Des Champs de fraises pour toujours

Un avatar, c’est bien sûr une métamorphose, un changement le plus souvent en mal, mais c’est aussi le nom des différentes incarnations des dieux de l’Inde, notamment celles de Vishnu (Petit Larousse). Allez savoir pourquoi l’on donna ce nom aux sympathiques monstres qui se matérialisèrent dans la campagne anglaise à deux pas d’une baraque Fish and Chip (la thèse de l’odeur a été rapidement abandonnée).

Nul ne sait encore aujourd’hui d’où viennent ces  » avatars « , vu que leur vocabulaire se réduit à un  » omph  » péremptoire mais réducteur (ceux qui les qualifient un peu rapidement de Martiens font preuve d’une certaine légèreté).

Toujours est-il, que bons comme le bon pain, ces monstres violets, bleus ou verts amenèrent bien vite les députés anglais à se déchirer. Avec leur délicatesse habituelle, les conservateurs voulurent les envoyer illico prendre de l’exercice dans les mines, alors que les travaillistes réclamèrent pour les nouveaux venus, au minimum,  » les mêmes droits que pour nos nègres « . Ils eurent gain de cause. La civilisation est en marche quoi qu’en disent les mauvaises langues.

C’est ainsi qu’Archibald, Rodney et les autres se retrouvèrent facteur, livreur de lait, groom, garçon d’ascenseur, tailleur. Un nouvel exemple d’entente cordiale réussie. Tout alla le mieux du monde jusqu’au jour où un émule de la Marque jaune vida la tour de Londres de ses trésors. Et qu’on aperçut Archibald, l’avatar livreur de lait, faire sa tournée spectre royal en main et couronne sur la tête. Damned, Albion aurait-elle réchauffée une poignée de vipères dans son sein ?

Hilarant ! La nouvelle série imaginée par Pierre Veys (Baker Street) et Bazile (les Forell) jongle avec la mode des 60’s, fait revivre Beatles et Rolling stones, joue les clins d’oeil en série, se paie aussi bien la famille royale que les frenchies bouffeurs de camembert (à propos de gauloiserie à la française, se reporter au gag en arrière-plan de la page 7, mais nous, on vous a rien dit, hein !). A savourer autant pour les images que pour les textes.


Le Secret d’Elisa Davis – tome 2

Où l’on retrouve nos héros Eric, Baba et Triple Pattes perdus dans la jungle et capturés par des soldats Espagnols, où l’on retrouve aussi Elisa Davis, décidée à suivre le destin de ses deux mères, les fameuses Mary Read et Ann Bonny, où l’on découvre enfin son terrible destin et l’incroyable et véritable histoire de ces femmes pirates, combattant sur les navires les plus sanguinaires. Une superbe fin de cycle digne des meilleures histoires de Barbe Rouge.

Dans leur fuite pour échapper aux Indiens Chocos, Eric, Anny, Baba et Triple Pattes sont bientôt séparés et se perdent dans l’épaisse forêt. Anny veut mettre la main sur la mystérieuse « caisse aux armoiries » mais n’en a pas le temps : des soldats espagnols les arrêtent et les conduisent à Porto Bello. La cité est en ébullition depuis qu’une escadre anglaise a été signalée au large. Eric et Anny sont enfermés dans une cellule du fort.

Pour s’occuper l’esprit, Anny entreprend de raconter la suite de sa rencontre avec Barbe Rouge, quand elle n’était encore qu’Elisa Davis… Décidée à suivre le destin de ses deux mères, les fameuses Mary Read et Ann Bonny, elle parvient à se glisser parmi le nouvel équipage du Faucon Noir. Baptême du feu au large des côtes normandes. Elisa découvre la réalité de la piraterie : pas de quartier.

C’est au cours d’une rencontre avec des contrebandiers, chargés d’écouler les cargaisons pillées, qu’Elisa apprend le retour du baron de Meade Falkner – l’assassin de ses parents – à Kernevac, son village natal. Vengeance. Porto Bello est attaquée avant la fin du récit d’Anny. Elle pense qu’ils sont désormais tirés d’affaire. À condition de ne pas succomber au canonnage des Anglais…


Un Yankee nommé Blueberry

Lorsque J-M Charlier et Giraud se lancèrent dans La Jeunesse de Blueberry, ils ne pouvaient pas imaginer à quel point cette autre facette de la vie de Blueberry allait passionner les lecteurs. c’est Michel Blanc-Dumont qui en assume aujourd’hui le graphisme – avec maestria – aux côtés du scénariste Corteggiani.


