Il commence sa carrière de dessinateur dans la presse au début des années 1970. Ses premiers dessins, marqués par son engagement militant, paraissent en 1972 dans ‘Survivre… et vivre’.
Au moment du coup d’État au Chili, en 1973, il publie dans ‘Libération’ un feuilleton baptisé « Le fabuleux destin d’Augusto Pinochet ». Un pseudo-conte de fées qui sera édité par Jean-Jacques Pauvert.
En 1974, il quitte Paris pour s’installer à Arles. Après diverses collaborations avec la presse et la publication, en 1979, de « Demain, ça ira encore mieux » (Encre noire), un recueil de ses dessins, il revient à Paris en 1982. Il y rencontre Nikita Mandryka, rédacteur en chef de ‘Charlie Mensuel’, et lui propose le scénario de « Dick Hérisson », avec un héros très influencé par le Harry Dickson de Jean Ray. Le projet est accepté mais ne sera publié qu’en décembre 1983. « L’Ombre du torero » (Dargaud), premier album de la série, paraît en 1984.
Grand lecteur de BD durant sa jeunesse, amateur d’Edgar P. Jacobs comme de ‘Spirou’, Savard est aussi influencé, à ses débuts, par des auteurs comme Jacques Tardi, Floc’h ou François Rivière. Il apprécie leur capacité à mettre en scène des héros classiques tout en apportant « une distanciation un peu perverse ».
En 1985, « Les Voleurs d’oreilles » (Dargaud), deuxième enquête de Dick Hérisson, se voient décerner le Trophée 813 d’Interpol’Art, festival du polar de Reims.
L’année suivante a lieu une autre rencontre importante, avec Jean-Claude Forest, le créateur de « Barbarella ». Ensemble, ils imaginent, pour le magazine ‘Okapi’, les aventures de Léonid Beaudragon. Le premier des trois albums publiés, « Le Fantôme du Mandchou fou » (Bayard), reçoit l’Alfred Jeunesse du festival d’Angoulême en 1987.
L’année suivante, à l’occasion du festival du polar de Grenoble, Didier Savard réalise « Vae Victis » (Trans BD, 1988), une bande dessinée menée en collaboration avec les détenus de la maison d’arrêt de Vars.
Puis, en 1991, il reprend les personnages de Perlin et Pinpin pour les éditions Fleurus Presse, d’après des scénarios de Sylvie Escudié.
En 1997, il écrit, avec Sophie Loubière, « Le secret du coffre rouge », feuilleton radiophonique en cent épisodes, diffusé sur France Inter. L’histoire raconte la quête effrénée d’un objet archéologique mythique, de la Bretagne à Venise en passant par Arles et Bruxelles. Un feuilleton qui évoque autant « Indiana Jones » que « La Conspiration des poissonniers » (Dargaud), cinquième album de « Dick Hérisson ». Il renouvelle l’expérience du feuilleton radiophonique deux ans plus tard avec « Le mystère de Mornefange ».
La même année, il réalise, pour le quotidien ‘Le Monde’, une aventure parodique de Tintin, intitulée « Objectif monde », dans laquelle il fait défiler certaines des scènes les plus fameuses des aventures du célèbre reporter. En octobre 2000, Didier Savard obtient le prix RTL 9 du meilleur album d’aventures pour « Le 7e Cri » (Dargaud), neuvième enquête de son héros Dick Hérisson.
« Dick Hérisson » restera sa principale série. Elle se déroule dans les années 1930 ; trench-coat couleur mastic, pipe au bec, Dick Hérisson est l’archétype du détective privé, curieux et qui trouve ce qu’il cherche. Il est accompagné dans ses aventures par Jérôme Doutendieu, un jeune journaliste du ‘Petit Provençal’ qui, lui aussi, aime aller jusqu’au bout de ses enquêtes. Dick Hérisson se trouve mêlé à des affaires qui, souvent, basculent dans le fantastique et qui ont permis à l’auteur de mettre en scène deux régions qu’il appréciait : la Provence et la Bretagne. Onze albums sont parus chez Dargaud, et l’auteur, affecté par la maladie, ne put malheureusement terminer la suite du dernier album, « L’Araignée pourpre » (Dargaud), paru en 2004.
Didier Savard est décédé le 4 juillet 2016, à l’âge de 65 ans.