Vers 6 ans, il attaque la bande dessinée et remplit ses cases de dessins genre « sténo ». Il se découvre aussi un don d’amuseur public, qu’il se croit obligé d’entretenir jusqu’au moment où il comprend qu’il a aussi le droit d’être triste. Cela nous vaut (peut-être) les moments les plus touchants de « Samedi et Dimanche ». Quand, par exemple, entre deux rigolades, Samedi se chope le blues ; il n’est plus qu’un pauvre petit chiffon qui veut « tomber ici et puis rester tout mou sur le sol, et puis pleurer ».
Arrivé à la fin du lycée, Vehlmann se dit que la BD n’est pas une orientation professionnelle raisonnable. Il entre à l’école supérieure de commerce de Nantes, navigue dans le marketing des jouets, et sort diplômé en 1995.
Objecteur de conscience, il se retrouve administrateur d’une troupe de théâtre. « C’était comme être planté au milieu d’une pâtisserie sans pouvoir manger les gâteaux : je ne vivais que les aspects chiants de la création ! » Malgré tout, il tourne deux ou trois courts-métrages avec les comédiens et s’essaie à la radio dans une station locale, avec des sketches qui font bien marrer le technicien — c’est toujours ça.
En 1996, ‘Spirou’ organise un concours d’écriture de scénarios. Il faut envoyer quatre pages, il en tartine quarante… c’est beaucoup trop ! Il envoie donc ses pages en marge du concours. Il reçoit une réponse mitigée – « Peut mieux faire » — qui le galvanise parce que c’est une réponse quand même. En vue de « mieux faire », il attaque une autre BD qu’il renvoie au même ‘Spirou’. Réponse : « C’est toujours pas ça. » « Là, j’ai morflé : je me voyais déjà en haut de l’affiche ! » Le jeune homme fait alors fait un pari : au lieu de chercher du boulot dans le commerce, il va rester chez ses parents pendant un an pour écrire de la BD. « J’ai eu du pot, mes parents ont accepté. J’ai toujours eu beaucoup de chance, je tiens à le dire. » Cette fois, ‘Spirou’ est content et achète ses pages.
Après, tout s’enchaîne : il sort, avec Denis Bodart, l’album qui va le lancer, le premier de la série « Green Manor » (Dupuis, 2001), et rencontre Gwen de Bonneval à l’atelier des Vosges. Gwen a inventé deux bestioles en forme de lézard dont il ne sait pas trop quoi faire. Les deux auteurs s’associent, et voilà comment, en 2001, naît l’excellente série philosophico-humoristique « Samedi et Dimanche » (Dargaud, « Poisson Pilote »).
En 2002, Vehlmann s’attaque au « Marquis d’Anaon » (Dargaud), une série beaucoup plus noire dessinée par Matthieu Bonhomme, et qui prouve la diversité de son talent. Pour Ralph Meyer, il scénarise ensuite « IAN » (Dargaud), sur le thème de l’intelligence artificielle.
Dès 2004, Fabien Vehlmann reçoit le prix Jacques-Lob.
En 2006, il entame la série à succès « Seuls » (Dupuis), mise en images par Bruno Gazzotti. Le premier tome est récompensé au festival d’Angoulême, dans la catégorie Jeunesse. La même année, il signe, avec Yoann, « Les Géants pétrifiés », premier one shot de la série « Une aventure de Spirou et Fantasio par… » (Dupuis). Il poursuit par ailleurs sa belle collaboration avec le dessinateur Frantz Duchazeau : « La nuit de l’Inca » (Dargaud, entre 2003 et 2006) ; « Les Cinq Conteurs de Bagdad » (Dargaud, 2006) ; « Dieu qui pue ; dieu qui pète » (2006, Milan). Suivra « Le Diable amoureux et autres films jamais tournés par Méliès » (Dargaud, 2010).
Pendant quelque temps, il touche au cinéma (« Un monde à nous » [2006], réalisé par Frédéric Balekdjian) et au dessin animé (la série « Avez-vous déjà vu ? » [2006], produite par Alain Chabat et réalisée par Piano et Gark), mais il décide toutefois de consacrer l’essentiel de son temps à la bande dessinée, dans laquelle il affirme trouver beaucoup plus de liberté d’écriture que dans l’audiovisuel.
En 2007, il travaille, avec le dessinateur Sean Phillips, sur le premier tome de la série « Sept » (Delcourt).
En 2009, Vehlmann et Yoann deviennent les auteurs de la série culte « Spirou et Fantasio », succédant ainsi à Jean David Morvan et José-Luis Munuera. Un an plus tard sort le tome 51, « Alerte aux Zorkons » (Dupuis).
En 2010, Vehlmann retrouve de Bonneval pour « Les Derniers Jours d’un immortel » (Futuropolis), un one shot de science-fiction. Avec les Kerascoët, il signe « Jolies ténèbres » (Dupuis, 2009) et « Voyage en Satanie » (Dargaud, 2011). Il écrit aussi une histoire de pirates, « L’Île aux cent mille morts » (Glénat, 2011).
En 2012, il signe, avec le dessinateur Éric Sagot, le premier tome d’un diptyque, « Paco-les-Mains-Rouges » (Dargaud). Le tome 2 sort en 2017.
Entre les nouveautés, il n’oublie pas ses séries : le tome 9 de « Seuls » (Dupuis) est sorti en 2015 ; et le 55e épisode de « Spirou et Fantasio (Dupuis) », en 2016.
N’oublions pas, enfin, que Fabien Vehlmann est également impliqué dans la revue numérique ‘Professeur Cyclope’.