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21/05/2021
17+
La mère de Florence aimait à raconter l’histoire de cette cousine qui ignorait
tout de la nuit de noce. Et Florence qui faisait semblant de rire à gorge
déployée… Parce qu’elle a 13 ans et ne connait strictement rien à la question.
Depuis sa plus tendre enfance, ses parents la laissent totalement démunie
devant toutes les questions liées à la sexualité. La jeune Florence souffre
d’ignorer d’abord (« La chose qui ne doit pas être dite « ), puis d’appartenir à la
catégorie des inférieurs (les femmes). Car à la messe, à la maison, à l’école,
dans ses lectures, le modèle dominant est masculin. Et le malaise de Florence
de se développer car ce modèle (soumission, mariage, discrétion) est loin de
ce qu’elle est et désire. Au sortir du royaume préservé de l’enfance, le repli sur
soi grandit. Il va falloir faire face aux terreurs de l’adolescence, au corps qui
change, à la sexualité naissante. « Était-il possible de se sentir plus seule, plus
fragile ? Face aux mots interdits, seul le silence, la honte et personne pour me
venir en aide. »
Florence Dupré la Tour parvient à raconter, avec beaucoup de recul, ce qu’elle
a vécu enfant et ce que cela veut dire de ne pas avoir d’éducation sexuelle et
de vivre dans « la tradition ». Ses anecdotes sont aussi violentes que drôle. Les
images convoquées impactent durablement le lecteur. Une prouesse. Un récit
salutaire.