La 27e lettre

Comme la conjonction des couleurs de l’arc-en-ciel se mue en lumière blanche, ainsi le silence de Berlin naît du fracas des décombres et des ruines d’un monde beuglant. Orphéons désaccordés, chants avinés surgis du bier stube, les « meine liebe » éperdus, le cri angoissé du tigre prisonnier du jardin zoologique, les cabarets aux plaisirs ambigus, les musiciennes aux seins nus et les seins suggérés des putains, Dame Misère qui s’égosille en refrains de Kurt Weill : la musique du temps qui passe. Et sur cette cacophonie danse Fred Capitole, le gamin sorti d’un ventre de hasard, et qui glisse vers nulle part. En chemin, il croise des tsiganes, des dames qui le prennent en amitié, et il découvre que la vie peut aussi s’allonger entre des draps de soie. C’est cela, Berlin entre les guerres : la faim et l’amitié, la survie et l’amour, les expédients et la luxure, les lumières de la vie.
Et la fureur mortifère des nazis.


Gaston biographie d’un gaffeur

C’est en 1965 que la série Gag de poche, qui compile soigneusement tout l’humour de la BD franco-belge au format poche, accueille Gaston, biographie d’un gaffeur, signé par Franquin et Jidéhem. Ce numéro spécial reprenait le mythique « numéro 0 » de la série éponyme, déjà considéré comme un classique du dessin d’humour et d’aventure, ainsi que le stipulait l’en-tête de la collection.

Plus de 50 ans après, à l’occasion de l’année Gaston qui célèbre les 60 ans du héros flegmatique au pull vert et en hommage à Jean De Mesmaeker qui inspira le personnage du même nom, les Éditions Dupuis rééditent cet album dans son format originel. Ces 128 pages d’humour et de fantaisie toute « gastonienne » ne manqueront pas de vous (re)plonger dans son univers d’extravagance et de joyeuses catastrophes.

Un petit livre pour de grandes émotions !


Agadamgorodok

C’est l’histoire de deux frères qu’apparemment tout oppose. Jules et Spéracédès. Ils ne savent pas qu’ils sont frères. Ils ignorent qu’ils ont, qu’ils ont eu, le même père. Jules est un rêveur, un naïf qui vit d’expédients. Spéracédès, un criminel, le chef de la maffia locale. Un jour, pourtant, un événement les rapproche et leur fait découvrir la vérité ; la vérité sur leur passé et sur eux-mêmes. Agadamgorodok est leur histoire. Mais c’est aussi le nom d’une ville obscure de Sibérie construite dans l’euphorie socialiste des années cinquante, aujourd’hui abandonnée à sa triste déchéance. Le climat y est rude. Rude y est la vie. Régulièrement, des gens disparaissent et l’on ne retrouve jamais leurs corps. L’oeuvre de Spéracédès, évidemment… Un récit tragique et flamboyant.


Orchidea

Presque une image de la sainte Famille. Papa, maman, sable, ciel avec étoiles — du genre de celles qu’on suit pour aller porter la myrrhe et l’encens à qui vous savez. Du reste, voici l’enfant qui s’annonce, ivre de printemps comme un oiseau débutant, dans cette douce coquille qu’est le ventre d’une mère. Mais pas de Rois mages, ni grange, ni douce nuit de Noël. Ici, c’est l’Arizona aride, et seuls ses fils et sa fille recherchent le vieux Ellsworth Humelsine, parti avec Rosita Rose, la serveuse de bar du bout du monde. Jeu de cache-cache ? Sans doute, avec une règle vieille comme le monde : « Trouvez-moi, s’il vous plaît ». Se retrouveront-ils, autour de la naissance de l’enfant, la petite Orchidea ?


Bonjour monde cruel !

« Bonjour, monde cruel ! » c’est sur cette invite que Geerts le timide entrouvre la porte de son monde. Un monde impressionniste et nostalgique qu’il bâtit par petites touches de lumières. Un monde où les tranches de vie sont brossées en sfumato et où l’école et la famille, les voisins, les vieux ou la psychanalyse sont croqués avec un humour moucheté et pourtant décapant.


