Première bière

Que celui qui n’a jamais trinqué leur paie la première bière… En bons apôtres, Raoul Cauvin et Louis-Michel Carpentier continuent à porter la bonne parole dans tous les troquets. Album après album, ils croquent avec tendresse les mésaventures de piliers de bars plus vrais que nature, servis par un patron aussi gaffeur que débonnaire. Comptant de plus en plus de fidèles (lecteurs), ils ouvrent dans la bonne humeur la voie vers l’apéro.


Toupet déclenche une tornade

Attention bébé dangereux… Il suffit que Toupet soit dans les parages pour que chaque geste du quotidien risque de déclencher une catastrophe. Aller à la garderie se transforme en parcours du combattant, dénicher une femme de ménage glodesch relève de l’exploit et décorer harmonieusement un mur devient une mission impossible. Bébé est là… attention les dégats !


Le Flagada – Le Flagada et les pépins de la pêche

L’action se passe sur une île prétendue déserte où règne en fait une agitation intense. Le Flagada est un oiseau rondouillard muni d’une hélice, qui se fera d’ailleurs traiter de pastèque à hélice par un des visiteurs de l’île. C’est un flemmard qui aime bien faire un petit somme avant la sieste – quand il se détend vraiment, il a l’air d’une flaque d’huile – et cultive avec amour le calembour horripilant. Le cormoran Emile, le plus distrait (et abruti) des palmipèdes marins, est le protégé du Flagada.

Alcide Citrix, naufragé en titre de cette pseudo île déserte, défend farouchement la logique cartésienne face aux débordements anarchiques du Flagada. Ça ne ne le met pas pour autant à l’abri du ridicule.

Prof Trucmuche est un savant fou qui vient faire ses expériences sur l’île. Il invente des trucs dangereux, et quand il parle d’un « produit expérimental dont les effets sont encore mal connus », il est plus prudent de garer ses abattis.
Et puis il y a les naufragés occasionnels, comme Rin-Ta-Toin, le chien de Hollywood devenu parlant après avoir mangé un fruit de l’arbre à pignoufs.

La fraîcheur du dessin, la gaieté du propos et l’invraisemblable quantité de calembours horripilants devraient conquérir une nouvelle génération de fans du Flagada.


Zen

Voici enfin le grand retour du seul dinosaure, doué de déraison de la Bande Dessinée.

Suivez les aventures délirantes de Nabuchodinosaure dans l’apeupréhistoire sa quête du zen, de l’amour éternel et son combat contre toute autorité. Plus utile à vos zygomatiques qu’une cure d’Omega 3.


Pur Sang

Après le formidable Catman, nous retrouvons Wigelow, l’adjoint minable du fringant détective Cliff Burton, occupé à traquer le vampire dans les caves d’un château tandis qu’à la surface se déroule la course de voitures du siècle – si on peut encore appeler « voitures » ces engins hurlants qui carburent à la pluie, au gazon et pire encore… Bien sûr il y a un cadavre, et puis un autre, tous deux mystérieusement vidés de leur sang. Il y a Cliff Burton, qui navigue au charme et au farniente, tandis que Wigelow dérape sans élégance dans le Saint-Emilion et les crises de nerf. Il y a le speaker, qui commente ce combat de titans jusqu’à l’orgasme…

Rodolphe surchauffe l’action avec une virtuosité totale, dans un cocktail, pourtant difficile à manier, de suspens réaliste et de cauchemar volatile. Quant à Durand, il confirme son talent dans tous les domaines : pugnacité du trait, sens du burlesque, efficacité sidérante des cadrages, des dédoublements de personnages, des perspectives.

Sommes-nous dans une quelconque réalité ou seulement dans le cerveau abruti de Wigelow ? Peu importe. Durand et Rodolphe se contentent de nous faire visiter la quadrature du cercle, pour le plaisir.


Guirlandes de gags !

44 gags de Sylvain et Sylvette où l’on retrouve bien évidemment les Compères, toujours aussi filous mais aussi tous les amis de la foret, Gris Gris l’âne débrouillard, Alfred le chien vigilant, Huluberlu le hibou ou Mignonnet l’agneau fanfaron.

