Tamo

L’Etoile d’Orient n’atteindra jamais Istanbul. Boum ! Loco et wagons s’envoient en l’air dans un grand fracas. Les terrorristes du SILOLM (Séparation Indépendance Ou La Mort) applaudissent.
L’obscur combat qu’ils mènent pour l’indépendance de leur pays va enfin parer la Une des quotidiens occidentaux. Un imprévu toutefois, comme une ombre au tableau : Radovan Radic, le chef historique de SILOLM, de retour d’un long exil à l’étranger, était présent dans le train !
Sa dépouille gît désormais dans les décombres calcinées.
Aleksis Strogonov a eu plus de chance. Indemne, il devra pourtant accompagner les combattants du SILOLM jusqu’à leur quartier général, dans la montagne.
Là, il affrontera toutes sortes de périls : s’occuper d’une gamine, échapper à un sanglier, etc.
Tamo, qui signifie « là-bas » en yougoslave, représente une oeuvre dont le message profond serait « quel bordel la guerre! ».
Entre nationalistes, séparatistes, traditionnalistes et autres « istes », Aleksis Strogonov ne s’ennuiera pas. Nous non plus.


Fou d’Elles

Fou d’elles étant la suite de Toutes folles de lui, ça continue : toutes les femmes sont folles de Wigelow. Il n’a qu’à se pointer dans un bar pour que la plus belle femme de la ville lui tombe dans les bras. Pourtant, de l’avis des témoins écoeurés, il est moche, névrosé, un peu abruti et d’une hygiène douteuse. Et pour tout arranger, il est perpétuellement bourré. Tout ça pour oublier qu’il est victime d’une affreuse malédiction : chaque fois qu’une femme l’aime, son mari meurt.

Voilà donc Wigelow suspecté de tuer par télékinésie. Mais il y a un deuxième suspect, de taille (104 kilos) : le général Kirk, un type très distingué qui cogne son épouse (une marie-connasse, d’après lui) et trouve que les femmes sont faites pour éponger le mari, torcher les mômes et faire des confitures…

Mais Wigelow, tout en réussissant l’exploit de ne pas dessoûler une seconde de tout l’album, va se montrer plus malin que prévu et découvrir ce que cache cette « malédiction ».

Rodolphe boucle avec élégance une histoire pleine d’humour et de cruauté, dessinée par un virtuose de la « tronche », des ambiances lugubres et du cadrage qui tue – gros plan sur les amygdales des amateurs de boxe en train de hurler « castrez l’arbitre », par exemple…


Century Club

1901, aux Etats Unis. Quatre hommes vont devoir faire équipe afin de déjouer une sombre conspiration qui menace l’occident. Sous le nom de code Weird Enforcement Special Team (WEST), ces hommes vont agir sans que la Maison Blanche ne soit forcément tout à fait au courant de leur existence…

Séparément, ils sont dangereux, ensemble, ils sont incontrôlables. À leur tête, un Anglais aux nerfs d’acier, Morton Chapel, que Richard Clayton a réactivé « officieusement ». Ce conseiller à la Maison Blanche a en effet compris que le pays entier court un danger, que le chaos est aux portes du pays.
En effet un climat de folie gagne la société américaine et plusieurs hommes influents semblent avoir perdu la tête, sans raison apparente. Quant aux autres, dont Lennox, leur sort est tout simplement entre les mains d’un personnage diabolique (…) qui fomente dans l’ombre. Son nom : Crowley. Suivi par des tueurs implacables qui n’ont plus rien d’humain, les Sicaires, Crowley installe un climat de terreur et le Président de la république lui-même est menacé. L’Histoire est en marche…


Toutes folles de lui

Wigelow, l’adjoint de Cliff Burton, se sent seul. Il potasse un manuel de séduction et fait quelques piteuses tentatives pour aborder les femmes dans la rue en leur parlant du radieux soleil de cette belle journée – il tombe de la neige et des feuilles mortes. Bien entendu, ça ne marche pas du tout. Jusqu’au moment où les résultats dépassent ses espérances : une jolie marchande de fleurs en détresse, une poétesse exaltée qui pratique « la grande fusion des âmes », une tricoteuse-ménagère, une dame de la haute venue faire ses emplettes à Londres – voilà qu’elles sont toutes folles de lui.

Pourtant, regardons les choses en face : Wigelow est moche, triste et alcoolique. Il marine dans des chaussettes sales et son home sweet home est un foutoir envahi de cadavres de bouteille. Alors, pourquoi cette hécatombe de femmes? D’autant plus que, de son côté, Cliff Burton enquête sur une autre hécatombe, sévèrement punie par la loi, celle-là : une suite de meurtres liés au milieu de la boxe, dont le principal suspect est l’ignoble général Kirk.

Pauvre Wigelow. Se serait-il fourré dans une combine louche? Nous le saurons dans Fou d’elles, suite et fin de cette aventure pleine d’humour et de cruauté, dessinée par un virtuose de la « tronche » pas possible et de l’ambiance pittoresque.


