Théoricien érudit du roman noir, il s’en affirmera un brillant critique sous le pseudonyme transparent de Shuto Headline (ce qui signifie manchette en japonais, puis en anglais) en publiant de 1978 à 1995, des chroniques qui analysent le genre et son évolution. L’insistance qu’il attache au travail sur le style
— acte authentique de subversion au sein d’un genre méprisé à l’époque — marque de façon indélébile les générations d’écrivains qui suivront la sienne.
Ses dix romans noirs écrits sur dix ans, de 1971 à 1981, constituent la partie la plus visible et la plus captivante de l’oeuvre de Manchette. Mais outre son Journal intime qui compte plus de 5000 pages manuscrites, ses notes de lecture, préfaces, chroniques et articles, ce diable d’homme a rédigé quantité
de nouvelles, romans sous pseudonymes, récits pour la jeunesse, bandes dessinées, traduit trente romans, beaucoup travaillé pour le cinéma et la télévision comme scénariste et dialoguiste.
En 1989, Manchette reprend la plume après huit ans d’abstinence pour écrire « La Princesse du sang », ce thriller planétaire passionnant qui entamait le cycle « Les Gens du mauvais temps ».