C.R.S = Détresse

Un CRS héros de BD, c’est une grande première.

Eugène Lacrymo a 25 ans de métier, c’est-à-dire qu’entre autres castagnes glorieuses, il a fait 68 et en conçoit une certaine nostalgie. Au moins, les choses étaient claires : il y avait les gauchistes et les anars. Maintenant, le panel s’est élargi. Remarquez, ça lui permet de faire des comparaisons : par exemple, sur le plan coriacité, les métallurgistes ne valent pas les sidérurgistes lorrains. Mai 68, ce n’est pas seulement les manifs, c’est son mariage avec Simone – 25 ans de fidélité – et la conception, entre deux barricades, d’un fiston baptisé Gédéon.

Eugène Lacrymo aime son métier. Il lui arrive de courser les manifestants jusque sur leur lit d’hôpital, et s’il donne une carte de séjour à un immigré, ce n’est que dans un cauchemar dû à l’abus de chipolatas. Le reste du temps, il empile les bavures.

Une parodie complètement délirante qui fera plaisir à tous ceux qui ont un jour assisté à une manif – de près, de plus loin, ou à la télé…


Les As – Pas d’obstacles pour les As

Les « Classiques du rire » vous proposent des séries qui ont fait les beaux jours de Tintin, Pilote, Spirou ou Vaillant dans les années 60-70, parfois introuvables depuis vingt ans.


Gaz au mètre

Un gaz hilarant pour dissiper les manifestants ! Eugène Lacrymo et ses amis C.R.S. n’en ont pas besoin. Le rire est présent partout dans cette nouvelle série de gags largement inspirés à Cauvin et Achdé par la société qui nous entoure ? Entre deux Lucky Luke, Achdé retrouve son personnage fétiche et les coups pleuvent de tous les côtés.

A lire néanmoins en toute tranquillité…


Turlupinades de la maison Déblok

Quoi de neuf chez les Déblok ? Le bazar ! Pour fuir les nuisances de l’hypermarché Kangourou qui s’est installé à côté de chez eux, ils ont vendu leur maison et souhaitent en acheter une autre. Ça a l’air simple, ça ne l’est pas. En attendant, ils campent dans les cartons chez la tante Grisemine. Les cartons, choupinette et les gamins adorent. Les parents un peu moins, et Truffo est désespéré — il aimerait bien retrouver sa maison avec son nonosse qu’il avait enterré pour l’hiver.

Monsieur Pinglo, de l’agence immobilière Souit-Heaume, est désespéré aussi. Les Déblok voulaient une maison originale, il leur a proposé un château d’eau, un wagon tagué et un squatt surpeuplé, mais rien ne leur plaît. Et finalement, ils vont s’en faire construire une. Mais c’est très très long, et en attendant, ils emménagent au 25e étage d’une tour. Là, Truffo et Choupinette découvrent acrobatiquement que le 25e étage, ça ne débouche pas directement sur le jardin.

Sinon, la vie continue. On présente à Choupinette un nouveau petit copain, un hamster avec lequel elle est censée se montrer avenante. Mais Choupinette, c’est plutôt la mouvance  » chasse, pêche et tradition « . Et puis, dans la série  » virtuosités graphiques et animalières « , on note trois pages hilarantes concernant l’art de survivre dignement à l’agression d’un monstre hideux — en l’occurrence, un aspirateur rouge.

Le tout dans une formidable bonne humeur. Florence Cestac, bien connue pour sa dissection du démon de midi et des affres de la femme abandonnée, est également imbattable dans le domaine des ados, des chiens, des chats et des galères familiales, qu’elle nous restitue avec un sens comique revigorant. Les Déblok séduisaient déjà les mômes dans le Journal de Mickey, ils font un tabac chez les parents depuis leur parution en albums et dans l’Hebdo des Juniors.


OK Corral

De Tombstone, d’OK Corral, la légende n’a retenu qu’un fameux duel collectif qui a vu, un matin de 1881, quatre célèbres malfrats, le clan Clanton et McLaury, tomber sous les balles des non moins illustres frères Earp épaulés par Doc Holliday. Mais ce fut loin d’être le seul règlement de compte qui eut pour cadre, ce jour-là, le mythique bled perdu de l’Arizona, situé à quelques miles de la frontière mexicaine.

