Les Pieds Nickelés – Demain sera un autre jour

Les personnages de BD ne sont-ils que des héros virtuels inventés par les auteurs ? Certainement pas. C’est à partir de ce postulat que Didier Convard et André Juillard ont imaginé quelques-uns des plus célèbres personnages de BD au crépuscule de leur vie ! Correspondances, mémoires et souvenirs de quelques héros mythiques dont Blake et Mortimer, Barbe-Rouge, Johan & Pirlouit, Les Pieds-Nickelés.


Les Fauves


Le Départ

Cette nouvelle série met en scène, en 1825, un jeune Français, Guillaume Montbrun qui, à la suite de fâcheux événements, se retrouve en Russie puis en Sibérie à la recherche d’un groupe de soldats napoléoniens, reste fantomatique de la grande armée placée sous le commandement du mystérieux Baba Yaga.

Tout débute en Bretagne. Guillaume vit avec son père adoptif ; doté d’un caractère insouciant, séducteur et téméraire, Guillaume finit par agacer certaines personnalités, jusqu’à provoquer des duels. Cette situation inconfortable l’amène à fuir la région et à partir vers Paris. Alors qu’il se croit en sécurité, il découvre vite que plusieurs poursuivants sont toujours à sa recherche dont un certain Rutherford pour des raisons d’abord obscures. Rutherford est en fait un mercenaire anglais à la solde d’un chef tartare…

Traqué, Guillaume poursuit son périple vers l’Est et embarque à bord d’un navire, direction la Russie. Aventure, romantisme et humour sont les mots clés de ce western européen (Eastern, forcément !). L’une des particularités de la série est d’apporter des éléments liés à la série La Croix de Cazenac également scénarisée par Boisserie.

Les aïeux des Cazenac apparaîtront, le trésor lié à la Croix est évoqué : un spin off qui vient enrichir la saga Cazenac.


La Vie en rose

Au début, Néomie est un foetus heureux : pas de poubelles à descendre, pas de PV, pas de concurrence, c’est la béatitude amniotique. Petite fille, bien que très affectée par la mort de la maman de Bambi, elle crapahute dans les verts pâturages de l’enfance avec un entrain qui ressemble beaucoup au bonheur. Mais voilà qu’un jour, elle devient une vraie femme en état de marche et étrenne son premier soutif ce qui l’emballe moyennement. Il faut dire que nous sommes avant 68, avant l’invention du tampax et du féminisme, autant dire au Moyen Age. Elle étrenne aussi son premier prince charmant, et c’est là que les choses se compliquent. D’amours foirées en extases « chimiques » plutôt réussies, elle va s’en prendre plein la poire, jusqu’à ce que lui vienne cette sagesse qui consiste à capter les petits bonheurs au lieu de cavaler après l’escroquerie du siècle : le gros bonheur bien cadré et obligatoire.

« Prends du bleu, prends du rose et touilles, tu obtiendras la couleur de l’hématome », dit Jean Teulé dans sa préface. Cestac étant imbattable pour nous dessiner les grands enthousiasmes pétaradants et les déconvenues qui s’ensuivent, cette vie couleur hématome, racontée avec franchise et crudité, est tordante. Les filles s’y retrouveront spontanément, et les garçons auront entre les mains un document utile sur le « mystérieux » fonctionnement des filles. Mais l’album s’adresse surtout à ceux qui, parfois, doutent de la « qualité » de leur bonheur. Ils verront que tout est relatif et que la poursuite du bonheur sous toutes ses formes, en solitaire ou en famille décomposée, recomposée, etc…, c’est comme la chasse au dahu. On revient bredouille mais on s’en fout. Ce qui compte, c’est la balade et le pique-nique. Voilà une pensée revigorante, n’est-il pas ?


Le Fantôme de Wah-kee

Jonathan Cartland n’est qu’un paisible trappeur jusqu’au jour où sa vie bascule : sa femme Petite Neige, qui vient de lui donner un fils, est assassinée. Passé le goût de la vengeance, Cartland s’engage comme éclaireur de l’armée américaine et part à la découverte des espaces sauvages de l’ouest. Ce western tout à fait particulier est en plus un témoignage qui fait foi d’hommage au peuple indien. Le dessin de Blanc-Dumont, d’une rare finesse, excelle à reconstituer les paysages grandioses et à dessiner les chevaux dont qu’il apprécie particulièrement. Le scénario de Laurence Harlé est documenté, humain, riche en situations originales pour un western.

Cartland échappe aux conventions du « cow-boy », c’est un personnage qui lutte et doute, apportant ainsi une dimension supplémentaire à cette série. Le rythme de parution depuis 1974 est d’environ un album tous les 2 ans.


La Ville de Nulle Part

Bob Morane symbolise le héros de BD parfait ! Rusé, costaud, aimant le risque, prêt à lutter contre le mal, ce célibrissime agent des services secrets envoie tout valdinguer sur son passage en compagnie de Bill Balentine, son inséparable compagnon d’aventure.


P’tites Histoires à l’école

Après leur magnifique Lie-de-vin, Berlion et Corbeyran retrouvent leur mascotte, Soupetard, aux prises avec son cursus scolaire. Soupetard aime bien tomber malade le jour de la compo, mais pas le jour du carnaval. C’est un enfant normal. Le jour de la rentrée, il est de mauvais poil. (C’est la moindre des choses.) Mais le jour de la sortie, la maîtresse le charge de redistribuer les bidules confisqués pendant l’année : une gomme couineuse, un chewing-gum fossilisé, 21 billes, un lance-purée, etc. Là, tout le monde est content et il est le héros.

