Bake et Mortimer – L’héritage Jacobs
Qu’avons-nous réalisé depuis la mort d’E. P. Jacobs ? C’est la question que se posent Jean-Luc Cambier et Éric Verhoest dans ce nouvel ouvrage, hommage à l’auteur, à la série et aux repreneurs. Au travers de nombreux documents – interviews, lettres, notes, dessins, croquis, etc. –, les auteurs rendent compte des différents chemins empruntés par les héritiers de Jacobs pour scénariser et dessiner les nouvelles Aventures de Blake et Mortimer .
De profundis
Le Secret du Pape
Les poisons de Méjaï la gitane ne sont pas venus à bout du Scorpion. Après des rêves effroyables qui lui font revivre le supplice de sa mère morte sur le bûcher pour avoir osé aimer un homme d’église, le revoici debout, droit dans ses hautes bottes. Prêt à demander des comptes.
A qui ? Au Cardinal Trebaldi bien sûr. C’est lui qui a conduit la main de la gitane. C’est lui qui, entouré de ses moines guerriers, s’apprête à faire assassiner le bon Pape et à s’assoir à sa place sur le trône de Pierre.
Car le Saint Père fait frémir beaucoup de monde. Les dignitaires de l’église d’abord, pour qui les hommes n’obéissent vraiment que la foi au coeur et la peur au ventre. Les neuf familles ensuite. Ces neuf familles qui, depuis le martyr des premiers chrétiens, s’abritent derrière la croix pour diriger le monde. L’une d’elles se nomme Trebaldi. Pour tous ceux-là, un Saint Père rêvant, comme le peuple, de liberté et d’insolence ne peut représenter que le mal absolu !
Le Scorpion réussira-t-il à déjouer le complot qui menace à la fois sa vie et celle du maître du Vatican ? Connaîtra-t-il enfin le secret qui se cache derrière sa naissance ? Quel camp choisira finalement Méjaï, la belle gitane ?
Pour répondre à ces questions, Marini nous entraîne dans un fabuleux univers graphique fait de grâces aériennes, d’envolées superbes, de décors somptueux semblant sortir tout droit de tableaux anciens.
Avec le Scorpion, tremblez sur la place des supplices où les flammes dévorent Madgdalena Catalan, sa mère. Admirez le cortège papale roulant dans les rues paillées d’or de Rome. Découvrez les ruines colossales qui tremblent dans la lumière des bougies au fin fond des catacombes vaticanes. Courbez l’échine en galopant de jour comme de nuit au coeur de la campagne romaine avec les rouges moines guerriers à vos trousses. Ripaillez dans les cours des tavernes à la seule lumière des fanaux accrochés aux branches d’un arbre centenaire. Vivez haut et fort. Comme le Scorpion.
Deux enfants de roi
Deux histoires s’entrecroisent. Celle de Murphy père en 1961 à Berlin, au moment de l’édification du mur, et celle de Murphy fils qui tente de compléter le puzzle commencé par le capitaine, trente ans plus tôt. Son enquête l’amène en Alsace où un mystérieux « prince russe » est mort dans l’incendie, probablement criminel, de sa villa. Les cassettes que son père a enregistrées à son intention lui permettent de remonter le fil du passé. Elles l’éclairent notamment sur la personnalité d’Helena et lui apprennent l’existence du fils qu’elle a eu avec Rudi Fechter, un stalinien convaincu. Au moment où, avec l’aide de Stuart Leroy toujours amoureux, Helena décide de passer à l’Ouest, les Allemands de l’Est ferment les frontières. Murphy fils tente de découvrir la véritable identité du « prince russe » et cherche à savoir qui est « l’étranger ». Cet homme tout de noir vêtu l’épiait depuis le café de l’inénarrable madame Kathy.
Un album qui, comme les précédents, mêle habilement la petite et la grande histoire.
Le premier pas
Trois copains. Deux mecs et une fille. Leur passe-temps favori ? Grimper sur les bâtiments et sauter d’immeuble en immeuble. Raul pratique la boxe, et Edu dessine. Tous deux sont amoureux de Luna. Luna, qui change de petit ami comme de tatouage, les fait tourner autour de son petit doigt. Mais c’est des poings qu’elle joue le mieux dès qu’il s’agit de se défendre.
En boîte avec Raul et Edu, elle se fait allumer par des voyous, le genre à qui on ne la fait pas. Mais c’est mal connaître Luna qui donne à leur chef une bonne leçon, genre juste en dessous de la ceinture. Les mecs s’enfuient, en jurant de se venger. Ce n’est pas son jour, ou plutôt sa nuit, au chef.
À peine s’est-il fait virer de la boîte qu’il assiste, caché derrière un store, à l’assassinat de son cousin Ramiro, trafiquant de drogue.
Alors, quelques jours plus tard, quand il repère Raul et Luna en train de sauter par-dessus les immeubles, il voit rouge et, toujours flanqué de ses deux potes, il les prend en chasse.
