Bon millénaire m’sieur Luberlu !

Prenez un brave type. La trentaine triste. Normal, sa femme est morte depuis six ans et Humphrey Luberlu élève seul son fils, Moustic, dans un banal pavillon de banlieue. Entre un patron pas commode et une babysitter aux tarifs prohibitifs, il vit sa petite vie à petits pas. Jusqu’au jour où débarque l’oncle Goliath. Un phénomène qui arrive avec sous bras une sorte de saucisse à pattes qui se repère surtout par l’odeur. Un putois ? Non, un Ratapus, raton marsupial destiné à mettre un peu de ciel bleu dans les journées bien grises de Moustic.

Vous vous dites, c’est parti pour une série familiale de plus avec jeune garçon et animal de compagnie un tantinet bizarroïde. Après tout, certains vivent bien avec un tigre en peluche qui n’est en peluche que pour les adultes et d’autres avec une araignée métallique. Suivez mon regard…

Tout se complique quand, le soir du réveillon du millénaire, le Ratapus, enrhubé du bez, se met à éternuer en rafales. Du coup les monstres des jeux vidéos sortent de la télé et saccagent tout, les papillons de la collection de papa quittent leurs sous-verres et le fil du téléphone se prend pour Kaa, le python boulotteur du Livre de la jungle. Moustic va passer un mauvais quart d’heure… Quant au papa ! Obligé de passer la soirée dans une fête donnée par son entreprise, ne voilà-t-il pas qu’il commence à lancer à chacun et chacune ses quatre vérités ; ça va castagner !

Pour du délire, c’est du délire comme dirait le ratapus qui s’est découvert un goût certain pour la parole. Un délire qui vous emporte dans un monde merveilleux loin des stéréotypes du genre. La preuve : une fois le calme revenu, le Ratapus va vouloir trouver une nouvelle maman pour Moustic. On a pas fini de rigoler. Et les candidates de défiler !

Pour vous faire encore mieux apprécier cette série à laquelle il croit très fort, l’éditeur a inséré en préface un dossier présentant l’auteur, les personnages et quelques crayonnés et recherches. Même la fille de Moski, Mélissa, 8ans, y a participé !


Merlin va à la plage

Le petit Merlin est de retour dans une aventure truffée de gags et de courses poursuites, où avec l’aide de ses deux amis jambon (le cochon savant) et Tartine (l’ogre au coeur d’or), il devra récupérer le Saint Graal et affronter Guillaume le Conquérant. Un nouvel épisode des aventures de Merlin qui séduira aussi bien les petits que les grands.


Sur la piste de miss Kate

Mai 1899. Mac Coy chevauche dans le désert à la tête d’une patrouille du 3ème de cavalerie, quand il rencontre une jeune femme. Que fabrique Kate Maloo dans cette contrée hostile, penchée sur le cadavre d’un homme ?

Cet homme devait la conduire dans la Montagne des Fantômes, et Miss Kate demande à Mac Coy de prendre la relève : elle possède une carte désignant l’endroit où a été abandonné un chariot contenant deux cents kilos d’or.

Les histoires de cartes avec trésor caché, Mac Coy connaît : dans tous les bouges de la frontière, un poivrot essaie d’en échanger une contre un verre de whisky. Et il refuse d’aller mourir dans un dédale de canyons truffés de serpents à sonnettes, pour un bobard de plus.

Mais ses hommes – d’authentiques demeurés pour certains – ne sont pas du même avis. Ils acceptent de conduire Miss Kate, d’autant plus qu’ils espèrent secrètement lui faire des choses que la morale réprouve.

