À moins d’avoir passé les dix dernières années sous terre ou dans l’espace, vous connaissez forcément Zep, ou tout du moins son célèbre héros, Titeuf. Passé par la presse suisse (Victor) puis par le journal de Spirou, cet auteur au trait rond et extrêmement expressif aime à puiser dans ses souvenirs pour composer ses albums. Ainsi, si son expérience de musicien et amateur de concerts donne lieu aux Filles Électriques, c’est en se souvenant de son enfance qu’il griffonne le personnage de Titeuf. Jean-Claude Camano, des Éditons Glénat, est immédiatement séduit par ce personnage à la gouaille inimitable, qui évolue dans un environnement réel, et non fantasmé, composant avec les vrais problèmes du quotidien sans jamais se départir d’un certain humour propre à l’enfance. Le succès mettra cinq albums à venir, mais une fois là, il se révèle à la hauteur du talent de Zep puisque, aujourd’hui, chaque nouvel album du gamin à la houppette séduit plus d’un million de lecteurs – ne cédant la première place qu’à Astérix. En fin observateur du quotidien, Zep parvient à se renouveler à chaque fois. En parallèle, il trouve même le temps d’aborder des dimensions plus actuelles de sa vie, à travers des albums comme Happy Sex ou Découpé en tranches. Tout bien considéré, Zep est l’artiste qui a le plus contribué à donner un nouveau visage à l’autobiographie, rapprochant cette dernière d’un graphisme plus franco-belge qu’à l’accoutumée, abattant les barrières de genre avec une facilité déconcertante.