Sarkorama

Chaque semaine, René Pétillon fait le bonheur des lecteurs du Canard Enchaîné qu’il régale de son regard sur l’actualité. Retrouvez dans un album événement, les meilleurs dessins de l’après élection : l’installation au pouvoir, les premiers couacs de la majorité, l’implosion du PS, les états d’âme du gouvernement, les transfuges de l’ouverture et surtout l‘omniprésence du Président.

L’indispensable antidote à la folie médiatique.


Oural

Troisième épisode des aventures picaresques de Guillaume Montbrun, jeune breton au tempérament fougueux qui a quitté précipitamment son père adoptif afin d’échapper au courroux de ses adversaires.

Son père adoptif a été assassiné : Guillaume ne peut alors que compter que sur lui-même, ou presque, puisqu’un certain Paul Sudrie semble veiller sur le destin de ce jeune homme. A peine arrivés à Saint-Pétersbourg, ils décident de prendre la route pour la Sibérie, direction le lac Baïkal. C’est là qu’ils sont censés rejoindre des soldats restés fidèles à Napoléon et dont la présence en ces lieux est pour le moins surprenante ! Mais Paul sait que le destin de Guillaume est lié à cette armée et à leur chef…

Une série d’aventure au ton picaresque, à lire en parallèle de La Croix de Cazenac.


Oniromancien

Alek Vacendak, toute nouvelle recrue de la Police Fédérale, se souviendra toute sa vie de son premier jour sur le terrain. Tous les habitants du quartier dans lequel il patrouille deviennent subitement fous et s’entre-tuent ! Bombardé par un tragique concours de circonstances équipier du Commandant Carter Cort, en charge de l’affaire, le voilà lancé sur les traces d’un lot de PilRevs défectueuses. Suite à leur rencontre avec Seth Russell, chef de la sécurité de la puissante firme Eberseimer, fabriquant le lot de pilules incriminées, Vacendak et Cort s’orientent vers la piste d’un sabotage.

Leur premier et principal suspect est la société FreeSpirit, dirigée par un vieil anarchiste libertaire, Zane Dargent. Ce dernier développe un programme informatique pour offrir au monde une alternative à la prise de PilRevs. Zane Dargent et sa protégée, Shanaya, sont arrêtés puis relâchés après la découverte par Cort de l’existence du logiciel FreeDream, mis au point par Dargent. Mettre la main sur ce programme devient l’objectif principal de Cort, quitte à trafiquer les résultats de cette enquête déjà fortement orientée.

Alek, ébranlé par les méthodes de Cort et suspicieux quant à la probité de son partenaire, décide de venir en aide à Zane et Shanaya, convaincu de leur innocence dans cette tragédie.

Zane et Shanaya découvrent que le sabotage des PilRevs est en fait une opération secrète menée par une organisation intergouvernementale prête à tout pour reprendre le pouvoir aux multinationales. Mais pour cela, Shanaya a dû renouer avec d’anciennes connaissances et un passé qu’elle avait laissé derrière elle.

De son côté, Seth Russell comprend que tant que Zane aura le programme FreeDream en sa possession, il sera
à l’abri de Cort, qui devra trouver un autre bouc émissaire pour le drame sur lequel il fait semblant d’enquêter, et ce ne pourra être que ses employeurs.

En désespoir de cause, Zane et Russell décident de conclure un accord et de s’allier pour repousser la menace commune qui pèse sur eux : Carter Cort. Cort surveille de près Alek, qu’il soupçonne fortement de soutenir Zane et Shanaya. Il parvient ainsi à remonter la piste du programme FreeDream et se prépare à mettre un terme, sanglant, à sa mission en éliminant tous les témoins.


Northreed project

Noël 1946, Californie.

Alors que Kenneth Johnson, dessinateur à la NAC (Northreed Aircraft Company), fête Noël avec sa femme et son gosse à grand renfort de Jingle Bells et autres apple pies, il reçoit un coup de fil de son boss, qui lui gâche le plaisir en le convoquant pour le 26 décembre au matin.

Et voilà que son boss lui demande une chose étrange : reprendre son projet abandonné six ans plus tôt – alors jugé grotesque et irréalisable – concernant les ailes volantes. Avec toutefois une légère nuance : il y a six ans, c’était un projet civil, c’est maintenant un projet militaire ultra-secret et urgent.