S’ensuit, dans un décor infernal de caillasses et de cactus sous un soleil de plomb, une longue balade meurtrière peuplée de tortures, viols et étripages. Et cette 21ème aventure de la série finira assez mal pour les chercheurs d’or. Quant à Miss Kate, qui ne reviendra jamais tout à fait de son voyage dans l’horreur, peut-être pourra-t-elle un jour guérir et apprécier les charmes d’un luxueux hôtel de Mérida, en compagnie de Mac Coy, tête brûlée au coeur tendre…


Terreur apache

Alexis Mac Coy porte l’uniforme gris de l’armée des Confédérés. Fait prisonnier par les nordistes, il est réhabilité à la fin de la guerre et, en raison de son courage, nommé sergent-major à Fort Apache où il retrouve son vieux copain Charley. Mac Coy fait la guerre, se conduit parfois en héros, mais ce qu’il préfère finalement, c’est siroter une bonne bouteille au calme. Il tente toujours d’entamer le dialogue plutôt que de foncer tête baissée et d’obéir aveuglement aux ordres.

Avec son visage de jeune premier, le lieutenant Mac Coy est un personnage très nuancé. C’est dans le mensuel LUCKY LUKE que sont publiées pour la première fois les aventures de Mac Coy (1974) avant de paraître dans TINTIN, PILOTE et CHARLIE MENSUEL.


Lobby or not lobby

Revoilà Polka ! Le plus séduisant des détectives privés s’attaque cette fois à un ennemi indigeste : la malbouffe, incarnée par une mystérieuse organisation internationale baptisée Newfood. Une multinationale qui semble jouer un rôle dans la famine provoquant la mort de plusieurs millions d’Africains.

Le sénateur Nolan Gerbert lui demande d’enquêter sur le soi-disant suicide de Jonas Lawden, chercheur à l’Institut de contrôle des organismes génétiquement modifiés. Pour l’épauler, il pourra compter sur la charmante Misa Sönder, l’amie de Jonas…
Cet ultime épisode de la série plonge le lecteur au coeur d’un univers peu ragoûtant : celui des multinationales préparant des lendemains qui déchantent pour nos assiettes. Le scénario de Convard se fait l’écho des grandes préoccupations du moment, entre ravages de la nourriture industrielle, puissance des multinationales, persistance des grandes famines et organismes génétiquement modifiés. Polka aura fort à faire : les gens de la Newfood ne plaisantent pas. Et ceux qui se mettent en travers de leur chemin risquent de finir en farine animale pour bovins…
Entre polar et anticipation, une série aux résonances très contemporaines servie par un dessin réaliste implacable.


Lune de Sang

 » Maudit soit le chrétien ! Maudit soit son sang ! Mère Lune, punis le chrétien !  »

Tels sont les mots d‚une jeune indienne violée par Francisco Parra, un soldat de l’armée argentine. Le viol s’est produit lors d’un raid contre une tribu coupable d’avoir massacré tout un village de paysans.

Les soldats y vont d’autant plus de bon coeur que le gouvernement a promis un patacon d’argent par oreille d’indien (mâle) ramenée. Vingt-cinq ans plus tard, Franscico Parra est décédé, laissant deux fils : Zenon et Cirilo.

À Zenon, l’aîné, il a fait don d’un couteau ramassé la nuit du viol… couteau volé par un indien a un des paysans massacrés dans le village chrétien. Lorsque les deux frères se déchireront pour les beaux yeux de la brune Lucia, le couteau brillera sous la lune… la lune de la vengeance.

C’est une tragédie forte, féroce et humaine que raconte la première histoire de Pampa, qui comportera trois volumes. Nine, qui ne cache pas sa passion pour Daumier, MacKay ou les frères Fleischer, met en couleurs directes des planches inspirées, d’une beauté graphique à mille lieues de toute ligne claire.  » Durant toute une semaine, Carlos Nine et moi avons marché sur des kilomètres au bord de la mer lors du Salon de La Corogne. C’est alors qu’est né Pampa, raconte Jorge Zentner (1).

Nous savions dès le départ qu’il s’agirait d’un récit saturé de désir, de violence, de beauté et de magie, de morts sans paix, de passion, de monstres et d’espoir « .  » Mon premier album en France, Meurtres et châtiments, n’a pas été exposé en librairie parce que les vendeurs ne savaient où le ranger  » se souvient Carlos Nine (2). S

es lecteurs d’aujourd’hui n’auront pas ce souci. Ils mettront Pampa sur l’étagère des C. Comme chef-d’oeuvre.