Qu’ils sont bêtes, ces compères ! Pas très sympathiques, mais si drôles…Il y a le renard, chef de bande, le loup, le sanglier et l’ours. Celui-là, c’est vraiment le plus bête ! Par exemple, quand compère Renard propose de mettre un masque pour effrayer les habitants de la chaumière, devinez ce qu’il choisit ? Un masque…d’ours ! Le disque préféré du chat Moustachu est… la Truite de Schubert ! Le médecin met le monsieur tombé de cheval au  » régime sans selle  » ! Une avalanche de gags pour ce 47ème album des aventures de nos petits paysans préférés… Attention, les compères vont vous faire mourir de rire ! Mais Sylvain et Sylvette aussi ! C’est l’occasion pour Pesch et Belom de nous concocter un recueil de gags savoureux en une page…Les deux jeunes héros n’ont pas bougé d’un pouce depuis ce jour de 1941 où ils ont été créés par Maurice Cuvillier. Nos parents lisaient leurs aventures avec plaisir, nos enfants suivent leurs traces.

Sylvain et Sylvette, charmants et indémodables, réconcilient les générations autour de leurs albums. Une série aussi attachante qu’amusante qui fera le bonheur des petits et même des grands ! Cette fois-ci, les petits vont se régaler de gags imaginés avec tendresse par les deux auteurs…


Prime-Time

Stars, aristocrates, tops models, héritiers, homme d’affaires en tous genres : la société off shore est la chasse gardée de Tony Corso, détective privée qui navique dans les eaux de la jet set comme un poisson dans l’eau du port de Saint Tropez. Parfois les eaux sont plutôt troubles, et c’est dans ces occasions là que ses services « discrets et efficaces » sont appréciés…

Sa réputation parle pour lui, ses amis mais aussi : Anémone de Courville n’a pas manqué de vanter à un chanteur à la mode – Dustin – l’efficacité de Tony. Dustin, qui a gagné la finale du concours télévisé « La star de l’été », est en tournée dans le sud et doit participer au dernier prime time de l’émission. Problème : des messages (forcément) anonymes menacent Dustin avant le grand show médiatique et Tony est chargé de découvrir qui le fait chanter (…). Et pourquoi.
Tony, qui ne regarde jamais la télévision et n’est pas du genre à se laisser impressionner par le premier roquet de service à s’afficher sur les écrans télés et dans les pages people des magazines, a suffisamment de caractère et d’expérience pour supporter les crises de nerf de ses clients, à partir du moment où ceux-ci sont solvables.
L’hystérie de Dustin, qui a tendance à se se prendre pour une nouvelle star du rock, n’impressionne guère Tony. Non, ce qui l’inquiète serait plutôt l’univers dans lequel gravite ce chanteur dont le talent est inversement proportionnel à la vulgarité. La menace vient-elle de fans hystériques ou de ceux qui tirent les ficelles en coulisse ? Et là, les prédateurs ont autrement plus d’envergure.
Télimage, la société de production qui organise le show, n’a guère d’états d’âme, seuls le succès et l’audience comptent. Jusqu’où ? Pendant ce temps l’heure du prime time approche inexorablement et les messages anonymes se font de plus en plus pressants…
Une série policière qui tranche résolument avec les poncifs du genre abordant avec clairvoyance (et cynisme) des sujets sensibles comme les dérives de la télé réalité et ses stars kleenex qui font les beaux jours des sociétés de production et des chaines de télé. Un regard lucide pour ainsi dire unique en bande dessinée que l’on doit à Olivier Berlion, auteur du scénario et du dessin. Celui-ci, précis et efficace, est admirablement servi par des dialogues qui font mouche à chaque case.


Ascension

De la maison à la route, un chemin serpente dans les collines. C’est par là que le père d’Ascension est parti, on ne sait pas où. De toute façon, la mère dit que la route ne va nulle part.