Sur les frontières

De la Tunisie à la Laponie et à l’Urss, Valérian et Laureline ne cessent de voir du pays. Mais pas pour faire du tourisme : un ex-agent spatio-temporel tente de faire revivre Galaxity, l’ancienne capitale de la terre rayée de la carte, sur fond de terrorisme nucléaire et de trafics en tout genre. Moralité : on ne peut réécrire l’Histoire, « ce qui compte c’est la confiance en l’avenir ».


Cinq histoires sucrées salées de femmes (et d’hommes) à croquer

Les hommes préfèrent les grosses, paraît-il. Tu parles… Au cinéma, peut-être. Dans la vraie vie, c’est moins sûr. Pour une nana, la cause est entendue : mieux vaut ressembler à Kate Moss et pousser au chômage les fabricants de balances plutôt que d’enrichir les propriétaires de clubs de fitness ! Le  » maigrichonnement correct  » n’a pas fini de frapper…

En fin observateur des moeurs amoureuses de notre temps, Jean-Paul Krassinsky l’a bien compris. Dans Les Coeurs boudinés, il raconte l’histoire de cinq jeunes filles un peu, euh… enveloppées. Mais pleines de charme et fort sympathiques, nous tenons à le signaler. Hélas, Pome, Rose-Mary et les autres sont confrontées à la muflerie masculine. Heureusement pour elles, elles savent se défendre. Et, malheureusement pour eux, les mâles  » lipophobiques  » qu’elles croisent sur leur route ne font pas toujours le poids. Ces messieurs sont peut-être minces, mais ils manquent un peu d’épaisseur. Tant mieux pour le lecteur – et tant mieux pour la lectrice, bien sûr. Pour mettre en scène ces tranches de vie, l’auteur a regardé le monde autour de lui.  » Ma grande marotte, c’est d’observer les gens !  » annonce celui qui a dessiné les trois tomes de la série Kaarib, d’après le scénario de David Calvo.  » Je fais ça depuis pas mal d’années. C’est probablement lié à ma condition de dessinateur : je travaille seul, enfermé chez moi. Alors, quand je mets le nez dehors, j’ouvre de grands yeux. Tout est neuf, même le métro !  » Les cinq récits qui composent l’album, bâtis comme des courts métrages du quotidien, sont nés de choses vues, de scènes de la vie de tous les jours et de souvenirs d’enfance.  » J’ai pioché très loin dans ma mémoire pour en rapporter des phrases et des attitudes, raconte Krassinsky. J’avais envie de parler de l’apparence et de ce qu’elle produit chez les autres. Mon point de départ, c’est le regard des hommes sur les « petites grosses », qui n’est pas toujours très tendre. Quant au regard des autres femmes, il n’est pas tendre du tout !  »

Les jeunes filles des Coeurs boudinés sont diablement séduisantes. Mais elles sont en butte aux moqueries, supportent les piques perfides des vraies-fausses bonnes copines et les plans-drague lourdingues des mecs, lesquels donnent l’impression de leur faire l’aumône de leurs faveurs.  » Mais elles ne sont pas dupes. Et elles trouvent toujours une manière de contre-attaquer « , se réjouit leur créateur. Au passage, cet ancien dessinateur de story-boards en profite pour égratigner –  » Ça fait pas de mal !  » – le petit monde de la publicité, véritable caricature des préjugés physiques de tout poil.  » Le plus étonnant, dans la pub, c’est qu’il y avait des jolies filles partout !  » se souvient Jean-Paul Krassinsky.  » Pour être recrutées, elles devaient subir de véritables castings, pas des entretiens d’embauche.  » De Paris en Islande, de New York à l’Italie et l’Angleterre ( » Je trouve barbant de lire des BD qui ne se déroulent qu’à Paris « ), Krassinsky bat en brèche quelques idées reçues. Et offre une sacrée belle revanche à toutes celles qui souffrent, ont souffert ou souffriront un jour de se voir réduites à leur tour de taille dans le regard des autres. La lecture de cet album a de quoi rendre plus léger : finalement, les gros lourds ne sont pas toujours ceux que l’on croit…


Chroniques de l’apeupréhistoire…

Nous revoilà grosso modo il y a 70 millions d’années. Ou peut-être 300 millions ou bien 5 milliards. La région est peuplée de bestiaux à tronches épouvantables « tous aussi tarés les uns que les autres », de l’avis de Nabuchodinosaure, Nab pour les copains. Lui, avec son QI approximatif, il plane nettement au-dessus de l’ordinaire et ça ne lui rend pas la vie confortable : au lieu de végéter discrètement en attendant l’arrivée de l’homo sapiens, il se lance dans des expériences, il teste des idées, il s’intéresse à tout. Dans un monde où, par pure distraction, on peut se retrouver sur la trajectoire d’un troupeau de stégosaures en rut, cette attitude est dangereuse.

Et puis il n’y a pas que les catastrophes, il faut aussi gérer la vie quotidienne. Savez-vous qu’avant l’invention de la pierre polie, la pierre n’est pas polie, elle ne répond pas quand on lui dit bonjour ? Voilà qui agace prodigieusement Nabuchodinosaure. Bref, il passe sa vie à s’agacer, à se faire piétiner et réduire en compote sous l’oeil pré-bovin de ses compatriotes. Ce qui ne manque pas de nous faire ricaner, nous autres, humains sophistiqués.


