Admirant le Jijé de « Blondin et Cirage », Mazel reconnaît que c’est Morris — dont il loue le sens de la narration — qui lui a donné l’envie d’être auteur de bande dessinée. Il dessine en cachette depuis l’âge de onze ans, mais lorsqu’il intègre l’institut de Saint-Luc, c’est pour y suivre, sur le conseil de ses parents, des études d’architecture.
Architecte diplômé, il construit des maisons et meuble ses loisirs en concevant les décors de plusieurs pièces de théâtre. Il s’essaie même sur scène : « La troupe était mauvaise et j’étais le plus mauvais de tous. J’étais si ému qu’il me fallait avaler une demi-bouteille de vin — moi qui ne bois jamais — pour parvenir à sortir mes répliques. Et j’avais le sacré défaut de les mélanger toutes. Je jouais par contre très bien les morts et, dans « Dix petits nègres », foudroyé par le poison versé dans mon verre d’alcool, j’avais le don de tomber par terre avec tellement de conviction que tout le monde était terrorisé… »
C’est au théâtre, en rencontrant une jeune fille — sur le programme de laquelle il dessine un croquis — qu’il décide de se lancer dans la BD : la belle inconnue n’est autre que la nièce de Sirius et elle l’encourage à se présenter chez Dupuis. Il mettra un mois à dessiner sa première planche…
À la fin des années 1950, il illustre une « Belle Histoire de l’oncle Paul » pour SPIROU, puis entre en 1960 à TINTIN où il multiplie les ébauches de séries en cherchant son style : « L’Affaire Tarentule », les gags des clochards « Bôjolet et Riesling », ceux de « Cromagnon », des récits complets en parallèle pour PILOTE (l’agent secret « O.K. 27.43 », sous le pseudonyme Zem). Son goût du panache l’incite à lancer en 1966 les mousquetaires « Fleurdelys et Patacrac », sur scénario de Vicq. Sa voie est trouvée !
En 1969, Charles Dupuis lui propose de travailler avec Cauvin. Ils publient dans SPIROU la série « Câline et Calebasse », un d’Artagnan de fantaisie et son irascible jument qui s’effacent en 1976 au profit d’un petit Tarzan et son gorille, « Boulouloum et Guiliguili », rebaptisés ultérieurement « Kaloum et Kong » (dans « Les Jungles perdues »).
Parallèlement, il se masque du pseudonyme Mavericq pour lancer un western humoristique, « Coyote Bill », dans PIF où il est entré en collaborant discrètement au studio Greg pour la série « Les As ».
Pour SPIROU, il anime brièvement une héroïne du farwest, « Jessie Jane » (1981), sur une idée de Gérald Frydman, puis relance « Câline et Calebasse » sous le nouvel intitulé « Les Mousquetaires » (1989), dont il assume cette fois le scénario, et se tourne enfin avec Cauvin en 1993 vers une nouvelle série bien dans l’air du temps : « Les Paparazzi », couple de reporters-photographes de choc accumulant les déboires au plus grand plaisir du public.
Passionné de littérature, auteur complet de « La Première Femme de Barbe Bleue » chez P&T Productions (1997), Mazel rêve de donner une suite au « Livre de la jungle » avec une mise en couleur à l’aquarelle et d’adapter des nouvelles de Francisco Coloane, l’auteur de « Cap-Horn ».