Le Piège espagnol

Barbe-Rouge, alias le  » Démon des Caraïbes « , est bien sûr le fameux pirate (imaginé par Charlier & Hubinon) qui écumera toutes les mers du globe à bord de son célèbre Faucon noir. Larguez les amarres !


Le Secret d’Elisa Davis – tome 1

Rien de tel qu’un peu de sensibilité féminine dans une histoire d’hommes, non ? Jusqu’à présent, les rares héroïnes qui fréquentaient la dunette de Barbe Rouge donnaient plutôt dans le genre oies blanches ou héritières à sauver. L’arrivée d’Anny, compagne du célèbre pirate lors des deux derniers albums, amenait une grande bouffée d’air nouveau. Mais, langue bien pendue et pistolet vite braqué, Anny faisait plutôt penser à un garçon manqué bien qu’elle soit fille réussie. Partager la vie de Barbe Rouge ne l’empêchait cependant pas d’être sensible au charme du fils. Tout cela aurait sans doute fini par mal tourner si Barbe Rouge n’avait eu la bonne idée de disparaître au fond d’un gouffre apparemment sans fond, emporté par le trésor des Incas dans sa dégringolade.

Voici donc la belle Annie, Éric, obsédé par l’idée de reprendre une vie honnête – il est bien le seul-, Triple pattes et Baba tentant de rejoindre Porto Bello d’où ils espèrent embarquer pour l’Europe. C’est là, sous des trombes d’eau, les pieds dans la boue et le moral dans les chaussettes, qu’Annie va raconter son enfance à Eric. Une vie pauvre près des récifs de Cornouailles. Une vie qui bascule quand son père, tavernier, est retrouvé noyé. Lui qui, pourtant, jamais ne naviguait et ne savait même pas nager…

Un portrait de femme, pardon de deux femmes, car la mère d’Annie, elle aussi, vaut le détour, qui nous font oublier jusqu’à la dernière image de la dernière planche que Barbe Rouge est absent du Secret D’Elisa Davis. Même s’il en est au coeur…


Le Summum Achille Talon

On n’a pas tous les jours quarante ans. Pour fêter, à sa juste démesure, les deux fois vingt ans du plus célèbre érudit de la bande dessinée, voici quarante gags représentant la substantifique moelle de l’oeuvre du maître. L’occasion de redécouvrir, ou de découvrir, un univers unique en son genre où se côtoient, dans l’amour ou la haine, Papa Talon, Maman Talon, Hilarion Lefuneste, Virgule de Guillemets, et les collaborateurs du journal « Polite ».

Et hop ! Le concept est simple : 40 ans, 40 gags ou l’évolution du Maître Talon traversant les époques comme un phare, que dis-je, une péninsule, brillant de mille feux et indiquant à tous une seule direction : le rire par l’énorme. Le gros donc la vie.


La Tribu fantôme

En matière de western, Blueberry constitue la référence absolue. C’est en 1963 qu’est créé ce personnage pour PILOTE par Charlier et Giraud. Ils campent au départ un solide soldat qui s’affiche comme le sosie de Belmondo. La ressemblance s’estompe au fil des épisodes. Blueberry est une forte tête : teigneux, pas toujours respectueux de la rigueur militaire, indiscipliné, il n’hésite pas parfois à déserter pour remplir au mieux ses missions. Le scénario utilise tous les poncifs du Western américain avec tout ce qu’il faut de rebondissements et de personnages pittoresques (Mc Clure, Angel Face, Red Nick, Chihuahua Pearl etc. sans compter les Indiens qui sont réhabilités par les auteurs, point de vue adopté d’ailleurs dans Cartland). Parallèlement au cycle classique de la saga de Blueberry, Giraud dessine entre 68 et 70 la jeunesse du futur lieutenant. Cette « série » reprend son cours en 85 sous le crayon de Colin Wilson, très respectueux du style imposé par Giraud. Les albums ont successivement été édités par Dargaud (22 titres, l’essentiel du fond) puis par Fleurus/Hachette, puis par Novédi et enfin par Alpen pour la nouveauté dessinée par Vance. Dargaud a entrepris la réédition des albums Blueberry remaquettés et agrémentés de nouvelles couleurs.


