En deux mois, il a effectué le tour des possibilités offertes par ces cours et décide d’attaquer professionnellement le problème en se présentant à SPIROU où le rédacteur en chef Patrick Pinchart lui confie divers travaux d’animations et d’illustrations. Ceci lui permet au moins de régler les factures d’électricité que Yann lui présente avec une belle constance.
Il y use son premier surnom (Slet) et, durant deux ans, il espionne sournoisement son logeur pour en tirer tous ses secrets de fabrication.
Le retour de l’enfant prodigue à Paris se fête dignement et le Père Jean (Léturgie) décide de fonder sa propre maison d’éditions avec ses deux fils, Guillaume et Simon, pour exploiter le talent graphique du prodige et placer les scénarios qui le démangent. En toute discrétion et modestie, la raison sociale choisie (éditions John « Eigrutel » Productions) reproduit leur patronyme familial inversé.
Une première série de choc est lancée en 1996 : « Polstar ».
L’année précédente déjà, père et fils se sont associés pour lancer la première BD développée sur Internet : « Tatsoin », produite en direct au jour le jour pour les millions de surfistes de la « toile » électronique. Pour corser le mystère, Simon signe « Squad » les dessins, tandis que son père devient « Berdache » pour le scénario.
Avec les petits albums « Tékila » vendus par correspondance à un tirage limité de 1000 exemplaires, Eigrutel produit, lorsque la fantaisie lui en prend, des strips noir et blanc du jeune Simon.
Pour s’assurer un budget promotionnel (et des tirages) digne(s) de leur oeuvre, Jean et Simon se tournent vers les éditions Dupuis pour lancer « Spoon & White », la pire paire de flics de la BD.
La collection « Humour Libre » offre un nouveau champ de bataille au père et au fils, renforcés par le diabolique Yann et son artillerie de gags et de calembours de gros calibre. « Spoon & White » écraseront-ils Eigrutel? Ou ce dernier rachètera-t-il les éditions Dupuis? L’avenir nous l’apprendra, mais les deux affreux jojos du trio infernal sont résolus à diriger vers l’asile des vieillards décatis les Dirty Harry, San Antonio, Sylvester Stallone et autres gloires musculeuses et massacrantes d’antan.