L’Ami Javin

1987. Après 213 pages de bons et loyaux services, Le Tendre et Loisel abandonnent leurs lecteurs, groggys, assommés par la conclusion de la Quête de l’Oiseau du Temps. Mara la princesse sorcière qui avait demandé au brave Bragon de mettre sa faucheuse au service du bien montrait son vrai visage : celui d’une horrible garce ne rêvant que d’asservir le monde.

Pelisse, la belle Pelisse, sa messagère, pour laquelle Bragon se serait joyeusement laissé découper en rondelles, se révèle n’être qu’une illusion qui se dissout dans les bras du vieux chevalier, tandis que monte en lui un vent de folie. Vent qui va virer, vite fait, à la tempête et emporter la raison du bonhomme.

Loisel et Le Tendre ont sans doute estimé qu’il fallait une bonne décennie pour que les lecteurs leur pardonnent leur vilenie. Enfin, bref les revoilà pour nous conter le deuxième cycle de La Quête de l’Oiseau du Temps. Nous sommes quarante ans avant le premier. Bragon n’est qu’un jeune plouc, obscur paysan ne rêvant que de voyages et de baston. Mara, elle, belle à damner tous les héros, découvre comment il est aisé, pour une princesse faite au moule, de faire valser les coeurs.


L’Albinos

Two Oaks, à vingt miles de San Diego, Californie – sa grand-rue, noire de gadoue l’hiver, grise de poussière l’été.

C’est là qu’ont grandi Bob, Tony, le gros Douglas et Kim, la fille-garçon. Et aussi la petite Kathy… La première fois que Tony la voit, elle est moche, chauve, grassouillette et pleine de bave – un bébé, en somme. Et puis l’avorton se métamorphose, et Kathy devient si belle que ces jeunes crétins travaillés par leurs hormones commencent à la trouver bêcheuse.

Un jour d’été, ils ont une idée – le genre d’idée que les violeurs appellent une « plaisanterie », après : il l’invitent à une pseudo-fête, la font boire et commencent à prendre des paris sur son pucelage… Mais Kathy prend très mal la chose. En fait, elle disjoncte complètement et la « plaisanterie » tourne au carnage : deux morts, une main arrachée.

Et Tony explique au shérif que le violeur et l’assassin, c’est un albinos…

Au départ, Abuli et Perez voulaient faire un western, mais ils n’y croyaient qu’à moitié et ils ont opté pour une histoire africaine avec Masaïs. Mais ils ne le sentaient pas vraiment et, un jour d’agapes à Madrid, ils sont tombés d’accord sur un truc de S-F avec poulpes galactiques. Mais ça n’allait pas non plus.

Et finalement, ils ont imaginé cette histoire-là, qui part comme un gentil prospectus publicitaire teenagers sympas et finit dans le cauchemar – sanglant d’abord, climatisé ensuite.


L’Ultime Assassin

Résumé des épisodes précédents.

Le Parrain est mort et l’héritier a pris la relève : Don Cenetonne, 12 ans. Mais personne n’ayant l’intention de se laisser diriger par un moutard, les familles ont déclenché une guerre à laquelle le moutard a répondu avec une étonnante efficacité.

Après une suite ininterrompue de carnages et d’enterrements, Don Cenetonne s’en va en week-end avec sa Nadine adorée, une superbe blonde spécialisée dans la sécurité rapprochée. Ils en profitent pour s’avouer leur amour, mais Nadine, qui sait tuer un homme de 432 façons, ne sait pas quoi faire avec un gamin de douze ans.

Dieu merci, ils ont d’autres sujets de préoccupation, car les familles rêvent toujours de trucider Don Cenetonne. Et pendant qu’on lui prépare une entourloupe à Tokyo pour la prochaine réunion, on lui envoie à domicile deux  » ultimes assassins  » – un couple de jumeaux plutôt chochottes mais très méchants et très bien équipés. Agression à laquelle Don Cenetonne répond avec son brio habituel.

La prochaine fois, ça va barder à Tokyo. Et nous attendons avec impatience la suite de cette série d’anticipation explosive, qui manie la cruauté sanglante –  » il n’y a pas de manière gentille de tuer quelqu’un  » – avec humour et bonne humeur.