Et puis il y a les gros problèmes – le jour de la visite médicale, avec Mlle Vermifuge qui distribue l’huile de foie de morue à la louche – et les petits problèmes : où est passé le têtard à une patte ? Où planquer efficacement son carnet de notes ? Comment gagner des bons points pour avoir une image ? (En organisant un « grand pestacle de magie avec antrez peillante : 1 bon point ».)

Soupetard, sa soeur à lunettes, son lapin et ses copains dans une série d’histoires courtes qui sentent bon la craie, les bêtises de mômes, la débrouillardise et les grosses révoltes : « Me peigner ? Et pourquoi pas que je devrais me brosser les dents aussi ? » C’est vrai, ça. Et pis quoi encore pendant qu’on y est ?


Les Couleurs de l’infamie

Le Caire, capitale jadis resplendissante, aujourd’hui délabrée.

Une multitude désoeuvrée déambule tranquillement dans un chaos de voitures qui semblent n’obéir à rien. Attablé à une terrasse de café, Ossama, voleur de son état — pas un voleur légaliste comme n’importe quel banquier, mais un modeste voleur aux revenus aléatoires — guette sa proie : un type arrogant qui s’agite dans l’espoir d’attirer l’attention de son chauffeur. Trois minutes plus tard, le type est délesté de son portefeuille en croco, dans lequel Ossama trouve une lettre qui compromet à la fois le type au portefeuille (promoteur véreux mouillé dans un génocide immobilier — cinquante morts sous les décombres d’un de ses immeubles) et le ministère des Travaux publics.

Devenu  » par décret divin  » dépositaire d’un scandale de niveau ministériel, Ossama ne sait comment faire exploser cette bombe. Par l’intermédiaire de son maître Nimr — qui lui a appris le métier —, il rencontre le lettré Karamallah, un homme qui vit dans le cimetière avec les milliers de sans logis installés là sans rien demander à personne. Et cet homme sage, très amusé par la lettre mais persuadé qu’elle n’a rien d’une bombe — le banditisme des hautes sphères étant une péripétie communément admise —, trouve un moyen  » plaisant  » de l’utiliser. Un moyen qui démasque, dans un grand rire salvateur, la face ignoble et grotesque du pouvoir — et toutes les couleurs de l’infamie.

Amoureux du Caire, Golo rêvait de dessiner la ville à travers les romans du grand écrivain égyptien Albert Cossery — rêve réalisé en 1991 avec Mendiants et Orgueilleux, et aujourd’hui avec Les Couleurs de l’infamie.

Les Couleurs de l’infamie est une adaptation fidèle du roman éponyme, Golo ayant conservé au maximum les dialogues savoureux de l’auteur et l’élégance de son langage, joliment soutenus par la chaleur et la vivacité du dessin. C’est aussi une belle rencontre, Cossery ayant fait confiance à Golo et l’ayant laissé entièrement libre, tout en répondant aimablement à la moindre de ses questions.

Cet hommage de Golo à Cossery —  » un homme libre  » — est aussi une balade dans l’âme d’une ville, avec des personnages irrésistibles (y compris les rôles secondaires, comme le père d’Omassa) qui cultivent une philosophie artisanale tout à fait réjouissante — cet humour très spécial, fait de dérision et de joie de vivre, qui tient lieu de résistance aux habitués de la débrouille.

Cet album est doublement réussi. En tant que bande dessinée, originale, drôle et tendre, et en tant que mise en appétit : il nous donne envie, si ce n’est déjà fait, de découvrir Albert Cossery, le  » vagabond céleste « .


La Conspiration des poissonniers

1933 : dans le décor merveilleusement restitué du Train bleu, à la gare de Lyon, Dick Hérisson retrouve son vieil ami le docteur Nulpar. Celui-ci, juste avant de mourir dans une épouvantable et mystérieuse odeur de poisson pourri, lui confie la clé de sa maison d’Arles, gardienne, dit-il, d’un « terrible secret ».

Le secret, c’est le vieux journal moisi de Théotime Nulpar, pilotin à bord du Rosenkreutz un demi-siècle plus tôt. Ce journal raconte l’ultime traversée du navire avec sa cargaison maudite – une espèce d’énorme oursin de métal qui, selon une antique légende sumérienne, servirait de sarcophage à un dieu sanguinaire, Shub-Ur-Khur, « celui qui dort sous les mers ».

Dick Hérisson et son ami Jérôme Doutendieu partent donc à la recherche de l’épave et la trouvent : le monstre est toujours dans la cale, bien vivant et visiblement décidé à nuire.

Est-il possible que l’horrible légende dise vrai ? Et pourquoi cette odeur de poisson pourri les suit-elle partout ? Et où sont justement passés tous les poissonniers de Marseille ? Vous le saurez en lisant cette cinquième aventure du célèbre détective Dick Hérisson – émule cocasse de Harry Dickson – qui confirme le talent de Savard, son art de mêler le charme rocambolesque et le sérieux « scientifique », son sens des atmosphères pittoresques – entre autres, une virée dans le milieu marseillais, avec Ange-Gabriel Belleparte, le caïd qui a de la morale, « fatche de putaingcon »…


Les Fils du Dragon

Bob Morane symbolise le héros de BD parfait ! Rusé, costaud, aimant le risque, prêt à lutter contre le mal, ce célibrissime agent des services secrets envoie tout valdinguer sur son passage en compagnie de Bill Balentine, son inséparable compagnon d’aventure.