Le premier pas

Trois copains. Deux mecs et une fille. Leur passe-temps favori ? Grimper sur les bâtiments et sauter d’immeuble en immeuble. Raul pratique la boxe, et Edu dessine. Tous deux sont amoureux de Luna. Luna, qui change de petit ami comme de tatouage, les fait tourner autour de son petit doigt. Mais c’est des poings qu’elle joue le mieux dès qu’il s’agit de se défendre.

En boîte avec Raul et Edu, elle se fait allumer par des voyous, le genre à qui on ne la fait pas. Mais c’est mal connaître Luna qui donne à leur chef une bonne leçon, genre juste en dessous de la ceinture. Les mecs s’enfuient, en jurant de se venger. Ce n’est pas son jour, ou plutôt sa nuit, au chef.

À peine s’est-il fait virer de la boîte qu’il assiste, caché derrière un store, à l’assassinat de son cousin Ramiro, trafiquant de drogue.

Alors, quelques jours plus tard, quand il repère Raul et Luna en train de sauter par-dessus les immeubles, il voit rouge et, toujours flanqué de ses deux potes, il les prend en chasse.


La Croix de Pierre

Depuis trois jours et trois nuits, Rome pleure son pape. Un prêtre défroqué a poignardé cet homme bon lors d’une des sorties qu’il effectuait incognito pour se mêler au petit peuple qu’il aimait tant. L’homme a été réglé d’avance. Son prix : le corps de quelques catins.

Trois jours, trois nuits pendant lesquelles le Cardinal Trebaldi tisse la toile qui doit lui permettre de s’asseoir sur le trône de Pierre. Deux de ses pairs qui le contestent sont assassinés. Dont un par le cardinal lui-même. Les Neuf Familles qui, dans l’ombre, dirigent le monde depuis des siècles, se rallient à lui. Car, Trebaldi au Vatican, c’est l’assurance que les idées folles de liberté et d’égalité qui commencent timidement à gangrener les sociétés du XVIIe siècle, seront impitoyablement extirpées de l’esprit et du coeur des hommes. Trebaldi agenouillé devant un crucifix, s’en amuse :  » N’est-il pas ironique, Ô Dieu, qu’un homme qui ne croit pas en toi soit appelé pour remettre de l’ordre parmi tes fidèles ?  »

Quant aux terribles moines soldats, ils traquent dans la ville le seul homme qui puisse encore empêcher le règne de leur maître. Un homme qui porte un scorpion tatoué sur l’épaule droite. Le Scorpion est le fils d’une femme dont le crime fut d’aimer un homme de Dieu. Trebaldi la fit brûler vive comme sorcière. Le Scorpion vient tout juste de découvrir qui était son père : le pape assassiné.

Aussi, lorsque, à l’issu du deuil, la foule se masse place Saint-Pierre pour écouter pérorer Trebaldi, un homme se dresse sur les toits. A sa main une arbalète, une poche de sang accrochée au carreau. De sa bouche, le peuple entend la vérité sur la mort de son souverain pontife bien-aimé. Les moines soldats s’élancent. Mais on n’arrête pas le Scorpion si facilement…

Formidable roman de cape et d’épée mâtiné de fantastique, Le Scorpion allie une élégance du dessin fabuleuse à un sens du mouvement rare. Marini, également coloriste de la série, transforme certaines cases en véritables tableaux d’époque.


Quand tout s’écroule

En sautant dans le vide porte bien son nom ! Attention : adrénaline à haute dose. Cette histoire en 5 tomes nous montre comment une comédie urbaine autour de trois amis inséparables peut virer à la tragédie. Et les troisième et quatrième tomes ne sont pas là pour ralentir la chute, bien au contraire ! La violence s’amplifie, la haine prend le dessus… Cette BD européenne n’a rien à envier aux mangas japonais : dynamisme du graphisme, violence, scénario implacable, justesse des personnages dans un monde ultracontemporain.


Il semble que le destin ait le sens de l’ironie

Revoici les toujours drôlement sarcastiques « Boondocks », alias les deux jeunes Blacks Huey et Riley Freeman, la petite métisse Jazmine et Cindy, la petite Blanche. Les revoici toujours aussi « politiquement incorrects » dénonçant les travers de la middle class américaine avec une ironie frisant la provocation et traitant sans complexes des problèmes de racisme, de violence, de drogue, d’extrémisme… sur le ton de l’humour.

Huey et Riley Freeman, les deux jeunes Blacks implantés en pleine banlieue blanche, poursuivent leur découverte de l’« american way of life » en compagnie de Jazmine, la petite métisse qui déteste qu’on lui rappelle ses origines africaines, et Cindy, la petite Blanche qui croit que la culture africaine s’identifie uniquement au rythm ‘n blues, au rap et aux sexy stars noires de la télé et du ciné. Avec un humour que d’aucuns jugent cynique, ces fort délurés ados abordent les sujets brûlants de l’actualité et expriment les réactions à chaud de leur créateur face aux informations manipulées et à la propagande politiquement correcte que diffusent les médias.

Ils discutent avec franchise, mais sur le ton de l’humour, des problèmes qui gangrènent la société américaine tels ceux de la drogue, du racisme, de la violence, des rackets scolaires, des mariages interethniques, des extrémismes politiques et religieux. Ils dénoncent le puritanisme hypocrite des classes moyennes, les véritables dessous de certaines actions militaires, toutes les formes de magouilles industrielles et financières, les faux succès et les gloires usurpées du show-business.