Le Pirate sans visage

Barbe-Rouge, alias le  » Démon des Caraïbes « , est bien sûr le fameux pirate (imaginé par Charlier & Hubinon) qui écumera toutes les mers du globe à bord de son célèbre Faucon noir. Larguez les amarres !


Les Idées d’Achille Talon cerveau choc

Son petit chapeau, son gros ventre et sa canne sont connus de tous : Achille Talon, l’archétype parfait du français moyen, hante les pages de PILOTE depuis 1963. Greg, son créateur, lui façonne un petit monde à sa mesure : un pavillon coquet en banlieue résidentielle, un voisin agaçant (Lefuneste), une fiancée snobe (Virgule de Guillemets), un père amateur de bière et aussi une brave maman qui lui bichonne de bons petits plats. Achille possède un coeur gros comme ça, un cerveau choc (…), une profonde estime pour sa propre personne et une aptitude à la parole impressionnante : son verbiage est emphasé à souhait. Jusqu’en 1976, Achille Talon est le héros de gags qui tiennent en une ou deux planches; il partage son temps entre son pavillon et la rédaction du journal POLITE pour lequel il est censé travailler en qualité de « héros ». À partir de 1977 les aventures d’Achille Talon change de rythme : de longues histoires ponctuées de nombreux rebondissements remplacent peu à peu les planches à gags. C’est aussi à ce moment que l’éphémère journal d’Achille Talon est lancé.

Greg excelle à caricaturer des personnages célèbres de la BD (Goscinny, Charlier etc.). Son trait est rond, efficace et direct.


Les Aventuriers du Trou Blanc

Rien ne va plus dans les voies du temps ! Sur la planète Lazulia, des brèches temporelles éclatent à qui mieux mieux. De drôles de trolls et des géants en tout genre se sont mis à pulluler. Une brigade temporelle, à laquelle s’est joint Altor, est chargée d’éclaircir ce mystère. Mais il ne donne plus de nouvelles. Il est en vadrouille dans le trou blanc, là où le temps ne s’écoule pas. On le prend pour le Gamdiri, un personnage prophétique. Altor a quand même quelques doutes, tandis que son périple l’emmène de surprises en découvertes…

Une île-trognon, des marches interminables où l’on attrape le « mal de l’escalier », des ascenseurs en forme de barque et qui ne passent qu’une fois tous les dix mille ans, des jeux au nom mystérieux ( » l’énigme du grand tout « ,  » le mikado incertain « )… Avec Altor, le lecteur s’embarque pour un voyage aux confins du réel et de la raison. Rien d’étonnant : le scénario de cette saga est signé Moebius. Il a trouvé en Bati le dessinateur idéal pour donner forme à son imaginaire inépuisable. Son trait tout en douceur installe un climat onirique teinté de poésie.

Pour un peu, on plongerait volontiers dans le monde du non-temps. Facile : il suffit de tourner la page… On ne présente plus Jean Giraud, alias Moebius ! Ce dessinateur d’exception est le Janus de la bande dessinée. Côté pile, il signe Giraud (ou Gir). Avec le scénariste Jean-Michel Charlier, il est le dessinateur de Blueberry, l’une des plus mythiques séries de la BD contemporaine. Côté face, il signe Moebius.

Sous ce pseudonyme, apparu pour la première fois dans les pages de Hara-Kiri en 1963, il s’est révélé comme un inventeur de formes à l’imaginaire exceptionnel (Arzach, Major fatal, John Difool…). Quant à Marc Bati, né en 1960, son graphisme fait de lui le partenaire idéal de Moebius.

Même souplesse du trait, même sens du merveilleux, même capacité à donner naissance à des univers oniriques… Depuis leur rencontre, en 1982, ils ont réalisé La nuit de l’Etoile et le cycle du Cristal majeur, les trois premiers tomes de la série Altor. Bati est aussi le scénariste de Sylfeline, dessinée par Bellamy.