Du moins à en croire les dernières aventures de Blueberry, décidément toujours dans les parages lorsque l’Histoire s’écrit. Non pas qu’on puisse reprocher à cette éternelle tête de lard d’être allé au-devant du danger et des ennuis. Une fois n’est pas coutume, ce sont plutôt les pépins et les embrouilles qui sont venus à lui.

Depuis que celui qui se fait désormais appeler Mister Blueberry semble définitivement avoir tourné le dos à l’armée et s’être résigné à l’idée que Chihuahua Pearl ne sera jamais la femme de sa vie, il s’est installé, désabusé mais plus intransigeant que jamais, à Tombstone. Plus précisément au Bird Cage, lieu mal famé faisant un peu office d’hôtel, pas mal de saloon et beaucoup de tripot, dont il ne quitte plus les tables de jeux.

Il faut dire que Mike Blueberry, démobilisé au propre comme au figuré, peut s’offrir un plaisir inédit : vérifier jour après jour que sa chance insolente ne l’a pas quitté bien qu’il soit repassé, pour la première fois depuis sa jeunesse brisée, dans le camps des nantis. Car Mister Blueberry dispose à présent d’une petite fortune, ce trésor des Confédérés que lui a laissé le président Grant en dédommagement de ses nombreuses années gâchées, de son honneur trop longtemps entâché.

C’est donc pour tirer un trait, oublier et se faire oublier que notre anti-héros miraculé est venu se poser à Tombstone. Un élégant préretraité porté sur la bouteille et le cigare, taciturne flambeur goûtant aux joies d’un relatif anonymat dans une ville minière qui compte déjà son petit lot de célébrités : les frères Earp, Wyatt, Virgil et Morgan, qui tentent d’y faire régner la loi, leur copain Doc Holliday ainsi que les notoires hors-la-loi du clan Clanton-McLaury. Et, bien sûr, la vedette du Bird Cage, la brune brûlante Doree Malone, chanteuse-danseuse-entraîneuse au charme et au talent certains.

Évidemment, on se dit que dans un tel environnement, notre ex-lieutenant tête brûlée, rétif à toute figure d’autorité, allergique à toute violence gratuite ou intéressée et séducteur malgré lui, ne pouvait pas rester tranquille longtemps. Et pourtant, ce n’est pas son naturel mais son passé qui va le rattrapper. Sous les traits d’un père désireux de venger la mort de son fils suicidé, malheureux perdant d’une partie de poker contre Mike, d’un écrivain débarqué de Boston venu recueillir les mémoires de l’homme qui sauva la vie du Président et d’un valeureux chef indien aux abois qu’il croisa autrefois, Géronimo.

De la plus étrange et inattendue des façons, Blueberry est condamné à rebasculer dans l’action. À la fin du premier album de ce cycle entamé en 1995 dont Duels à OK Corral est le quatrième volume, il s’effondre, le corps truffé de plombs. Mort. Ou presque.

Au début de l’épisode suivant (Ombres Sur Tombstone), il revient péniblement à la vie. Une divine renaissance qui le verra, pour un bon moment, cloué au lit, materné par la délicieuse Doree. L’occasion rêvée pour enfin se retourner, tirer l’enseignement de son tumultueux passé. Pour que, rétabli, il puisse à nouveau avancer et, surtout, faire éclater la vérité, tenter de sauver la tête d’un brave guerrier injustement abusé et accusé. Ce récit (Géronimo, l’Apache), haletant, haché, sans cesse interrompu par son fragile état de santé, il le confie au biographe bostonien, comblé, terrifié.

Tandis que Blueberry revit dans sa tête ses exploits et erreurs passés, autour de Tombstone, les meurtres, les complots et les coups fourrés se multiplient. Gamin ivre de vengeance, tueur à gage aux moeurs de serial killer sérieusement détraqué, puissant homme d’affaires sans pitié, jeune amoureux révolté par l’assassinat de sa fiancée, une troupe de sanguinaires et cupides fanfarons, de fiers et arrogants justiciers et une poignée d’Apaches manipulés : lentement, tous ces individus violents – par nature ou par nécessité – aux intérêts divergents progressent vers une inévitable tragédie.

Telle est la trame qui ne cesse de monter en intensité tout au long du terrifant et palpitant Duels à OK Corral. Un étourdissant et sombre western d’action doublé du plus passionnant des parcours initiatiques, une vertigineuse mise en abîme totalement maîtrisée, l’aboutissement d’un des plus longs mais inspirés passages de témoin de l’histoire de la BD.

