Dès l’âge de dix ans, il commence à dessiner et à raconter des histoires dans ses cahiers scolaires. Après un séjour en France aux premières années de la guerre, il retourne à Farciennes en 1942 et poursuit ses études aux Aumôniers du Travail de Charleroi.
A la Libération, il fréquente Saint-Luc à Bruxelles durant six mois, mais est rapidement contraint de travailler avec son père et ses deux frères dans la décoration et la peinture de bâtiment pour assurer la subsistance familiale.
Au patronage de Farciennes, Michel, signant MiTak, dessinait et exposait chaque semaine une planche d’une sorte de « Tintin » de son cru : le jeune « Tam Tam ». José Henin, un des dirigeants du mouvement, publie sur ses presses en 1944 et 1945 les deux premières aventures de ce personnage encore bien naïf : « Les Voyages de Tam Tam » et « Tam Tam fait la guerre ». Le troisième album prévu (« Bataille d’Afrique ») ne paraîtra pas, mais l’apprenti dessinateur découvre en 1946 un autre imprimeur — « De Beiaard » Haegeman-Cousy, à Sottegem – qui lui permet de relancer le héros dans une aventure de pure science-fiction (« Allô… étoile du matin ?… ») en 1946.
A la recherche de travaux durant ces années de dèche, MiTacq place quelques rares illustrations dans SPIROU, L’HEBDOMADAIRE DES GRANDS RECITS, les publications scoutes PLEIN-JEU et CARREFOUR, jusqu’au jour où il pousse la porte de la World’s Press de Georges Troisfontaines en 1951.
Jusqu’en 1954, il va y dessiner une vingtaine de récits de l' »Oncle Paul » (signés Balou, son nom totémique, en ses débuts, puis il opte définitivement pour MiTacq) et des travaux variés d’iillustration pour LA LIBRE JUNIOR et les planches didactiques du « Coin du petit curieux ». Il illustre en parallèle un « Marabout-Junior » (« Seul maitre à bord », le numéro 3 de la jeune collection) pour son collègue et ami scout Jean-Jacques Schellens avant de projeter de lancer avec lui une BD, « La Patrouille des Castors » .
La World’s accepte le principe, mais en confie le scénario à Jean-Michel Charlier, qui recomposera en partie la petite troupe prévue et assurera l’écriture des vingt-et-un premiers épisodes pour le journal de SPIROU, de 1955 à 1978.
Par la suite, MiTacq poursuivra seul ou avec des amis scénaristes (Wasterlain, Stoquart) la série jusqu’à son décès à Loverval, le 22 mai 1994.
A la naissance de PILOTE, Charlier propose à son complice d’illustrer les aventures d’un adolescent, « Jacques Le Gall », qu’il se propose de confronter à certains mystères contemporains (trésors nazis ou des Templiers, aventures hindoues, trafiquants méditerranéens). Cette série aux ambiances fortes et angoissantes ne comptera que six épisodes de 1959 à 1967, repris ultérieurement dans SPIROU, puis en albums chez Dupuis.
Au milieu des années 60, le dessinateur se trouve de plus en plus confronté avec les retards d’écriture de son scénariste qui se trouve débordé par la multiplicité de ses travaux en France. Pour occuper ses temps libres, il crée « Stany Derval », motocycliste et aventurier globe-trotter dans lequel il se projette avec allégresse. Les scénaristes André H. Beckers, Héric (alias André-Paul Duchâteau), Maurice Tillieux et Jacques Stoquart participeront à cette saga que MiTacq animera épisodiquement de 1967 à 1979, sur près de trois cents planches.
Retrouvant la liberté de poursuivre les Castors à son rythme, sans être tributaire de Charlier, l’artiste abandonnera avec regret son double de BD pour revenir à ses chers scouts, mais il se fera le plaisir personnel de l’y glisser parfois, en figurant de passage.
Dessinateur essentiellement réaliste, influencé en ses débuts par Pierre Joubert et assisté parfois par son ami René Follet, MiTacq s’amusera à composer quelques récits humoristiques pour des numéros spéciaux de SPIROU, ainsi que diverses parodies animalières de ses héros principaux rebaptisés « La Patrouille des Zoms », et auxquelles Yvan Delporte collaborera pour les scénarios.
L’oeuvre complète de ce discret créateur a été rassemblée en quatorze gros volumes « Tout MiTacq » aux éditions Dupuis. Généreux croisé de l’amitie entre les hommes de toutes les races, MiTacq appartient aux grands classiques de la bande dessinée sans frontières.