Paléolithic sinfonia

L’action se déroule quelque part avant (ou après, c’est selon) J.-C., à la période dite de « l’apeupréhistoire ». Selon les auteurs, cette période aurait été peuplée de drôles de créatures dont Nabuchodinosaure (Nab pour les intimes). Pas tout à fait dinosaure ni vraiment homme, Nab est toutefois doué de parole et, surtout, d’un solide sens de l’humour qui lui permet de supporter les désagréments de l’apeupréhistoire…


Du rififi chez les sauriens

Nab doit être salement fier : il a récolté l’Alph’art Jeunesse d’Angoulême 1990. Pour une bestiole qui remonte à 70 millions d’années (ou 300 millions ou 5 milliards), c’est une réussite. Et puis ça doit la consoler de vivre au milieu d’un tas de mochetés puantes et de crétins notoires.

Tandis que lui, il est intelligent. Il vient de découvrir à quoi servent les arcs-en-ciel : avec un bon élastique, ça fait un lance-pierres correct pour réexpédier les comètes chutées par erreur. Par ailleurs, c’est en cherchant à résoudre la quadrature du cercle qu’il invente le triangle. Pourtant, bizarrement, cette intelligence ne l’aide en rien quand il s’agit de se faire estourbir, ratatiner, réduire en purée. Par exemple, prenez cet épisode qui nous est livré en VO (idiome apeupréhistorique en l’occurrence), suite à une grève des traducteurs. On ne comprend rien, sauf un détail : il se fait encore aplatir par un gros teigneux. Et puis, il suffit qu’un bébé mammouth laineux perde sa « défense de lait » (trente kilos au bas mots) pour qu’il se trouve dessous. (A propos, savez-vous que les mammouths laineux butinent au printemps, dans un posture que Nab trouve ridicule ?) Il invente aussi la bande dessinée, dans le but de se faire du pognon, tout plein de pognon, un max de pognon. Et là, il faut bien admettre que son intelligence ne va pas sans une certaine naïveté.


Jacques

Après avoir vécu de petits larcins, Isaac (qui a repris la peinture) et son copain Jacques se mettent au vert pour se faire oublier. Mais cet état de grâce ne dure pas. Jacques est obsédé par une belle aristocrate avec laquelle il fait des cochonneries raffinées — il en devient beau —, et Isaac apprend que son Alice, fraîchement mariée à Philippe du Chemin Vert, s’est embarquée avec lui.

Tout le monde veut la peau de tout le monde et tout le monde se cache, à grand renfort de déguisements grotesques et de cavalcades dans un Paris d’époque, sombre et hostile. Et puis, comme dit Le Portugais : « Como é que queres trabalhar com tipos com testiculos no lugar do cérebro ? », en clair : comment voulez-vous travailler avec des types qui ont les testicules à la place du cerveau. Surtout Jacques, qui est raide amoureux et maîtrise mal ce phénomène inédit. D’où une ambiance survoltée, pour ce second épisode du deuxième cycle des aventures d’Isaac Sofer, fresque éblouissante déjà primée à Angoulême (meilleur album 2002), dont chaque épisode est un événement très attendu.


Bienvenue dans l’ère aglaglacière

Petite devinette : pourquoi les dinosaures sont-ils toujours bronzés impeccables ? (mais si, mais si !) Facile ! Parce qu’on les représente toujours hantant des bleds paradisiaques, pleins de fougères hautes de cinq étages, de plages immenses sans un seul vendeur de cacahuètes, le tout sur fond de volcans éructant comme dans les films de Cécile B. de Mille.

Et pourtant ! Vu le nombre d’ères glaciaires qu’a connu notre belle planète, les dinos ont dû comme tout le monde, à un moment donné, se souffler dans les pattes et se battre les flancs pour tenter de se réchauffer.

