Raymond Macherot hésitait entre le journalisme et la peinture. Il trouvera finalement un compromis en devenant dessinateur de presse, pour le journal satirique Pan. Il rentre au journal Tintin en 1953 et entame sa carrière d’auteur de BD avec le Chevalier Blanc. Jusqu’à ce qu’un an plus tard, Hergé tombe par hasard sur ses croquis de personnages animaliers, qui n’ont rien à envier à Disney. L’auteur de Tintin le pousse à continuer dans cette voie. Il en résultera Chlorophylle, petit rongeur dont les aventures se distinguent par une grande poésie, mais aussi par l’angoisse que crée un antagoniste impitoyable, le méchant Anthracite. En effet, Macherot était de ces auteurs qui estimaient leurs lecteurs au point de ne pas leur proposer d’histoire naïve, aussi rond et enjoué qu’ait pu être son trait. Quelques années plus tard, la création de Clifton lui permet de laisser parler sa fibre humoristique, au fil des aventures rocambolesques de ce policier plus british encore que Blake et Mortimer. Il passe ensuite chez Spirou, où il crée la célèbre Sibylline, et collabore à divers scénarios. Malgré un réel succès, il décide un jour d’abandonner le 9e Art, et se retire à la campagne, au milieu de ses chers animaux des bois. Il a définitivement pris la clé des champs en 2008, mais son oeuvre demeure, écolo avant l’heure, fine caricature de notre société au prisme poétique.