Blacktown, North Dakota. Emile Tourneur et Laura Peterson attaquent la banque. Laura est tuée dans la fusillade, elle avait 16 ans. Emile s’enfuit avec 8 000 dollars qu’il réduit en cendres. Il se fiche de l’argent, il se fiche de tout puisqu’il a perdu Laura.
Il a 17 ans et déjà 7 meurtres derrière lui quand le sergent Trent, de la police montée canadienne, part à sa poursuite. Trent le retrouve d’autant plus facilement que le gamin, « petit Poucet rêveur », laisse des traces évidentes de son passage sous forme de vers de Rimbaud inscrits sur les planches branlantes de granges abandonnées. Apparemment, il se fiche aussi d’être poursuivi. Il joue avec son destin, il jouera jusqu’à la fin.
Entre ce flic très humain, au passé douloureux, et ce gamin désespéré, va s’installer une tentative de compréhension, fragile et vouée au néant, étant donné les circonstances.
Dans les décors magnifiques des plaines et des forêts canadiennes, une histoire lumineuse et poignante, vécue par des personnages attachants, servie par un dessin aussi limpide que sensible.
Les Lumières de la France, c’est bien sûr, l’esprit des Lumières, ce souffle philosophique jusqu’alors inconnu qui balaya notre pays au XVIIIe siècle et qui aboutit à la Révolution française et la Déclaration des droits de l’homme. Un certain Comte, fervent lecteur des nouveaux philosophes, mais tirant ses revenus du négoce des esclaves, prend conscience du paradoxe de son quotidien, ce qui lui fait dire : « Je voudrais pouvoir dormir sereinement avec la certitude que notre compagnie pratique un esclavage à visage humain. »
Plongé dans ses réflexions, le comte délaisse peu à peu sa femme, la comtesse Éponyme, qui, elle aussi, pense beaucoup… Une fable philosophique irrésistible de drôlerie et de piquant par l’auteur du Chat du rabbin.
Une réédition de Lomax, l’album de Frantz Duchazeau qui nous entraîne sur les traces de la musique noire traditionnelle des États-Unis.
En 1933, John et Alan Lomax sillonnent les routes du sud des États-Unis pour collecter la musique noire traditionnelle à l’aide d’un dictaphone à cylindre. Les enregistrements se font dans les églises, les plantations du Sud et les pénitenciers. Leur mission : enregistrer les trésors du folklore américain (ballades, work songs, ragtimes, blues, hollers, chain gangs, etc.). Au-delà de cette histoire vraie du père et du fils, se dessine le portrait en creux d’une Amérique en pleine guerre raciale.
Lomax, un album où la musique est au coeur de la vie des ses auteurs.
Le chantier naval ferme, Marco est devenu père, sa mère apprend à vivre seule, un homme meurt dans la campagne, un journaliste craque. À partir de petites choses, de moments rares, de tristesses banales, Manu Larcenet continue de dresser le portrait d’un homme ordinaire, imparfait en lequel chacun d’entre nous reconnaît l’un des siens. « Planter des clous », dernier tome du « Combat ordinaire », clôt magnifiquement l’une des plus belles réussites de la bande dessinée contemporaine.
Marco a quitté Vélizy pour la campagne. Il a quitté son psy parce qu’il trouve qu’il va mieux. Il a quitté son boulot de reporter parce qu’il en a marre de photographier « des cadavres exotiques ou des gens en passe de le devenir ».
À part ça, tout va bien. Il a un frère complice (rigolades et gros pétards) qui l’appelle Georges et réciproquement, à cause de John Malkovich qui disait dans Des souris et des hommes : « J’aurai un petit lapin et je l’appellerai Georges, et je le garderai contre mon coeur. » Il a des parents au bord de la mer. Un papa tout ratatiné qui oublie le présent mais se rappelle très bien la couleur de la robe de sa mère le jour de son mariage. Une maman qui s’inquiète pour lui, sa constipation, son avenir et le cancer du poumon qu’il va sûrement choper, comme le fils de Mme Bergerin.