Car comment ne pas voir dans cette mort si symbolique de Blueberry, ce va-et-vient incessant entre le passé et le présent, un monumental hommage à Jean-Michel Charlier, créateur et scénariste de la série jusqu’à sa disparition en 1989 ? En immobilisant temporairement son personnage principal, Jean Giraud lui fait porter le deuil de son co-géniteur de génie, l’oblige à considérer l’existence exceptionnelle et insensée qu’il lui a fait mener, les colossaux vécu et bagage psychique qu’il lui a légués.

Et le dessinateur de relever le défi avec brio de s’affirmer plus que digne de poursuivre l’aventure seul, imaginant une intrigue riche, foisonnante et sophistiquée, à l’image de son trait unique, mainte fois imité, et toujours, quarante ans après, en progrès.

Le cycle Mister Blueberry, inscrit, dès son titre à double sens (Mister/mystère) et au détour de chaque planche, sous le signe de la dualité (pouvait-il en être autrement de la part d’un homme qui abrite en lui deux dessinateurs accomplis, Giraud et Moebius, aux styles radicalement opposés ?) est une époustouflante succession d’audaces, tant scénaristiques que graphiques.

La moindre n’étant pas d’avoir osé, à l’instar du jeu permanent et savoureux entre fiction et réalité que Charlier s’autorisait avec l’Histoire et les mythes de l’Ouest, d’en faire autant avec l’histoire même de son héros : Campbell, l’écrivain, n’est-il pas sans cesse tenté de la réécrire ?

Giraud, dans le plus moderne des récits de Blueberry, revisite ainsi l’un des plus grands classiques du western, L’Homme qui tua Liberty Valance, où l’on entendait cette réplique immortelle :  » Si la légende est plus belle que la vérité, imprimez la légende.  » En 2003, si ce n’est déjà fait, Blueberry entre définitivement dans la légende. De l’Ouest ou de la bande dessinée ? Mystère…


Géronimo l’Apache

Comme dans une tragédie grecque bien réglée, la tension monte à Tombstone. le duel de O K Corral devient de plus en plus inéluctable et la personnalité de Géronimo ne cesse de s’imposer. le lecteur est pris dans un tourbillon : il a l’impression de voir deux vagues monter à l’assaut l’une de l’autre. D’ailleurs tout semble double dans cet album. Les deux intrigues : celle de O K Corral et celle du  » mystère  » Blueberry. Jean Giraud qui se dédouble, machiavélique au scénario et virtuose au dessin. Blueberry qui reste alité, blessé, et qui, pourtant, ne cesse de raconter dans un étourdissant flash-back, véritable histoire dans l’histoire, authentique lutte de Blueberry contre son double. Et il y a sutout ce duel, inéluctable, que tout le monde attend, et qui exerce une véritable tension qui énerve tout le récit. Et enfin, si on voulait trouver une dernière dualité, comment ne pas évoquer le personnage de Géronimo qui donne son titre à l’album ? Ou plutôt, on serait tenté d’écrire les deux Géronimo, celui que Blueberry a affronté dans le passé et l’Apache, bien présent, qui rôde autour de Tombstone… D’ailleurs, c’est peut-être lui, le véritable fil conducteur, le véritable héros de ce cycle. Que dire de plus ? Il est évident qu’on se trouve en présence d’une oeuvre forte, puissante, qui marquera sûrement un sommet dans la déjà longue saga du western.


Bible en Bande Dessinée (Une)

Dans les années 1980, Jésus Blasco et Claude Moliterni ont réalisé cette Bible en BD qui fut saluée en ces termes par le Cardinal Roger Etchegaray, alors archevêque de Marseille :  » Quand un souci de fidélité au texte original s’allie à un graphisme respectueux des récits bibliques, l’entreprise vaut la peine d’être risquée « . Depuis, l’accueil fait à cet ouvrage a confirmé cette appréciation. Cette édition modernisée devrait pérenniser ce succès.


