A Woodcrest, petite bourgade américaine peuplée de Blancs plutôt aisés, la vie s’écoule paisiblement. Mais le jour où monsieur Freeman et ses deux petits-enfants viennent s’installer, tout droit débarqués du ghetto de Chicago, c’est l’événement. Forcément : ils sont noirs… Huey, l’aîné, est grand comme trois pommes à genoux, ce qui ne l’empêche pas de posséder une conscience politique bien trempée. C’est le gauchiste de la famille, toujours prêt à fonder une patrouille contre le Ku-Klux-Klan. Et tant pis s’il en est le seul et unique membre…
Son petit frère, Riley, ne jure que par la culture de la rue et le gangsta-rap – mais a tout de même du mal à faire peur, avec sa bonne bouille de petit garçon pas méchant pour deux sous. Le grand-père, lui, aimerait surtout être tranquille et préférerait les voir tous les deux sagement assis devant le poste de télévision (« Ah, les enfants d’aujourd’hui… Gaspiller de la bonne télé… »).
Créée en 1996 par un jeune étudiant noir, Aaron McGruder, Boondocks offre l’originalité de mettre en scène des personnages noirs débarrassés des clichés habituels et de ne pas mâcher ses mots. D’où les réactions passionnées que la série fait naître chez les lecteurs – blancs comme noirs, d’ailleurs.
Publiée aujourd’hui dans plus de 250 quotidiens, Boondocks n’hésite pas à s’emparer des sujets qui fâchent – le racisme, l’éducation, la violence… et à les traiter sans complaisance. Son graphisme résolument moderne, son humour ravageur et ses références constantes à la société d’aujourd’hui font de Boondocks le fidèle reflet des enjeux de son époque.
« Riley, nous sommes des pèlerins dans une terre sans Dieu… », déclare Huey avec gravité, décidé à se battre pour la liberté et la justice à Woodcrest. Nul doute que le talent de McGruder devrait faire pas mal de convertis de ce côté-ci de l’Atlantique…