Un peu avant la fortune

Etienne, détective privé de travail et d’amour, gagne le gros lot du loto. Mais entre posséder un ticket gagnant au fond de sa poche et déposer le véritable magot sur son compte en banque, se situe un espace temporel où la chance peut encore jouer les girouettes. Par exemple, si Etienne se rend dans une soirée et ingurgite trop d’alcool au point que ses amis lui interdisent de reprendre sa voiture, au point qu’il se trompe de ligne de RER, au point qu’il s’embrouille avec des punks qui lui volent son portefeuille… C’est le principe de l’avalanche: la boule de neige qui devient de plus en plus grosse. Mais l’avalanche ne connaît qu’une seule manière de s’arrêter : la chute au fond du ravin. Ainsi, en quelques jours, en quelques heures, Etienne, le millionnaire virtuel va peut-être voir sa vie basculer plusieurs fois.


Louis le Portugais

Au « Bar des bons enfants » se retrouvent tous les habitués du quartier : Louis le Portugais, chômeur en fin de droit; Pol et sa bande, toujours fauchés, toujours assoiffés, prêts à tout pour se faire un peu d’argent; Potché et Lam, deux enfants roumains qui apprennent la vie dans la rue; et surtout Dontcha, leur grande soeur qui fait tourner bien des têtes et battre bien des coeurs. Mais à quoi tous ces immigrés peuvent bien rêver lorsque leur avenir se limite à survivre ? Prêt à tout pour arracher un peu de bonheur à la grisaille, comment chaque personnage réagira face à l’adversité ?


La Beauté à domicile

Pour la première fois, Jeff a réellement l’impression d’être en présence d’une autre Angela. Une Angela sèche, dure et agressive, aux antipodes de « son Angela ». Plus que l’accident lui-même, c’est l’attitude d’Angela qui préoccupe Jeff. Elle a une expression qu’il ne lui connaît pas. C’est une sensation extrêmement désagréable. En la déposant à son rendez-vous, un peu plus tard, Jeff est soulagé de se libérer de cette présence étrangère. Étrangère… L’impression qu’il a eue en voyant Angela, la toute première fois, c’est qu’elle était différente. Elle ne ressemblait à personne. Il a tout de suite pensé qu’elle venait d’ailleurs, d’un autre monde. C’est précisément ce qui lui a d’emblée rendu Angela si proche, si familière, enfin… jusqu’à aujourd’hui.


Le roman d’Aire Libre

La collection Aire Libre fête ses 20 ans en 2008. Durant deux décennies, ce label prestigieux des éditions Dupuis a su élargir les limites de la bande dessinée et révéler les plus grands auteurs contemporains. Aujourd’hui, Aire Libre s’impose comme le lieu où le roman se dessine.
Thierry Bellefroid est journaliste et romancier. Il a notamment publié Les éditeurs de bande dessinée chez Niffle en 2005 et un livre d’entretiens avec Christophe Arleston en 2008. Pour Le roman d’Aire Libre, Bellefroid a mené son enquête auprès des acteurs majeurs de la collection.
Il raconte ici l’une des plus passionnantes aventures éditoriales de l’histoire de la bande dessinée.


Gaston – Au-delà de Lagaffe (catalogue de l’expo à la BPI)

Alors que les Éditions Dupuis célèbreront en 2017, les 60 ans de Gaston Lagaffe, la Bpi du Centre Pompidou lui consacre une exposition qui se tiendra du 7 décembre 2016 au 10 avril 2017.
Cet ouvrage nous révèle les coulisses du travail de Franquin, la pertinence de son regard sur une société en permanente évolution et son lien infini avec ce personnage. En 1957, personne n’avait perçu autant que lui combien la jeunesse aspirait à de nouvelles valeurs, dont les évènements de Mai 68 marquèrent l’avènement. Gaston, héros sans emploi, mais héros de son époque assurément.

Ce catalogue d’exposition de plus de 200 pages est riche d’une iconographie de grande qualité, alternant les documents d’archives, les photographies ou les dessins originaux, chaque fois mis en lumière par de nombreux extraits d’entretiens et commentaires de Franquin lui-même.

Nul doute que ce catalogue réjouira tous les amateurs de cette oeuvre hors norme et deviendra rapidement un livre de référence.