La mer, la plage, le geste de la main d’une femme qui répond aux cris essoufflés d’un enfant, un homme tout en joie : on a envie de croire à la beauté de la Création, à l’amour universel, aux lendemains qui chantent, à Dieu peut-être. Cela se passe en Roumanie, sur le versant post-Ceaucescu. Un pays et un temps où on s’arrange avec la vérité. On l’arrange aussi. Souvenirs disjoints d’une dictature qui se disait du peuple, comme on dit de joie certaines filles. Pour vivre heureux sous le règne du réalisme soviétisant, on vivait oublié. Le moindre sourire trop appuyé pouvait vous envoyer dans les bureaux de la Securitate, première étape vers la prison et les camps. Quand Stoian Mirtzu s’extirpe de dix ans passés dans une de ces machines à briser, seule une obsession le maintient en vie : retrouver Rodica, la fille aux ibis, la fille au bout de la plage.