Ascension a pour ami un cochon. Et elle espère qu’un jour, son cochon arrivera à s’envoler – le jour de ses seize ans, ça serait bien, il l’emmènerait avec lui. Dans ce but, elle collectionne les plumes pour lui fabriquer des ailes. Parce que « faire voler un cochon, c’est une sacrée raison de vivre ».

Là-dessus passe Victorien, un prince (charmant) qui joue de la trompette. Bien sûr, Ascension aime Victorien, mais sa mère crie : « Une fille qui rêve est une fille perdue. » Elle a d’excellentes raisons de croire ça. Car, dans ce paysage bucolique et fleuri, il y a aussi la boue et l’orage, et Hector le taxidermiste, chasseur et violeur, qui tue tout ce qu’il touche. Et puis il y a « le saisi » (l’idiot), mais lui, il est définitivement ailleurs.

Evidemment, tout ce qui relevait du rêve se brisera. Mais ça fera comme un grand appel d’air. Et Ascension, après avoir libéré les oiseaux empaillés, prendra la route du bout du chemin, celle qui ne va nulle part.

« L’enfance n’est supportable qu’une fois », dit Ascension. (Une bien belle phrase, à mettre en exergue de toutes nos cogitations sur le sujet.) Et l’enfance est finie. « Le cœur d’Ascension, c’est ce fil fragile qui nous relie à ces lointaines années », écrit Schuiten dans sa préface. Et sous la plume de Séraphine, si sensible aux secrets des enfants et à leurs exigences, le monde adulte s’écroule – tant pis pour lui, il sentait la mort – devant une jeune fille qui veut « être heureuse tous les jours » et s’en va.


Rokson

Depuis l’aube des temps, les forces du bien et du mal s’affrontent. A Malheig, contrée sauvage des Highlands, le dragon est revenu pour conquérir la puissance des dieux.

Rokson, qui vécut il y a 2000 ans et lutta pour la survie de son clan, revit au XXe siècle en la personne de Donan, son double. Le vieux Kyle et Shona soutiennent Donan dans le présent, tandis que Thyal et Eir aident Rokson dans son lointain passé.

Le centre de cette lutte féroce, c’est maintenant le jeune Rokson, fils de Rokson et de Eir. Et tandis que Draco tente de posséder l’esprit de l’enfant, Thyal décapite Draco.

Mais le sang empoisonné de Draco pénètre le corps de Thyal…

Donan arrivera-t-il à sauver Rokson ? Vous le saurez en lisant ce quatrième et dernier volume d’un voyage fantastique aux frontières du temps, en compagnie d’un Highlander qui vit à des siècles de distance deux vies jumelles dont l’enjeu est l’ordre, ou le chaos.


Commando reptile saurien

Revoilà l’adorable Nab, seul spécimen présentable d’une apeupréhistoire de bestiaux tarés au QI globalement négatif : il y en a même un qui oublie d’ouvrir les yeux quand il se réveille – on imagine le reste de sa journée…
Nab se distingue nettement de cette masse stupide et pas tellement laborieuse. Il s’exprime, invente (le mini-cyclone à essorer les salades, la piscine privée, la psychanalyse) et s’épanouit l’esprit en obéissant à des impulsions artistiques urgentes. Il édifie un dolmen « à la sueur du front de ses propres mains » et le dédie à Manon en gage de son amour éternel. Il a à peine fini son oeuvre qu’un patapouf cornu s’assied dessus et l’écrabouille.
Pauvre Nab. Quand il ne se fait pas pisser dessus par un mammouth laineux, il se fait réduire en purée par la gendarmerie. Et puis il y a Manon, qui arrive à ses rendez-vous avec 27 jours de retard. (Avant, c’était 23). Mais Nab a le moral. Il résiste avec un entêtement farouche. Par exemple, il veut démontrer que la fonction crée l’organe, et non le contraire. En clair, puisqu’il a envie de voler, il va forcément lui pousser des ailes. Il en est à sa 572ème tentative du haut de la falaise. Et toujours pas d’ailes. Ce qui prouve finalement que l’organe crée la fonction et qu’avec Herlé et Widenlocher, on s’instruit en s’amusant.