Né en 1927 à Fontaine-L’Evêque, Maurice Rosy est fils de cloutier. Élève brillant, il entre dans l’entreprise familiale pour assister son père dans la manutention. Sa passion pour les arts, la musique et le dessin prend vite le dessus sur ce destin tout tracé. Maurice ne restera pas dans les clous. Passionné de jazz, il fréquente les clubs de Charleroi et fait la connaissance d’Yvan Delporte, barbu farfelu et bohème qui travaille pour les Éditions Dupuis. En 1954, Maurice Rosy est engagé par Charles Dupuis comme « donneur d’idées », et est rapidement chargé de la responsabilité du bureau de dessin de l’entreprise. Il devient également directeur artistique et bras droit de Delporte, désormais rédacteur en chef du journal Spirou.
En parallèle, Maurice Rosy fournit quelques scénarios à Franquin pour « Spirou et Fantasio » (« Le Dictateur et le champignon » en 1953 et « Les Pirates du silence » en 1955) et Jijé (« Yucca Ranch »). Sa plus belle réussite dans ce domaine est la reprise du scénario de « Tif et Tondu » pour Will et la création de M. Choc, sorte de Fantômas de la BD à l’impact immédiat. De 1954 à 1969, il compose une vingtaine d’épisodes surprenants pour ces héros avant de passer le relais à Maurice Tillieux. Il dépanne aussi des auteurs complets en panne provisoire d’inspiration. C’est ainsi qu’il collabore aux deux récits où Guy Bara transpose en BD traditionnelle à dialogues son héros de strips muets, « Max l’Explorateur ». Il écrit en 1959 pour Roba le premier mini-récit mettant en scène ses personnages de « Boule et Bill ». et développe en série le chien policier « Attila » pour Derib. La création des mini-récits dans le journal va lui offrir un remarquable champ d’expérience, comme « Bobo », le petit forçat râleur faisant les beaux jours de la prison d’Inzepocket et qu’il a créé en collaboration avec Pol Deliège. Comme directeur artistique, Rosy s’attache à imaginer de nouvelles maquettes et collections comme « Gags de poches », un format révolutionnaire qui lui donnera l’occasion de publier des cartoons américains dont il raffole (« Peanuts » en tête). Au début des années 1970, Maurice Rosy tourne le dos à la bande dessinée pour entamer une seconde vie à Paris, où il devient illustrateur et graphiste pour la publicité, l’édition jeunesse et la presse quotidienne. Témoin privilégié de l’âge d’or, Rosy répondait volontiers aux historiens de la bande dessinée. C’est ainsi que naquit son dernier projet « Rosy c’est la vie », une autobiographie illustrée, sous la forme d’entretiens, dont il ne verra malheureusement pas le résultat. Éternel curieux et expérimentateur, Maurice Rosy s’était pris de passion pour le dessin sur iPad. La veille de son décès survenu le 23 février 2013, il avait tracé sur son cahier ces derniers mots, comme un magnifique testament : « Des images, toujours des images ».
Entre 1953 et 1972, Maurice Rosy a accompagné comme donneur d’idées, directeur artistique ou scénariste, deux décennies exceptionnelles pour les Éditions Dupuis. On lui doit les personnages de Monsieur Choc, Bobo, Attila,… Ainsi que de nombreuses trouvailles graphiques qui ont marqué l’histoire de Spirou et de la bande dessinée.