La Croix de Pierre
Depuis trois jours et trois nuits, Rome pleure son pape. Un prêtre défroqué a poignardé cet homme bon lors d’une des sorties qu’il effectuait incognito pour se mêler au petit peuple qu’il aimait tant. L’homme a été réglé d’avance. Son prix : le corps de quelques catins.
Trois jours, trois nuits pendant lesquelles le Cardinal Trebaldi tisse la toile qui doit lui permettre de s’asseoir sur le trône de Pierre. Deux de ses pairs qui le contestent sont assassinés. Dont un par le cardinal lui-même. Les Neuf Familles qui, dans l’ombre, dirigent le monde depuis des siècles, se rallient à lui. Car, Trebaldi au Vatican, c’est l’assurance que les idées folles de liberté et d’égalité qui commencent timidement à gangrener les sociétés du XVIIe siècle, seront impitoyablement extirpées de l’esprit et du coeur des hommes. Trebaldi agenouillé devant un crucifix, s’en amuse : » N’est-il pas ironique, Ô Dieu, qu’un homme qui ne croit pas en toi soit appelé pour remettre de l’ordre parmi tes fidèles ? »
Quant aux terribles moines soldats, ils traquent dans la ville le seul homme qui puisse encore empêcher le règne de leur maître. Un homme qui porte un scorpion tatoué sur l’épaule droite. Le Scorpion est le fils d’une femme dont le crime fut d’aimer un homme de Dieu. Trebaldi la fit brûler vive comme sorcière. Le Scorpion vient tout juste de découvrir qui était son père : le pape assassiné.
Aussi, lorsque, à l’issu du deuil, la foule se masse place Saint-Pierre pour écouter pérorer Trebaldi, un homme se dresse sur les toits. A sa main une arbalète, une poche de sang accrochée au carreau. De sa bouche, le peuple entend la vérité sur la mort de son souverain pontife bien-aimé. Les moines soldats s’élancent. Mais on n’arrête pas le Scorpion si facilement…
Formidable roman de cape et d’épée mâtiné de fantastique, Le Scorpion allie une élégance du dessin fabuleuse à un sens du mouvement rare. Marini, également coloriste de la série, transforme certaines cases en véritables tableaux d’époque.
Quand tout s’écroule
En sautant dans le vide porte bien son nom ! Attention : adrénaline à haute dose. Cette histoire en 5 tomes nous montre comment une comédie urbaine autour de trois amis inséparables peut virer à la tragédie. Et les troisième et quatrième tomes ne sont pas là pour ralentir la chute, bien au contraire ! La violence s’amplifie, la haine prend le dessus… Cette BD européenne n’a rien à envier aux mangas japonais : dynamisme du graphisme, violence, scénario implacable, justesse des personnages dans un monde ultracontemporain.
Il semble que le destin ait le sens de l’ironie
Revoici les toujours drôlement sarcastiques « Boondocks », alias les deux jeunes Blacks Huey et Riley Freeman, la petite métisse Jazmine et Cindy, la petite Blanche. Les revoici toujours aussi « politiquement incorrects » dénonçant les travers de la middle class américaine avec une ironie frisant la provocation et traitant sans complexes des problèmes de racisme, de violence, de drogue, d’extrémisme… sur le ton de l’humour.
Huey et Riley Freeman, les deux jeunes Blacks implantés en pleine banlieue blanche, poursuivent leur découverte de l’« american way of life » en compagnie de Jazmine, la petite métisse qui déteste qu’on lui rappelle ses origines africaines, et Cindy, la petite Blanche qui croit que la culture africaine s’identifie uniquement au rythm ‘n blues, au rap et aux sexy stars noires de la télé et du ciné. Avec un humour que d’aucuns jugent cynique, ces fort délurés ados abordent les sujets brûlants de l’actualité et expriment les réactions à chaud de leur créateur face aux informations manipulées et à la propagande politiquement correcte que diffusent les médias.
Ils discutent avec franchise, mais sur le ton de l’humour, des problèmes qui gangrènent la société américaine tels ceux de la drogue, du racisme, de la violence, des rackets scolaires, des mariages interethniques, des extrémismes politiques et religieux. Ils dénoncent le puritanisme hypocrite des classes moyennes, les véritables dessous de certaines actions militaires, toutes les formes de magouilles industrielles et financières, les faux succès et les gloires usurpées du show-business.
Publiés dans 250 quotidiens américains, ces strips satiriques remportent un immense succès et ne cessent d’alimenter les conversations et les polémiques. Leurs propos sont parfois si acerbes que pour garder les lecteurs scandalisés, les journaux les présentent comme une opinion qui n’engage que l’auteur…
Sill Valt
Quatrième et dernier tome du cycle des Chevaliers du Pardon de la Complainte des Landes perdues. Tandis que Seamus suit la fée Sanctus aux îles Keruan, Sill Valt veut percer le secret de la naissance du Guinea Lord. Il devra pour cela affronter la mère de celui-ci, la Dame à l’Hermine : une confrontation torride et effrayante. Jean Dufaux consacre un magnifique album à l’ultime combat d’un maître, le dernier album de Philippe Delaby. En digne héritier, Jérémy rend à Delaby le plus beau des hommages en terminant avec brio cet album.