1 La Lettre, L’Officiel de la bande dessinée, n° 70 mars-avril 2003

2 BoDoï n° 62, avril 2003


Lie-de-vin

Une tâche de vin lui dessine sur le visage la carte d’un continent inconnu. Il est né comme ça. Et il est né abandonné. Son décor, c’est un vieux hameau perdu entre une voie ferrée désaffectée et des champs de lavande. un village fantôme d’où la vie s’est enfuie avec le dernier train. Il reste juste le bar-tabac et la boucherie, tenue par une espèce de brute carrée qui accouche ses bestioles, les élève , les abat et les vend… Une jeune femme vit dans une grande maison au bout du village, mais personne ne la voit jamais et on l’appelle Marie-Mystère. Lie-de-vin aime bien penser que Marie-Mystère est sa vraie mère, et qu’un jour, elle lui dira d’entrer. Sa mère, c’est son obsession. Et s’il bouquine le livre des records, c’est parce qu’il cherche un record à battre. Comme ça, elle verra sa photo dans le livre, elle sera fière et elle reviendra. En attendant, il bat un record moins glorieux : trente secondes pour faire l’amour à Maïs, la fille de la ferailleuse. Dans ce décor aride, Lie-de-vin apprivoise les beautés de la vie et ses cruautés avec une sensibilité à fleur de peau, délicatement teintée de fatalisme et d’humour. Quant à Maïs, on ne peut pas dire que ce soit une tendre. Mais elle est vivante et elle l’entraîne vers la vie. Il en a besoin : un salaud lui a tué son chien, et maintenant, c’est le cadavre d’une femme qu’on retrouve enfoui sous terre. Corbeyran et Berlion ont souvent travaillé ensemble. Mais ce livre-là, traitant un sujet plus personnel, semblait incompatible avec le  » duo « . Pourtant, le miracle s’est accompli – un miracle qui a demandé des années de travail et d’échanges épistolaires, dont nous avons un échantillon en fin d’album. Soutenue par une construction virtuose, colorée de détails touchants ou terribles, l’histoire avance lentement mais sûrement, avec la force d’une émotion remontée de loin. Et le résultat, entre vie et immobilité, tendresse et espoir, ne se laisse pas oublier facilement.


Meilleur du pire (Le)

Jazon est étudiant et vit chez son papa — un petit machin jovial à l’esprit « blagueur et positif ». Il a des copains et des copines, et il voudrait bien avoir aussi des petites copines. Il est même obsédé. Mais là, il se récupère surtout des bides — sauf avec les filles « excessivement gentilles mais peu avantagées physiquement », qui l’adorent.

Il a un cousin autiste — que son père tente de guérir par la thérapie du rire (des vannes à pleurer) — et un oncle dépressif. Même pas fichu de trouver le bureau du conseiller d’orientation (trop de flèches et de couloirs), il réussit tout de même un truc : quand il s’agit de démontrer les vertus somnifères des matelas Tudor — son premier job d’étudiant —, il est au top.
Jazon est une sorte de cousin moderne du légendaire Gaston, et un nouveau personnage très attachant.


Iznogoud l’infâme

La légende raconte qu’à Bagdad la magnifique, un grand vizir répondant au nom d’Iznogoud, particulièrement mal intentionné, cultive l’ambition de ravir le trône du calife Haroun El Poussah. D’où son expression favorite qui revient sans cesse : « je veux être calife à la place du calife ! ». Secondé par Dilat Laraht, Iznogoud multiplie les tentatives les plus diverses et surtout les plus folles pour arriver à ses fins. En vain, bien sûr !

Fidèle à l’esprit des Milles et une Nuits version loufoque, les auteurs ont inventé cette série en 1962 pour RECORD. Mais c’est dans les pages de PILOTE (1968) qu’Iznogoud trouvera un réel succès Après un bref passage aux éditions Glénat, Tabary décide de s’auto-éditer en créant les éditions de la Séguinière puis les éditions Tabary. (12 albums).