Attiré par le soleil et les gens d’Afrique, il multiplie les errances en Algérie, au Sénégal et au Burkina Faso. C’est au cours d’un périple au Maroc qu’il échoue dans un bar tenu par un vieil homme dont le souvenir va l’obséder.
De retour à Liège, le carnet plein de croquis, l’artiste confie à son complice de toujours, Denis Lapière, ses souvenirs et ses émotions. C’est à partir de ces éléments que le scénariste écrit l’histoire de Célestin et Leila. Après « Bahamas » et « Bullwhite » (chez Albin Michel en 1988 et 1989), « Le Bar du vieux Français » sera le troisième fruit de leur collaboration, déposé cette fois dans la prestigieuse collection « Aire Libre » en 1992.
Ce diptyque se verra consacré par de nombreux prix : Prix « Canard » au Festival de Sierre, Meilleur Album étranger au Festival de Breda, Meilleur Album francophone à Durbuy, Prix BD des « Vingt-quatre heures du livre » au Mans, « Alph’Art Coup de Coeur » et Prix de la Presse (« Bloody Mary ») au Salon d’Angoulême. Une édition intégrale en sera proposée en 1999.
Stassen retrouve « Aire libre » avec « Louis le Portugais » en 1996, une tragédie aussi touchante qu’humaine, largement située à Liège et dont il signe, pour la première fois, le scénario. Au lieu de jouer la carte du décor exotique, il préfère raconter la banlieue qu’il connaît bien à travers une attachante galerie de personnages venus de l’étranger. Qu’ils soient amoureux, voleurs ou camés, tous sont décrits avec sensibilité, tendresse et humour.
Renouvelant l’art de la chronique en bande dessinée, Jean-Philippe Stassen laisse éclater toutes ses couleurs et se révèle être un excellent conteur. Il le confirmera en 1999 avec « Thérèse » où son héroïne effectue un retour vers ses sources africaines, avant de raconter à sa manière le génocide du Rwanda, dont l’horreur l’a profondément marqué, dans le superbe « Deogratias », paru dans la collection « Aire Livre », qu’il complète de carnets de voyages et de portraits dans « Pawa », paru chez Delcourt.
Son oeuvre tend un pont entre deux continents et évoque, de manière moderne et chaleureuse, les problèmes de l’immigration.