L’Héritier

Don Cenettone – 14 ans – hérite d’un empire fait de corruptions, de meurtres et d’embrouilles en tout genres. Présenté aux familles lors d’un Conseil, il expédie (dans tous les sens du terme) les affaires courantes !


L’Insubmersible Achille Talon

Son petit chapeau, son gros ventre et sa canne sont connus de tous : Achille Talon, l’archétype parfait du français moyen, hante les pages de PILOTE depuis 1963. Greg, son créateur, lui façonne un petit monde à sa mesure : un pavillon coquet en banlieue résidentielle, un voisin agaçant (Lefuneste), une fiancée snobe (Virgule de Guillemets), un père amateur de bière et aussi une brave maman qui lui bichonne de bons petits plats. Achille possède un coeur gros comme ça, un cerveau choc (…), une profonde estime pour sa propre personne et une aptitude à la parole impressionnante : son verbiage est emphasé à souhait. Jusqu’en 1976, Achille Talon est le héros de gags qui tiennent en une ou deux planches; il partage son temps entre son pavillon et la rédaction du journal POLITE pour lequel il est censé travailler en qualité de « héros ». À partir de 1977 les aventures d’Achille Talon change de rythme : de longues histoires ponctuées de nombreux rebondissements remplacent peu à peu les planches à gags. C’est aussi à ce moment que l’éphémère journal d’Achille Talon est lancé.

Greg excelle à caricaturer des personnages célèbres de la BD (Goscinny, Charlier etc.). Son trait est rond, efficace et direct.


L’Odyssée de l’espèce

Mine de rien, il y a du génie dans Nab. Herlé n’a peur d’aucune idée saugrenue (King Kong; l’île de Paak; le téléphone portable au temps des dinosaures, ô Bonne Mère !) et Roger Widenlocher a, au bout de son crayon, une virtuosité capable de tout faire passer. Résultat : On referme cet album avec l’impression de quitter des amis aussi sympathiques que rigolos.


L’Homme à l’étoile d’argent

En matière de western, Blueberry constitue la référence absolue. C’est en 1963 qu’est créé ce personnage pour PILOTE par Charlier et Giraud. Ils campent au départ un solide soldat qui s’affiche comme le sosie de Belmondo. La ressemblance s’estompe au fil des épisodes. Blueberry est une forte tête : teigneux, pas toujours respectueux de la rigueur militaire, indiscipliné, il n’hésite pas parfois à déserter pour remplir au mieux ses missions. Le scénario utilise tous les poncifs du Western américain avec tout ce qu’il faut de rebondissements et de personnages pittoresques (Mc Clure, Angel Face, Red Nick, Chihuahua Pearl etc. sans compter les Indiens qui sont réhabilités par les auteurs, point de vue adopté d’ailleurs dans Cartland). Parallèlement au cycle classique de la saga de Blueberry, Giraud dessine entre 68 et 70 la jeunesse du futur lieutenant. Cette « série » reprend son cours en 85 sous le crayon de Colin Wilson, très respectueux du style imposé par Giraud. Les albums ont successivement été édités par Dargaud (22 titres, l’essentiel du fond) puis par Fleurus/Hachette, puis par Novédi et enfin par Alpen pour la nouveauté dessinée par Vance. Dargaud a entrepris la réédition des albums Blueberry remaquettés et agrémentés de nouvelles couleurs.


L’Oeil de Wedal

Rockson, l’homme des Highlands qui vécut il y a 2 000 ans et lutta pour la survie de son clan, revit au XXe siècle en Donan, son double, son frère. Et Donan, échoué par hasard dans la vieille demeure de Malheig, va remonter le temps pour tenter de sauver Rockson.

Les forces du bien et du mal s’affrontent. Un aigle, qui est le lien entre le monde des dieux et le monde des hommes, est là pour guider Donan, qui, caché dans les combles du château, communique avec Rockson. Ensemble, ils vont voir ce qu’aucun homme n’a vu. Ils vont retourner à l’origine des choses, là où se trouve l’oeil de Wédal, l’oeil du monde.

Dans le décor glacial des Hautes Terres d’Ecosse, un voyage fantastique aux frontières du temps, nourri d’anciennes légendes celtiques, pour ce Highlander qui vit à des siècles de distance deux vies jumelles dont l’enjeu est l’ordre ou le chaos.