Kenneth Johnson reprend donc ses recherches, y passant jour et nuit, jusqu’au moment où il dépose le résultat à la NAC, qui l’envoie prendre des vacances bien méritées. Et c’est à Paris avec sa femme, en feuilletant Vie et Science aux Folies Bergère au son de J’ai deux amours, qu’il a la surprise de sa vie : sous le titre la Nouvelle Menace soviétique, tout le monde peut voir les plans d’ailes volantes qu’il vient de dessiner pour la NAC – et qui sont visiblement passés à l’Est.

Il y a une taupe à la NAC et les Russes ont mis la main sur ses plans ! C’est du moins ce que croit le dessinateur de génie, en fait utilisé comme un vulgaire pion dans une histoire qui le dépasse.

Guerre froide, ligne claire, ambiances modernistes et couleurs propres pour une sombre machination rigoureusement menée par Goffin avec la complicité de Benoït Peeters. L’aventure est suivie d’une étude sur les ailes volantes, « du mythe à la réalité », qui ont beaucoup fait rêver les dessinateurs de BD, mais ont également existées dans l’histoire de l’aviation, dès 1928 et jusqu’à 1988, avec le fameux bombardier Northrop B2.


Chasseur-Cueilleur

Pot de Miel, sa famille et ses copains vivent dans un décor de rêve au bord de la Méditerranée – sans les touristes, vu que nous sommes en pleine Préhistoire. Il fait beau, la vie est belle, mais Nuit des Câlins en a marre du poisson-manioc. Donc, Pot de Miel et son copain Grand Nez Qui Déniche partent à la chasse. Ce qui leur vaut un tas de rencontres palpitantes~: quelques dragons et dinosaures d’époque (ou à peu près), L’Oracle (un condensé de pessimisme), un clan de «~civilisés~» occupés à sacrifier d’autres «~civilisés~»un guerrier professionnel qui tient à trucider le monde pour expier ses très grandes fautes et, enfin, des cultivateurs de courgettes. Si bien qu’ils reviendront à la grotte familiale avec des graines et la recette des « petits farcis » (courgettes-opossum) – ce qui constitue un sérieux progrès pour la gastronomie préhistorique.

La Vallée des Merveilles, nouvelle série de Joann Sfar (auteur généreux qui s’épanouit mieux dans l’abondance de boulots) nous plonge donc dans le quotidien préhistorique. Résultat~: cent pages de gaieté pure, qui mêlent l’aventure (monstres à écailles, bagarres sanglantes, grosses trouilles, sorciers, « costumes » et grigris assortis) et les minuscules événements d’une vie de famille heureuse. Si bien qu’on a dans le même paquet le journal intime, hypersensible, et Conan le Barbare. D’autant plus que le récit est suivi d’un « bonus » passionnant en forme de carnet de bord, où Sfar explore ses sources d’inspiration, nous dévoile quelques babioles techniques – entre autres, la bonne tenue de l’étui pénien de Grand Nez -, et nous livre les dernières nouvelles de Tautmina et Raoul (ses enfants dans la vraie vie), ou les consignes à sa coloriste~: « C’est joyeux, c’est l’aventure, le héros a une peau orange. » Le tout sous forme de feuilleton à parution annuelle.


Destination Goulag

Prise entre les feux croisés du Grand conseil de la mafia, du gouvernement russe et des intérêts pétroliers, Najah est dans une situation dramatique. Arrêtée par l’armée russe et reconnue comme ancienne combattante tchétchène, elle est condamnée au peloton d’exécution, et pour cela envoyée au goulag. Là, elle découvre les conditions inhumaines, la solitude extrême, les interrogatoires musclés et une éventuelle alliée. Parviendra-telle à s’enfuir et sauver sa peau ?


…courent dans la montagne

Le Génie des Alpages se fait rare – un album en moyenne tous les 2 ans – alors sachons l’apprécier à juste titre avec la parution de ce quatorzième album forcément génial…

Dans les alpages de F’murrr les moutons parlent, se rebellent et philosophent tout en broutant de l’herbe bien grasse. Le berger doit supporter des fonctionnaires européens zélés, des vendeurs de tapis navaros, des touristes insupportables quand ils appellent de leur portable et les moutons se demandent quand même si la grippe aviaire ne les concernerait pas un peu…

Série phare de l’humour absurde et intelligent (c’est compatible), série emblématique du journal Pilote qui a influencé toute une génération d’auteurs réunie notamment dans la collection Poisson Pilote, Le Génie des Alpages échappe à toutes les modes.

Un authentique chef d’oeuvre signé F’murrr.


