se retrouve malgré elle à vagabonder dans la montagne, où elle fera notamment la rencontre d’une mystérieuse bergère, d’un petit chiot qui devra lui servir de compagnon autant que de gardien, et surtout d’un génie ancestral perdu au fond de la forêt: le Génie Saligaud.


Jolis Pieds de Florence (Les)

Les copains, le boulot, les amours. Surtout les amours.

Côté boulot, Jérémie (une sorte de Duduche 2003) oeuvre chez Concept Video Games. Jean-Jacques rame dans la BD et Sandrine vend des viennoiseries au métro Robespierre. Et puis il y a Florence, qui tient l’accueil de Concept Video Games.

Côté amour, par un dimanche de pluie, Florence aborde Jérémie. Ça le trouble affreusement, car Florence a un truc qui le rend fou : ses pieds. Et aussi ses fesses quand elle se penche pour ranger des dossiers, mais surtout ses pieds.

Pourtant, rien n’est simple. Florence veut et Jérémie voudrait, mais Jérémie se noie dans ses maladresses pathétiques, jusqu’au moment où, enfin, il atterrit mort de trouille dans le lit de Florence. Et pourquoi voulait-elle tant sortir avec lui ? Parce qu’il est gentil et rigolo, et donc, capable de comprendre si elle lui dit qu’elle est frigide. Gros moment d’émotion : Jérémie ne sait pas ce que ça veut dire. Alors elle lui explique.

Désormais lancé dans la quête laborieuse de l’orgasme — Florence aimerait mieux qu’il la lâche, avec ses orgasmes —, Jérémie s’en va consulter le Pr Ollambébé, grand marabout de Barbès. Lequel gentil marabout lui livre une recette formidable, mais incomplète pour cause de descente de police assez brutale. (Ce qui nous vaudra une merveilleuse fin d’épisode.)

Il y a les amours des autres, aussi. Trop rapides pour Jean-Jacques ( » On a à peine parlé deux mots et paf « ) et jetables pour Sandrine ( » C’est ma faute, t’es génial, on reste amis « ), mais toujours touchantes.

Si on ajoute les galères de boulot, le hip-hop et les castagnes, on a le portrait d’une génération qui, comme les précédentes — mais avec son propre langage, hilarant de vérité — patauge dans la méthode  » erreurs et tâtonnements « . Le tout porté par un dessin craquant et un humour aussi percutant que sensible.

Si bien que Riad Sattouf (copain d’atelier de Sfar et Blain, lauréat du Prix Découverte au festival de Chambéry) confirme son talent avec une série qui s’annonce particulièrement novatrice et attachante.


Les esclaves oubliés de Tromelin

L’île des Sables, un îlot perdu au milieu de l’océan Indien dont la terre la plus proche est à 500 kilomètres de là… À la fin du XVIIIe siècle, un navire y fait naufrage avec à son bord une « cargaison » d’esclaves malgaches. Les survivants construisent alors une embarcation de fortune. Seul l’équipage blanc peut y trouver place, abandonnant derrière lui une soixantaine d’esclaves.

Les rescapés vont survivre sur ce bout de caillou traversé par les tempêtes. Ce n’est que le 29 novembre 1776, quinze ans après le naufrage, que le chevalier de Tromelin récupérera les huit esclaves survivants : sept femmes et un enfant de huit mois.

Une fois connu en métropole, ce « fait divers » sera dénoncé par Condorcet et les abolitionnistes, à l’orée de la Révolution française.

Max Guérout, ancien officier de marine, créateur du Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN), a monté plusieurs expéditions sous le patronage de l’UNESCO pour retrouver les traces du séjour des naufragés. Ses découvertes démontrent une fois de plus la capacité humaine à s’adapter et à survivre, en dépit de tout.

L’archéologue a invité le dessinateur à les rejoindre lors d’une expédition d’un mois sur Tromelin. De là est né ce livre : une bande dessinée qui entremêle le récit « à hauteur humaine » (on « voit » l’histoire du point de vue d’une jeune esclave, l’une des survivantes sauvées par le chevalier de Tromelin) avec le journal de bord d’une mission archéologique sur un îlot perdu de l’océan Indien. Après le succès international de Marzi, Sylvain Savoia offre à nouveau aux lecteurs une magnifique leçon d’humanité.