En 1998, fatiguée et « jet laguée », bien au chaud dans sa chambre d’hôtel, Jessica Abel, auteur de comics alternatifs, se confie à une amie. Toutes les deux participent pour la première fois au Festival international de la bande dessinée (FIBD, à Angoulême). Pour Jessica, c’est le début d’un nouveau défi : publier un album original en français dans les cinq ans à venir.
Dix-sept ans plus tard, « Trish Trash, rollergirl sur Mars » fait ses débuts au FIBD, sur le stand de Dargaud.

Entre-temps, Jessica Abel a signé plusieurs récits, compilés dans différents ouvrages : « Mirror », « Window » et « Soundtrack ». Elle a également coscénarisé la comédie romantique vampirique « Ouvert la nuit ».

Son roman graphique « La Perdida » (en France : Delcourt, 2006) a reçu de nombreuses récompenses et faisait partie de la sélection pour le prix Essentiels du FIBD, en 2006.

Tout en enseignant à la School of Visual Arts de New York (ce qu’elle a fait pendant onze années), Jessica s’est occupée, en tant qu’éditrice, de la série « The best American comics » (Houghton Mifflin Harcourt) pendant six ans.

Avec Matt Madden, elle a coécrit deux ouvrages pratiques sur la bande dessinée. Son travail a été commenté dans de nombreux journaux, comme le ‘New York Times’ ou encore ‘Time.com’.

Malgré tout cela, Jessica n’a jamais oublié son désir de réaliser une bande dessinée franco-belge qui serait, ensuite, proposée au marché américain.

Les auteurs américains idéalisent le marché français de la BD, ne retenant que les magnifiques albums cartonnés et leurs piles vertigineuses dans les librairies, la possibilité de parler de thèmes « matures » même aux lecteurs les plus jeunes, le grand respect qui entoure les auteurs, les nombreux festivals de BD et les expositions qui sont organisés un peu partout dans le pays… Et ce ministre de la Culture – oui ! il y a un ministère de la Culture ! – qui assiste, chaque année, au FIBD… Incroyable ! Bref, la France, c’est le paradis de la BD. Cette vision idyllique ne manque pas de surprendre les auteurs français qui, eux, connaissent bien, pour ne parler que de cela, les fluctuations du marché français.

Après plus de deux ans en France, Jessica Abel a ouvert les yeux sur la situation réelle de la BD dans notre même si elle y trouve toujours des aspects fabuleux. La Maison des auteurs, par exemple, où elle a dessiné le deuxième tome de « Trish Trash » (Eh oui ! Déjà terminé !)

Il lui a fallu dix-sept ans, mais l’attente en valait la peine : Jessica Abel est maintenant une auteure française.