Mémoire vide

Imaginons un monde dans lequel chaque individu aurait un ange gardien. Un vrai ! Intervention divine ?
Non, « tout simplement » un incroyable scénario manigancé par de hauts personnages apparemment bien sous tous rapports qui ont décidé de refaçonner la nature humaine (pour son plus grand bien, évidemment, comme l’auraient fait des Mao et autres Hitler ou Staline !). Cela est rendu possible grâce aux travaux de Piotr Chomsky, spécialiste de l’intelligence artificielle et théoricien du virtuel.. Ça promet.. Un secret « grandiose », d’après le professeur Chomsky, qui l’a créé.. « science sans conscience » pense-t-il, allongé dans sa chambre en attendant de présenter son « oeuvre » à des personnalités haut placées..
New York, début octobre.. Un illuminé se jette du haut d’un gratte-ciel, provocant dans sa chute une énorme explosion. Un attentat terroriste perpétré par un membre de Lenine-dada. À la télé, les commentaires vont bon train : est-ce un geste éminemment subversif ou une simple provocation ? Pour Jason et Alinea, la question n’est pas là, il est temps de quitter New York.. Les voilà sur les routes, guidés par Alinea qui semble, étrangement, se souvenir de détails très précis sur son mystérieux passé.. À Tupelo, dans un laboratoire secret, tous ses souvenirs lui reviennent soudain. C’est ici qu’elle est  » née « . Serait-elle un de ces mystérieux  » anges  » créés par le professeur Chomski ? Réponse, suite et fin dans le troisième opus de cette angoissante saga ! Nous voilà à nouveau entraînés dans un thriller terrifiant par un Rodolphe au mieux de sa forme, épaulé par le trait dynamique et coloré d’Alain Bignon.


Ma Vie – tome 2

Monographies, intégrales, trilogies, livres d’études ou d’images : le livre dont vous rêvez est forcément là. pour cela lisez l’histoire d’un humoriste génial dans René Goscinny, profession humoriste avec Anne Goscinny, Guy Vidal et Patrick Gaumer, découvrez les confidences de Jacques Martin ou de Greg grâce à des entretiens réunis respectivement par M. Robert et B. Mouchart, explorez les coulisses du film Le Cinquième Elément avec Mézières et Beson, partez en vacances avec Berroyer et Gibrat dans l’intégrale Goudard et la Parisienne, découvrez Paris revisité par Druillet, Doisneau et Barets dans Paris de fous, passez les douze mois de l’année avec Floc’h dans Ma Vie 2, voyagez dans les univers de Blake & Mortimer et de Blueberry… Une collection de beaux livres à découvrir.


Entre sang et eau

Une ville, à une époque moyenâgeuse. La corporation des bouchers règne sur l’alimentation de la cité, la corporation des marchands d’eau sur la distribution de l’eau potable. Les forgerons sont maîtres de la grande tour qui est érigée sur l’ancien volcan, pour en dompter la fureur. Demi-lune est le fils du Maître des bouchers, Sulis est la fille du Maître des marchands d’eau.

Les deux corporations entretenaient jusque-là une rivalité de bon aloi, mais voilà que les choses s’enveniment. Suite à une humiliation subie par Demi-Lune, on échange quelques mots doux —  » salle barbaque « ,  » misérable flaque  » — et un marchand d’eau est assassiné. Ce qui n’empêche pas Demi-Lune de se rendre incognito à l’anniversaire de Sulis, et de tomber amoureux de la jeune fille. Sentiment partagé, jusqu’à l’instant brutal où, Demi-Lune étant démasqué, Sulis lui tranche le nez d’un coup de poignard. Si bien que, fou de rage, Demi-Lune la tue. Ou plutôt, il la laisse dans un état désespéré d’où les siens tentent de la sortir grâce à l’antique rituel de l’eau. Pendant ce temps, chez les bouchers, on  » répare  » Demi-Lune en lui greffant un groin de cochon.

Et tandis que la ville est à feu et à sang, menacée par l’explosion de la tour, qui est Charok, l’être qui marche sur la lave ? Sulis et Demi-Lune, qui se sont pourtant fait beaucoup de mal, continuent de s’aimer. Leur corps portent le signe violent des bouleversements du monde qui les entoure. L’amour, loin d’être un refuge, devient une arme.

Italien d’origine et français d’adoption, acteur et scénographe jusqu’en 1980, peintre et illustrateur, complice d’Alexandro Jodorowsky le temps de deux albums,( La saga d’Alandor) auteur d' » Envie de chien  » , la première B.D. interactive, Cadelo fait partie de ces nombreux bâtisseurs de mondes qui font de la bande dessinée le neuvième art. Pour son grand retour, il nous offre une belle histoire d’amour fantastique servie par un graphisme lumineux qui mêle en virtuose la couleur directe et le travail à l’ordinateur. Tel  » Roméo et Juliette  » avec Sulis et Demi-Lune, un nouveau couple d’amants est né.