Coeur de Bourges

Le tour de France du compagnon Colin Tranchant se poursuit pour l’amener cette fois dans la région de Bourges. Son périple a pour but de percer le mystère de la  » Pierre Parfaite  » ainsi nommée en raison de son importance dans l’architecture médiévale. Mais cette pierre touche aussi au symbole de l’église menacée par des forces occultes…

Un récit qui n’est pas sans rappeler Le Nom de la rose d’Ecco dans son contexte historique aux ambiances parfois fantastiques.


Submerman et le Grand Cloaque

Submerman « l’aquatique » — un être innocent et sage qui ne ferait pas de mal à une pieuvre — vit seul au fond de la mer, depuis que des barbares couverts d’écailles ont enlevé son peuple.

Il s’est fait un ami, le commandant Goujon. Mais trois « calamités » (l’Amiral, Emile Plancton et Lebahu) s’intéressent aussi à lui, avec des intentions moins cordiales : l’aquatique connaît bien l’océan, et qu’est-ce qu’on trouve au fond de l’océan ? Des trésors engloutis.

Submerman rêve dans son épave, quand le trio infernal (fraîchement sorti de prison) vient lui piquer ses « babioles » — quelques trésors qu’il garde pour le plaisir des yeux. Le commandant Goujon arrive à la rescousse avec le sous-marin Océonox, et ils partent ensemble à la recherche des pirates. Mais tandis qu’ils explorent les Monts ténébreux en moto aquatique, ils perdent le contact avec l’Océonox et se retrouvent devant une sorte d’énorme bouchon. Ce qui rappelle à Sumerman une légende de son enfance : il y a bien longtemps, des démons sortis d’un gouffre baptisé « le Grand Cloaque » tourmentaient les aquatiques, qui avaient construit un énorme bouchon pour leur interdire l’accès de la mer.

Mais tout à coup, le bouchon se soulève, un tourbillon les aspire et ils se retrouvent chez les barbares couverts d’écailles : les Hydreux, Hydros II empereur du Grand Cloaque, et la princesse Hydrella — une jeune personne de caractère. Pour tout arranger, les trois pirates sont arrivés à se faire passer pour des dieux. Et quelque part au coeur de cet obscur marais souterrain, les aquatiques sont maintenus en esclavage.

Les deux héros (avec l’aide de cette andouille de Lebahu) arriveront à sortir et à délivrer les aquatiques. Mais quelque part dans le Grand Cloaque, l’Amiral et Emile Plancton sont toujours libres. Et quelque chose nous dit qu’on va encore entendre parler deux…

Le premier Submerman est né en 1967 dans Pilote, grâce aux talents conjugués de Lob et Pichard. En souvenir de l’enfant qu’il était, qui « trouva tant de choses dans cette extraordinaire auberge espagnole », Pierre Le Gall le fait revivre dans un remake qui n’a rien à envier au modèle : plein de fraîcheur et d’humour, imprégné de « ce Merveilleux sans lequel les enfants pousseraient mal ». Quant aux adultes qui ont bien poussé, c’est avec grand plaisir qu’ils retrouvent le charme naïf de cette aventure marine.


Par les Chemins de l’Espace

Non, cet album de Valérian n’a pas rétréci. Il est seulement un peu à part… Autour des années 70, Goscinny et Charlier, alors capitaines du journal Pilote en pleine gloire, lancèrent l’idée d’un recueil trimestriel au format de poche, présentant sur 268 pages un choix d’histoires courtes des stars du journal. C’est ainsi qu’on retrouva dans le Super Pocket Pilote Astérix, Blueberry, Barbe-Rouge, Lucky Luke, Iznogoud, Philémon, Achille Talon et bien d’autres.

Et Valérian, qui débutait une brillante carrière d’agent spatio-temporel, atterrit dans le Super Pocket avant même la sortie de son premier album. C’est ainsi que ces sept récits sont venus s’intercaler entre la Cité des eaux mouvantes et le Pays sans étoiles, sept aventures au cours desquelles Valérian tombe dans un cimetière d’astronefs, délivre les hommes-oiseaux des pattes du Grand Collectionneur, retrouve Laureline sur la planète-méduse, communique avec les télépathes de la Planète triste, supporte les humeurs de ses clones – un vieillard et un gamin – et explore toutes sortes d’endroits plus ou moins incongrus, où l’on peut grandir, rapetisser ou rajeunir.

Ces aventures ont constitué pour Mézières et Christin une espèce de laboratoire d’idées, où ils ont créé des personnages, une faune, une flore, et jonglé dans l’espace-temps avec cet humour qu’on retrouvera tout au long de la grande saga de Valérian.