C’est à Châtelet qu’il fait ses études secondaires, partageant son temps entre l’Athénée et l’Académie des Beaux-Arts, dans l’atelier déjà célèbre de Vittorio Leonardo, le coloriste des albums de la grande époque du Journal de Spirou.
En 1978, il décide de devenir illustrateur et s’inscrit à l’institut de Saint-Luc de Liège. Ses motivations réelles y apparaissent bien vite et ses études se verront ponctuées d’escapades de plus en plus fréquentes vers la classe de Jean-Yves Stanieel, professeur de B.D. dans le même établissement.
Quatre ans plus tard, armé d’un diplôme et d’un solide coup de patte, il tente de publier ses premières planches. En vain : pendant près de deux ans, ce sera le chômage.
Mais en 1984, la chance lui sourit et ne le quittera plus : la SEPP (Société d’Édition et de Publicité) recherche un dessinateur formé à l’école de Leonardo. Celui-ci leur recommande vivement son ancien élève, et notre ami Luc se retrouve engagé du jour au lendemain, sans se douter qu’il est à l’aube d’une réussite professionnelle fulgurante.
Il commence par faire du « merchandising » : on lui confie « l’oiseau Shoe », « les Snorkels », mais aussi, et surtout, « Le Marsupilami ». Franquin veille sur son personnage et c’est la rencontre avec le maître.
La caricature, ensuite. Luc la pratique depuis plusieurs années pour son propre plaisir, avec une maîtrise tout à fait étonnante. Or, La Nouvelle Gazette, quotidien de Charleroi, est justement en panne de caricaturiste. Le rédac’ chef contacte Leonardo (encore lui) qui s’empresse de lui proposer Luc Collin. Contrat signé, il débute en janvier 1986.
Un jour, Jean-François Moyersoen, récent acquéreur des droits sur « Le Marsupilami », l’invite à reprendre le personnage pour une nouvelle série d’albums. D’abord incrédule, il se dit que des coups de bol pareils n’arrivent que dans les bédés. Mais quand Franquin lui-même lui confirme la nouvelle, il est bien forcé d’y croire et les événements vont se précipiter.
« J’étais heureux, puis l’émotion a fait place à l’angoisse… mais on m’aurait proposé d’assister André Franquin en gommant ses planches, j’étais partant… », se souvient Batem.
En 1987, au bout de quatre mois, le premier album est bouclé. Il a pour titre « La queue du Marsupilami » et Collin le signe BATEM (Baptême) en souvenir d’un surnom hérité à Saint-Luc.
Franquin joue un de ses rôles favoris : aider un jeune dessinateur à s’épanouir. Sans rechigner, il transmet son savoir à Batem. Une complicité naît au cours de ce marathon graphique. L’amitié entre le maître et l’élève se renforcera album après album. Batem est à présent reconnu comme un des grands dessinateurs de BD humoristique de sa génération.