Son père, Jean-Marie Vivès, travaille comme peintre illustrateur et photographe ; sa mère officie quant à elle au sein de Passe-Murailles, une société spécialisée dans les décors cinématographiques. La vocation artistique de Bastien Vivès semble, presque, toute tracée.
Tout en menant de solides études spécialisées (il fréquente tour à tour un lycée technique de dessin, l’école supérieure d’arts graphiques Penninghen, à paris), et, toujours dans la capitale, la section animation des Gobelins, le jeune homme adopte le pseudonyme de Bastien Chanmax et imagine Poungi, un pingouin rappeur, mal dégrossi et misogyne. Après une publication sur internet (accessible un temps sur bkcrew), Danger public, une filiale des éditions de Tournon, en propose deux recueils en 2006.
« Elle(s) », publié cette fois sous son véritable nom, inaugure, en 2007, la collection « KSTR » des éditions Casterman. Succès d’estime. On y croise Alice et Charlotte, deux jeunes filles plutôt jolies, un peu perdues. Nonobstant la couverture un brin racoleuse, le lecteur retient surtout la justesse de ton. L’année suivante, Vivès inaugure la Boucherie, une tranche de vie débitée chez Warum. Pour « KSTR », il conçoit « Hollywood Jan », en tandem avec Michaël Sanlaville, ou l’histoire d’un adolescent en quête de reconnaissance, puis « le Goût du chlore », que d’aucuns saluent comme un ouvrage majeur. Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême ne s’y trompe pas et, après l’avoir intégré dans sa sélection officielle, lui décerne, en 2009, le prix Essentiel Révélation. Sur fond de décor minimaliste (une simple piscine), un jeune garçon, timide et gauche, se lie avec une ancienne championne de natation. Vivès joue ici sur le registre pudique.
En 2009, en collaboration avec Alexis de Raphalis, il cosigne « Juju Mimi Gégé Chacha », un album chez Ankama. Avec « Dans mes yeux », l’auteur innove une fois de plus. Côté forme, l’auteur abandonne pour un temps sa palette graphique et travaille essentiellement aux crayons de couleur. Côté narratif, l’auteur mène son récit en caméra subjective, décrit, là-encore, une lente entreprise de séduction.
Fin 2009, toujours pour « KSTR », il se lance dans « Amitié étroite ». De nouveau pour Casterman, mais cette fois pour la collection « Ecritures », il dessine « Une nuit d’été dans le sud de la France », un récit intégré dans le collectif « Quelques jours en France ». On peut également consulter à profit bastienvives.blogspot.com, son journal numérique.
Encore inconnu au milieu des années 2000, Bastien Vivès se positionne désormais parmi les auteurs les plus prometteurs, les plus ambitieux de sa génération.
Copyright : Dictionnaire mondial de la BD par Patrick Gaumer, Editions Larousse, 2011.