Après une scolarité tumultueuse, il entre à l’école des métiers d’art Saint-Joseph de Maredsous, où, pendant trois années, il étudie, entre autres, l’orfèvrerie et l’histoire.
Il passe ensuite une année à l’académie de Charleroi, où l’un de ses professeurs, le peintre Léo Van den Houten, dont il gardera le souvenir, se pose en ennemi de tout formalisme : « Vous devez apprendre à dessiner comme des Orientaux. Sans regarder votre papier. Uniquement le sujet. De cette façon, l’oeil vivra la forme, et la main deviendra un serviteur soumis. »
Il fait ses débuts professionnels à la fois dans la peinture, la sculpture et la publicité. À 20 ans, il ajoute la BD. Orfèvre de la mise en page, il est aussi un excellent biographe, ce qui lui sera fort utile…
En 1939, ‘Spirou’ lui ouvre ses pages pour la première fois, pour deux histoires : Freddy Fred et « Le Mystère de la clef hindoue », et « Trinet et Trinette dans l’Himalaya ». Dans ‘Petit Belge‘, il signe les trois premières aventures de Blondin et Cirage.
Mobilisé en 1939 il est fait prisonnier… pour un jour ! Après une évasion burlesque, il s’installe dans une propriété maraîchère.
Fin 1940, il reprend « Les aventures de Spirou et Fantasio », une série créée par Rob-Vel. Il joue l’homme-orchestre du journal durant quatre ans, dessinant également « Les Aventures de Jean Valhardi » (1941) et les biographies de Don Bosco (1941) et de Christophe Colomb (1942). Il assure aussi les « raccords » des séries américaines « Superman » et « Red Rider », et continue « Blondin et Cirage ». En 1944, c’est sous son pinceau que Fantasio prend son apparence définitive.
Après la guerre, il fait équipe avec Morris, Will et Franquin, auquel il abandonne « Spirou et Fantasio ».
Grand voyageur, il part, en 1948, avec sa famille (dont ses quatre enfants) au Mexique durant une année, puis rejoint les États-Unis, où il reste jusqu’en juillet 1950. C’est pendant ces séjours à l’étranger qu’il dessine la biographie de Baden-Powell.
De retour en Europe, pénétré par les paysages grandioses de l’Ouest américain, il commence, en 1954, un long western, ne cesse d’améliorer : « Jerry Spring ».
Il adapte « Blanc Casque », récit d’aventures autobiographiques de Jules Joseph Pirot, missionnaire belge au Canada, et Blanc Casque, émigrant hongrois.
En 1957, il retrouve « Valhardi », dont les aventures se déroulent alors dans l’univers des courses automobiles ou autour de sujets d’actualité.
En 1966, il reprend Tanguy et Laverdure, héros créés par Uderzo et Charlier. Il dote les deux personnages du physique de Jacques Santi et Christian Marin, acteurs des « Chevaliers du ciel », téléfilm inspiré de la BD. Dans cette série, le talent de Jijé atteint sa plénitude.
En résumé, Jijé fut un travailleur acharné aussi bien en BD qu’en peinture, qu’il n’abandonnera jamais, figurant en bonne place parmi les postimpressionnistes.
Il nous a quittés le 19 juin 1980.