Publiés dans 250 quotidiens américains, ces strips satiriques remportent un immense succès et ne cessent d’alimenter les conversations et les polémiques. Leurs propos sont parfois si acerbes que pour garder les lecteurs scandalisés, les journaux les présentent comme une opinion qui n’engage que l’auteur…


Sill Valt

Quatrième et dernier tome du cycle des Chevaliers du Pardon de la Complainte des Landes perdues. Tandis que Seamus suit la fée Sanctus aux îles Keruan, Sill Valt veut percer le secret de la naissance du Guinea Lord. Il devra pour cela affronter la mère de celui-ci, la Dame à l’Hermine : une confrontation torride et effrayante. Jean Dufaux consacre un magnifique album à l’ultime combat d’un maître, le dernier album de Philippe Delaby. En digne héritier, Jérémy rend à Delaby le plus beau des hommages en terminant avec brio cet album.


Parce que je sais que tu ne lis pas le journal…

A Woodcrest, petite bourgade américaine peuplée de Blancs plutôt aisés, la vie s’écoule paisiblement. Mais le jour où monsieur Freeman et ses deux petits-enfants viennent s’installer, tout droit débarqués du ghetto de Chicago, c’est l’événement. Forcément : ils sont noirs… Huey, l’aîné, est grand comme trois pommes à genoux, ce qui ne l’empêche pas de posséder une conscience politique bien trempée. C’est le gauchiste de la famille, toujours prêt à fonder une patrouille contre le Ku-Klux-Klan. Et tant pis s’il en est le seul et unique membre…

Son petit frère, Riley, ne jure que par la culture de la rue et le gangsta-rap – mais a tout de même du mal à faire peur, avec sa bonne bouille de petit garçon pas méchant pour deux sous. Le grand-père, lui, aimerait surtout être tranquille et préférerait les voir tous les deux sagement assis devant le poste de télévision (« Ah, les enfants d’aujourd’hui… Gaspiller de la bonne télé… »).

Créée en 1996 par un jeune étudiant noir, Aaron McGruder, Boondocks offre l’originalité de mettre en scène des personnages noirs débarrassés des clichés habituels et de ne pas mâcher ses mots. D’où les réactions passionnées que la série fait naître chez les lecteurs – blancs comme noirs, d’ailleurs.

Publiée aujourd’hui dans plus de 250 quotidiens, Boondocks n’hésite pas à s’emparer des sujets qui fâchent – le racisme, l’éducation, la violence… et à les traiter sans complaisance. Son graphisme résolument moderne, son humour ravageur et ses références constantes à la société d’aujourd’hui font de Boondocks le fidèle reflet des enjeux de son époque.

« Riley, nous sommes des pèlerins dans une terre sans Dieu… », déclare Huey avec gravité, décidé à se battre pour la liberté et la justice à Woodcrest. Nul doute que le talent de McGruder devrait faire pas mal de convertis de ce côté-ci de l’Atlantique…


Les revenants de Porto Cervo

Vince fait partie des services de renseignements de l’Eglise catholique romaine. Il découvre qu’une puissante organisation, le Nouveau Temple, cherche à infiltrer la curie. Dans quel but ? Dans ce tome 3, le beau Janitor poursuit les tueurs qui ont volé l’ordinateur d’un prêtre photographe un peu trop curieux – ordinateur qui leur permettrait de pénétrer « Cognitio », le puissant moteur de recherche des Renseignements du Vatican. A bord du yacht de l’ennemi, il reconnaît son frère jumeau, qu’il croyait mort. Une série dont le cadre, le personnage principal et la dimension surnaturelle sont particulièrement originaux.


Notes sur Africa

Le cycle Africa terminé, la perle noire retrouvée et les secrets des Nelson révélés, Jean Dufaux et Ana Mirallès peuvent lever le voile sur ce qui était caché. Au fil des pages de ce beau livre, la dessinatrice de Djinn dévoile ses esquisses, prémisses de ces somptueuses planches et couvertures qui font le charme sensuel de la série. Jean Dufaux, quant à lui, invite le lecteur à l’accompagner sur les chemins de sa réflexion, de ses envies, en distillant aussi les anecdotes, comiques ou tragiques, qui émaillèrent les cinq albums de ce cycle torride et sauvage.


Meurs Hollywood !

Huey pensait avoir touché le fond en 2000, avec la reconduxtion de G.W. Bush à la tête du pays.

Pourtant, les choses n’en finissent pas d’aller plus mal. En politique, à la télévision, au cinéma…

Jusqu’au choc du 11 septembre, qui marque un tournant clair dans la manière dont Aaron Mc Gruder envisage The Boondocks…


Libérez Jolly Jenkins !

Crée sur Internet en 1996, puis reprise dans un magazine étudiant, « Boondocks » est une série afro-américaine pleine de vie et absolument désopilante… Dans ce tome 2, Riley et Huey Freeman vont à l’école, laissant leur grand père de 70 ans passés aller tranquillement à la pêche et apprendre le « tai-bo » un art martial à la mode. A l’école, ils vont croiser Mrs Pierson, une prof ancienne nonne et gardienne de prison à qui Riley annonce tout de suite la couleur : « j’suis vnu m’faire une école et distribuer des claques. ».

Riley se prend pour Pablo Escobar et ça se sent ! Le lecteur ne risque pas d’affronter en se plongeant dans une série d’histoires courtes en une ou deux pages, où les héros nous font découvrir des concepts délirants comme l’afro négation ou le « syndrome d’hostilité afro ambiguë »… On y découvre que les vrais blancs ne sont pas aussi amusants que ceux de « Seinfeld » !

L’auteur passe en revue tous les sujets « sensibles » : racisme, drogue, violence, et problèmes d’éducation, voici une BD coup de poing au graphisme résolument moderne qui fait voler en éclats tous les tabous ! Crée en 1998, cette série a rapidement remporté un vif succès outre Atlantique. Gageons que cette série remportera le même succès en France !