Il glisse ses premiers péchés de jeunesse en BD dans ‘Fluide glacial’ à partir de 1990 et les recueille un peu plus tard dans un album intitulé « Waldo’s bar » (Audie, 1992), bientôt suivi par « Mademoiselle Sunnymoon » (Audie, 1993) et par les deux tomes de « Blotch » (Audie, 1999 et 2000).
Tout en continuant à enrichir régulièrement les sommaires de ce prestigieux magazine d' »Umour et bandessinées », il s’infiltre chez les nombreux petits éditeurs indépendants qui commencent à avoir pignon sur rue. La revue ‘Lapin’ accueille les récits qui deviendront « Sunnymoon, tu es malade » (L’Association, 1994). Cornélius publie « La Lettre américaine » (1995), puis « Mitchum » (1996-1999), une série de cinq fascicules.
L’entrée de Blutch dans le mensuel ‘(À SUIVRE)’ en 1996 marque la reconnaissance de son style très particulier, traité dans un noir et blanc vigoureux. Il y propose une large partie de « Peplum », une tragédie homosexuelle inspirée par le Satiricon, de Pétrone, et dont la version intégrale sera proposée en 1997 par Cornélius. Blutch n’hésite plus désormais à aborder des thèmes dérangeants.
En 1998, il réalise, en collaboration avec Capron, « Rancho Bravo », pour les éditions Audie. Au Seuil, il illustre des textes d’Hortense Dufour (« Charivari », « Melle Noémie »), d’Hans Magnus Enzensberger (« Les Sept Voyages de Pierre ») et de Fabio Viscogliosi (« Le Pacha »). On le retrouve également aux éditions Alain Beaulet (« Le cavalier blanc », tome 2), Autrement (« La Présidente », avec Jean-Claude Menu, dans l’album collectif « Noire est la Terre ») et Brüsel (« Piccoli »).
Après avoir utilisé de manière systématique toutes les ressources du noir et blanc, Blutch va, dans « Vitesse moderne » (Dupuis, 2002), moduler ses cases expressionnistes pour bénéficier du soutien de la coloriste Ruby dans un album qui met en scène un Paris proche du fantastique, hanté par des créatures errantes et des silhouettes qu’on jurerait arrachées à la réalité même si elles ne font partie que de ses fantasmes de créateur inclassable. En 2011, Blutch publie « Pour en finir avec le cinéma » (Dargaud), un essai en bande dessinée sur le cinéma, qui démontre, une fois encore, qu’il est un auteur cherchant toujours à repousser ses limites et celles de son art. Un essai poétique, lumineux, ambitieux. Puis vient « Lune l’envers » (Dargaud), un retour à la fiction avec une comédie dramatique troublante et très drôle qui se déroule dans un avenir proche, et dont les personnages évoluent entre pression et responsabilités dans le monde du travail, amour et temps qui passe. Encore un album où Blutch se livre beaucoup, sans concession autre que celle de proposer une expérience de lecture unique.
La collaboration entre Blutch et Dargaud continue, puisqu’en 2015 sort « Vue sur le lac », un premier recueil de dessins, illustrations, dessins de presse.
En 2017 sort le très attendu « Variations » (2017), où Blutch réinterprète les planches des classiques de la bande dessinée qui l’ont marqué.