Angel Face

En matière de western, Blueberry constitue la référence absolue. C’est en 1963 qu’est créé ce personnage pour PILOTE par Charlier et Giraud. Ils campent au départ un solide soldat qui s’affiche comme le sosie de Belmondo. La ressemblance s’estompe au fil des épisodes. Blueberry est une forte tête : teigneux, pas toujours respectueux de la rigueur militaire, indiscipliné, il n’hésite pas parfois à déserter pour remplir au mieux ses missions. Le scénario utilise tous les poncifs du Western américain avec tout ce qu’il faut de rebondissements et de personnages pittoresques (Mc Clure, Angel Face, Red Nick, Chihuahua Pearl etc. sans compter les Indiens qui sont réhabilités par les auteurs, point de vue adopté d’ailleurs dans Cartland). Parallèlement au cycle classique de la saga de Blueberry, Giraud dessine entre 68 et 70 la jeunesse du futur lieutenant. Cette « série » reprend son cours en 85 sous le crayon de Colin Wilson, très respectueux du style imposé par Giraud. Les albums ont successivement été édités par Dargaud (22 titres, l’essentiel du fond) puis par Fleurus/Hachette, puis par Novédi et enfin par Alpen pour la nouveauté dessinée par Vance. Dargaud a entrepris la réédition des albums Blueberry remaquettés et agrémentés de nouvelles couleurs.


Dernier train pour Washington

L’assassinat du président des Etats-Unis, Abraham Lincoln, est programmé. Une femme, comme on les aime (dans les romans !), c’est-à-dire belle et excessivement cruelle, a mis son âme au service de cette conspiration. Blueberry et ses amis réussiront-ils à déjouer cette sombre machination ? En principe, oui, mais les dictionnaires disent que M. Lincoln a bel et bien été assassiné.

Corteggiani et Blanc-Dumont, au mieux de leur forme, s’amusent à jouer (le plus sérieusement du monde) tout à la fois, avec les règles du western et du polar.

Washington : un employé des chemins de fer est assassiné après avoir remis des documents confidentiels à un inconnu.

Atlanta : dans la prison militaire où il attend les troupes de Sherman, Blueberry a appris de la bouche d’Homer qu’Eléonore Mitchell n’a pas été pendue et qu’elle a fait un pacte avec le général sudiste John-Bell Hood qu’elle devait tuer. Il sait qu’elle a pour but d’assassiner le président Lincoln qui est en campagne électorale en prévision des élections de novembre 1864.

Après une spectaculaire évasion, Blueberry suit la trace de l’ex-agent de la Pinkerton jusqu’à Washington où Eléonore retrouve ses complices de la société secrète  » Le poignard de sang « . Guidé, à son insu, par le machiavélique Allan Pinkerton, Blueberry va mettre la pagaille dans leur sinistre projet.

La  » Jeunesse de Blueberry  » est apparue en 1968, dans une publication annexe du journal  » Pilote « . Son succès en kiosque poussa l’éditeur à prolonger cette création en albums. Des sept  » nouvelles  » publiées dans  » Pocket Pilote  » naîtront les trois premiers volumes de la série.

D’abord animée par les créateurs du personnage, Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, elle a ensuite été confiée au dessinateur Colin Wilson. Après la disparition de J.M. Charlier en 1989, ce sont François Corteggiani (qui avait travaillé avec C. Wilson) et Michel Blanc-Dumont qui ont repris le flambeau.


Tonnerre à l’Ouest

Les Apaches ont réuni toutes leurs tribus pour décider si oui ou non ils entraient en guerre avec les visages-pâles. Pendant ce temps Fort Navajo, cerné par plusieurs de ces indiens est coupé du monde. L’angoisse règne à l’intérieur du Fort dans lequel plusieurs grands chefs apaches sont retenus prisonniers.

Après une trahison du Lieutenant Crowe qui semble condamner le Fort, Blueberry décide de partir pour Tucson chercher des renforts et des médicaments pour soigner le Colonel Dickson agonisant. Va-t-il survivre à cette traversée du désert et si oui reviendra-t-il à temps? Les Apaches qui se sont associés à des profiteurs de guerre Mexicains semblent avoir fait fuir toute la region…

Le lieutenant Blueberry plus jeune que jamais ! Trente ans après leur création, voici ses premières aventures avec de nouvelles couleurs. Jean Giraud, trouvant que ses albums avaient besoin d’une cure de jouvence, souhaitait concrétiser ce projet depuis longtemps. Claudine Blanc-Dumont s’est attelée à la tâche sous l’oeil vigilant du maître.

Des albums destinés aux inconditionnels de Fort Navajo mais aussi à toute une nouvelle génération qui découvrira cette série de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, qui fait désormais partie des grands classiques du genre.

Toute la collection des Blueberry parus chez Dargaud bénéficiera petit à petit de cette renaissance.