En 1969, une maîtrise de lettres en poche, Pennac entame vingt-cinq années d’un enseignement enthousiaste consacré aux élèves en difficulté scolaire. En 1973 paraît Le Service militaire au service de qui ? (Le Seuil). Il y explore les trois mythes véhiculés par le service militaire : l’égalité, la maturité et la virilité sous les drapeaux. Suivent deux romans politico-burlesques écrits en collaboration avec le dissident roumain Tudor Eliad : Les Enfants de Yalta (Jean-Claude Lattès, 1976) et Père Noël (Grasset et Fasquelle, 1978). Puis vient un séjour de deux années au Brésil, duquel l’écrivain tire la matière d’un roman qu’il n’écrira que vingt-trois ans plus tard, Le Dictateur et le Hamac (Gallimard, 2003).
Entre 1985 et 1999, Daniel Pennac crée la célèbre saga de la famille Malaussène, qui paraît aux éditions Gallimard : Au bonheur des ogres (1985), La Fée Carabine (1987), La Petite Marchande de prose (1990 ; prix du Livre Inter 1990), Monsieur Malaussène (1995), Des chrétiens et des Maures (1996) et Aux fruits de la passion (1999). Tous puissamment contemporains, ces romans sont aussi graves qu’est jubilatoire leur traitement narratif, raison pour laquelle ils passionnent un lectorat d’une grande diversité, aussi bien culturelle et sociologique que générationnelle.
Mais c’est avec Comme un roman (Gallimard, 1992) que, entre-temps, Pennac accède à une notoriété internationale. Dans cet essai corrosif et joyeux, il pointe le dégoût qu’engendre chez nombre d’élèves l’enseignement « médico-légal » de la littérature. Il réveille le désir de lire, proclame « Les droits imprescriptibles du lecteur » et réhabilite la lecture à voix haute.
En 1997 paraît Messieurs les enfants (Gallimard), fable familiale dans laquelle une bande d’enfants se trouvent métamorphosés en adultes pendant que leurs parents redeviennent enfants. Le roman est porté à l’écran par Pierre Boutron.
En 2004 et 2007, les éditions Hoëbeke publient deux albums de photos, Les Grandes Vacances et La Vie de famille, fruits de la complicité entre Daniel Pennac et le photographe Robert Doisneau. En 2006 paraît chez le même éditeur Nemo par Pennac, rencontre de l’auteur avec le subtil et mystérieux graffeur des murs parisiens. En 2007 suit Écrire, un recueil de dessins de Pennac lui-même. Ce dernier y croque les états d’âme d’un auteur au travail.
En 2005, Jean-Michel Ribes convainc Daniel Pennac de jouer lui-même, au théâtre du Rond-Point, Merci (Gallimard, 2004), hilarant soliloque d’un créateur « honoré d’être honoré » pour « l’ensemble de son oeuvre ». Le spectacle tournera deux ans. Les deux années suivantes, au théâtre toujours, Pennac met en pratique sa réhabilitation de la lecture à voix haute en lisant Bartleby le scribe, insolite et poignant chef-d’oeuvre d’Herman Melville (Gallimard, 2003, traduction de Pierre Leyris).
Dans Chagrin d’école (Gallimard, prix Renaudot 2007), Pennac étudie les ravages que la peur provoque tant chez les élèves en difficulté que chez leurs parents ou leurs professeurs et suggère les moyens de remédier à cette cause majeure de l’échec scolaire.
En 2012, Lilo Baur monte Le 6e Continent (Gallimard, 2012), fable écologique écrite par Pennac à partir d’une improvisation collective des acteurs de la troupe du metteur en scène. La même année paraît Journal d’un corps (Gallimard) dans lequel Pennac suit l’évolution du corps de son narrateur, de l’âge de treize à quatre-vingt-sept ans. Son adaptation donne une longue tournée de lecture théâtrale, mise en scène par Clara Bauer.
Pennac a offert ses premiers livres aux enfants – Cabot-Caboche et L’Œil du loup (Nathan, 1982, 1984) – et n’a jamais cessé d’écrire pour eux, notamment la série des Kamo (Gallimard Jeunesse, 1997-2007) et, plus récemment, Le Roman d’Ernest et Célestine (Casterman, 2012), porté à l’écran par Benjamin Renner. L’écrivain a écrit cette histoire, et le scénario, en hommage à son amie Monique Martin, alias Gabrielle Vincent (1928-2000), auteure des albums Ernest et Célestine, publiés aux éditions Casterman.
Le 28 mars 2013, la plus ancienne université d’Europe, l’université de Bologne, décerne à Daniel Pennac le titre de docteur honoris causa ès pédagogie. Celui-ci prononce en italien sa leçon doctorale d’intronisation intitulée « Una lezione d’ignoranza » (« une leçon d’ignorance »).
En marge du roman, Pennac pratique aussi la bande dessinée. La Débauche, avec Jacques Tardi (Gallimard Futuropolis, 2000), dénonce la vague de licenciements abusifs qui déferle sur nos entreprises dès les débuts de la mondialisation. Suivront, aux éditions Lucky Comics, deux albums de Lucky Luke, Lucky Luke contre Pinkerton (2010) et Cavalier seul (2012), écrits en collaboration avec le romancier Tonino Benacquista et dessinés par Achdé. De sa rencontre avec Florence Cestac en 2014 naît Un amour exemplaire (Dargaud, 2015), une superbe histoire d’amour.