Quelles furent les conséquences de ce changement climatique pour les chères bestioles ? Quelles nouvelles inventions découlèrent de cette épreuve infligée à une population qui, n’ayant pas encore inventé l’aiguille, n’avait même pas la ressource de se tricoter une bonne écharpe de pure laine ? Bonnes questions. Herlé et Widenlocher, les chercheurs bien connus qui dissèquent depuis onze albums les tribulations apeupréhistoriques de Nabuchodinosaure (Nab pour les dames), se sont enfin penchés sur le douloureux problème.

Partis donc du principe que le fond de l’ère est frais, et même glacial, nos célèbres chercheurs en déduisent que le gel des cellules grises a eu pour étonnante conséquence la découverte du jeu d’échec (incroyable, non ?), qu’un froid super glagla ne fut pas sans conséquences sur les rencards amoureux et que l’abominable singe des neiges a eu des idées de jeux de baballe aussi sottes que grenues.

Mais que les lecteurs un peu frileux se rassurent. Ils pourront s’échauffer en dégustant d’abord quelques histoires se déroulant sous le beau soleil habituel de la série.


Lune d’Eau

Le sanguinaire Cirilo Parra a tué l’homme-puma pour expier les pêchés de son défunt père. En vain : si le fantôme errant a retrouvé le chemin de la tombe, la malédiction d’une indienne frappe toujours ses enfants. Leur salut viendra peut-être du voyage de Bartolomé, le jeune oracle dont les visions ont jusqu’alors guidé les pas des gauchos maudits.

Parce qu’il ne veut pas finir comme la lune « qui voit dans l’obscurité mais reste seule », Bartolomé part vers la mer. Tout en suivant les pas d’une femme rêvée par son parrain, il va à la recherche de la femme réelle.
Sous la plume de Jorge Zentner et les pinceaux de Carlos Nine, le rêve tutoie la réalité, qui elle-même flirte avec les mythes et les légendes. Leur écriture lapidaire a la puissance des rêves, celle de nous transporter ailleurs, d’éveiller en nous un écho sans que l’on comprenne réellement pourquoi.
Passion et vengeance sont les deux mamelles de ce conte fantastique aux résonances terriblement humaines. Car le chemin de Bartolomé, qui quitte la mère Pampa pour aller quérir la mer de ses rêves, est celui de tous ici-bas. Son parcours est celui du lecteur, qui chemine vers le bout de l’histoire, et apprend progressivement à discerner la réalité qui se cache au coeur des images oniriques.


Roshâne

Après avoir quitté le sol français, Guillaume débarque à Saint-Pétersbourg.

Nous sommes en 1825 dans une Russie dirigée par les Tsars. Perdu, Guillaume
ne sait guère où aller malgré la présence de Sudrie. Celui-ci lui avoue pourtant qu’ils doivent impérativement se rendre au lac Baïkal, de l’autre côté du pays !

Le voyage s’annonce long et périlleux…


Bec-en-Fer à Paris

Jean-Louis Pesch est le spécialiste de la BD jeunesse. Si tout le monde connaît Sylvain & Sylvette (publié au Lombard), n’omettons pas Bec-en-fer, une série accessible aux jeunes lecteurs mais aussi aux adultes qui y verront des allusions pertinentes à notre société…


Habitants du ciel (Les) – tome 1

Dans l’attente d’une nouvelle aventure de Valérian, les auteurs nous invitent à un voyage qui ravira plus d’un lecteur grâce à ce supplément de 12 pages qui sera vendu avec (ou sans) L’Atlas cosmique – Les habitants du ciel paru en 1991. De quoi combler d’aise les fans de la série !


Groin tranquille à la campagne (Un)

Le joyeux retour des beaux jours a fait bourgeonner une multitude de nouvelles idées dans l’imagination particulièrement fertile d’Angèle et de son suprenant complice René. Cette fois, le savoureux duo a trouvé un terrain de jeux où son espièglerie peut se manifester en toute liberté. Tranquille, ce coin de campagne où l’adorable fillette aux couettes d’or et son inséparable copain cochon se sont mis au vert !?