Après une virée affectueuse (et éprouvante) chez les parents, il retrouve le silence de sa petite maison dans la verdure, et son chat (baptisé Adolf en raison d’un caractère « affirmé »), qui se fait charcuter par le gros chien d’un sale con de chasseur. À cette occasion, il rencontre Émilie, vétérinaire de son état, et un chouette petit vieux qui ramasse des mûres. Ça lui fait un amour et un ami. Mais voilà que tout se déglingue : Emilie se met à vouloir des choses angoissantes (partager avec lui une maison et un bébé), et le passé dégoûtant du gentil petit vieux émerge brutalement. Marco craque. Et puis, la cruauté et la connerie achevant de détruire son monde, il touche le fond. Ce qui lui permet de remonter. « J’ai encore pas mal de choses à éclaircir si je ne veux pas être réincarné en plaque d’égout », disait-il en évoquant ses rapports délicats avec les femmes. Il évitera la plaque d’égout : il fera juste ce qu’il faut pour retrouver Émilie.
« C’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible », écrit Larcenet. C’est aussi un scénario parfaitement maîtrisé, drôle — de cette drôlerie complice qui évite l’ironie — et tendre, en totale osmose avec un dessin hypersensible au bonheur et à la détresse. (Sans parler du chat ou d’Emilie, le moindre canapé est craquant.) Le combat ordinaire, histoire légère et bouleversante d’une renaissance, est l’album le plus personnel de Larcenet, et le meilleur — en attendant le suivant.
Ce récit est un récit férocement piégé. Il démarre dans une cour de récréation, puis dans une salle de classe, où la caméra graphique virtuose de Larcenet immobilise très vite deux gamins d’une dizaine d’années : Gildas et Martina. Tout aussi. Gildas (dont le cri de guerre est : « Cosmonaute du futur! ») et Marina paraissent simplement un peu intoxiqués par la S.F., le fantastique. Ils voient des robots, des Aliens partout.
Pour eux, tout n’est qu’apparences trompeuses. Un grand complot menace tout le monde !.. Le lecteur sourit et s’amuse. Et puis soudain, quelque chose bascule. Le lecteur bascule avec, de manière vertigineuse…
Attention, événement ! L’une des plus fortes personnalités du rap français, Rim’k du 113 et fondateur du collectif Maghreb United, s’associe avec Régis Hautière – à qui on doit notamment Le Dernier Envol – et un dessinateur argentin, Walther Taborda, pour une bande dessinée totalement inédite. À partir de son expérience des quartiers, Rim’k brode sans complaisance ni cliché, une trame policière originale mettant en scène quatre adolescents embarqués malgré eux dans une magouille politique. Un album drôle et percutant.
La Lune Noire semble à son zénith et précipite les forces qui s’arrachent les lambeaux de l’Empire de Lhynn vers l’affrontement. L’issue de la bataille ne pourra être que le chaos et la mort pour l’Empereur, les grands vers, et les chevaliers de la lumière.
Wismerhill et sa bande de mercenaires ne seront pas que de spectateurs dans le jeu mortel qui débute. et la brûlante Succube, âme damnée de Wismerhill, devra choisir son vrai maître…
Sur le bord de la route, une affiche vante les joies de l’american way of life. Mais dans ce bled du Sud des Etats-unis où échouent Dixie et ses parents, la vie est dure pour les métayers couverts de dettes.
Et voilà que Jones, son charmeur de père, toujours belle gueule et prêt à faire des bêtises, joue les Robin des Bois en venant au secours des métayers avec l’argent qu’il a tiré d’un braquage de banque. Son « dernier » coup, disait-il. Puis il perd plus de 4 000 dollars au jeu et se fait piquer le reste par un flic local. Lessivé et toujours recherché pour son précédent braquage, il en tente un autre.
Pendant ce temps, Mrs Jones, qui est en réalité l’héritière d’une grande famille, trime dans les champs de coton. Et elle, c’est un mystérieux Cab Keena qui la recherche…
Quant à Dixie, qui a juste l’âge de tomber amoureuse du premier type capable de lui apporter un peu d’oxygène – en l’occurrence un journaliste occupé à écrire sur la grandeur des travailleurs de la terre -, elle apprend que décidément, on reste toujours seul dans la vie.
Sous de magnifiques ciels tourmentés – qu’on doit aux pinceaux de Marie-Paule Alluard -, le Sud des Etats-Unis dans les années 20, et les aventures d’une émouvante gamine de quatorze ans qui, décidément, veut croire aux mirages, alors qu’il ne fait pas bon être noir, ni « coco », ni pauvre, en ces temps de crise.
Dixie Road nous emmène dans les États-Unis des années trente. Le crack boursier a provoqué une crise aux lourdes conséquences économiques et sociales. La société Fisherman’s dream n’échappe pas à la règle. Au milieu de ce tumulte, la vie d’une jeune fille – Dixie – et de sa famille, ballottée par des événements qui les pousseront à prendre la route, à la recherche de l’american way.